Thursday, October 22, 2020

La fin du début

 

Après la victoire britannique à El-Alamein, Churchill déclare aux Communes:» Ce n'est peut-être pas le début de la fin, mais c'est peut-être la fin du début».  Au vu des réactions à l'affaire de l'université d'Ottawa dans le dossier de l'enseignante Verushka Lieutenant-Duval, on peut espérer que nous vivions à notre tour, une « fin du début". De quoi Mme Lieutenant-Duval s'est-elle rendue coupable; «Une professeure à temps partielle l'Université d'Ottawa a été suspendue Le 23 septembre à la suite d'une plainte déposée par une étudiante. Pour avoir prononcé le «mot en n» lors d'un cours en anglais sur la représentation des identités sexuelles. Dans le cadre de son cours Mme Lieutenant-Duval aurait dit que le mot queers initialement péjoratif avait acquis après sa récupération par les queers, un sens plus neutre et plus socialement acceptable, un terme qui aurait acquis pour les queers , un véritable sens identitaire, suggérant que le mot en n pourrait connaître une rédemption similaire. Le problème c'est que pour réhabiliter le mot, il faut l'utiliser: »Le «mot en n» a été prononcé pour donner l'exemple d'un mot qui a été réapproprié par une communauté. Selon les informations confirmées par l'associations professeur.e.s à temps partiels de l'Université d'Ottawa (APTPUO), une étudiante a mentionné que ce mot ne pouvait pas être utilisé par une personne à la peau blanche. (Cette affirmation curieusement raciste ne sera pas relevée par l'APTPUO),  L'étudiante a ensuite formulé une plainte au doyen de la Faculté des arts. La professeure Lieutenant-Duval a aussitôt été suspendue par la direction de l'université d'Ottawa.[...](suspension temporaire d'une professeure de l'université d'Ottawa. Radio-Canada, 15 octobre). 
 

 
 
L'Université d'Ottawa n'est pas sortie du bois avec des étudiantes qui considèrent que ce mot, le mot qui commence par n, ne pouvait être utilisé par par une personne à la peau blanche.  Pour ce qui est de l'ouverture d'esprit et la chasse aux préjugés que l'on doit acquérir à l'université, cette étudiante est loin du compte.  Elle n'est pas la seule à l'Université d'Ottawa à avoir besoin d'une sérieuse mise à niveau. « Le recteur de l'établissement, Jacques Frémont, a brisé son silence des derniers jours. lundi, en expliquant le fil des évènements. Il a fait valoir que l'enseignante, qui fait partie du groupe majoritaire (qu'en termes choisis, on parle d'une enseignante blanche, NDA), a commis un impair envers une minorité en mentionnant le mot honni. «Les membres des groupes dominants n'ont tout simplement pas la légitimité pour décider ce qui constitue une micro-agression. «  a écrit  M. Frémont. (Le milieu universitaire dénonce une «attaque» contre la «liberté académique», Le Devoir, 20 octobre) Admirons ici le glissement sémantique qui nous fait passer de «groupe majoritaire» à «groupes dominants», il ne manque qu'une mention des taies d'oreillers pour que le portrait soit complet. 
Cette suspension a agi comme signal d'alarme sur l'état des libertés académiques dans nos universités;  des élus québécois sont montés en ligne pour dénoncer cette situation: « Plusieurs élus québécois dénoncent des «dérapages» dans les débats, Le Devoir, 20 octobre), «La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, se désole « des dérapages inacceptables auxquels l'Université d'Ottawa et des «étudiants militants» se sont livrés après que Mme Lieutenant-Duval a employé en classe »un mot dans un contexte académique, qui dans dans autre contexte peut-être très insultant et agressant pour les personnes noires.» Il faut garder en mémoire cette réaction en lisant celle de Denise Bombardier qui,  elle écrit: :»C'est peu dire que les revendications de la majorité encore blanche et dans le cas du Québec francophone sont malvenues. Elles n'ont pas en fait l'oreille des militants minoritaires radicaux qui, eux, en mènent parfois large dans les classes. À l'université d'Ottawa , la professeure Verushka Lieutenant-Duval l'a appris à son corps défendant en tentant en anglais de mettre contexte l'usage du mot «nigger» dans son cours sur la représentation des identités sexuelles. la professeure, accusée de racisme , a été suspendue sous la pression d'étudiants scandalisés. Une quarantaine de ses collègues, très majoritairement francophones, se sont portés à sa défense, déclenchant immédiatement sur les réseaux sociaux de injures du genre «fucking frogs», une expression utilisée historiquement contre les francophones, «maudits mangeurs de grenouilles» (La décapitation de la pensée, Journal de Montréal, 20 octobre)(Au Canada, mieux vaut être racisé que Canadien-français)
Une hirondelle ne fait pas le printemps; une déclaration de Geneviève Guilbault et une chronique de Denise Bombardier ne feront pas non plus le printemps. mais elles montrent que les «dérapages » de la culture woke indisposent et apparaissent de plus clairement comme des entraves à la la liberté d'expression.
 Nous n'en sommes pas au début de la fin, mais nous pouvons espérer en être à la fin du début.

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