Après
la victoire britannique à El-Alamein, Churchill déclare aux Communes:»
Ce n'est peut-être pas le début de la fin, mais c'est peut-être la fin
du début». Au vu des réactions à l'affaire de l'université d'Ottawa
dans le dossier de l'enseignante Verushka Lieutenant-Duval, on peut
espérer que nous vivions à notre tour, une « fin du début". De quoi Mme
Lieutenant-Duval s'est-elle rendue coupable; «Une professeure à temps
partielle l'Université d'Ottawa a été suspendue Le 23 septembre à la
suite d'une plainte déposée par une étudiante. Pour avoir prononcé le
«mot en n» lors d'un cours en anglais sur la représentation des
identités sexuelles. Dans le cadre de son cours Mme Lieutenant-Duval
aurait dit que le mot queers initialement péjoratif avait acquis après sa récupération par les queers, un sens plus neutre et plus socialement acceptable, un terme qui aurait acquis pour les queers ,
un véritable sens identitaire, suggérant que le mot en n pourrait
connaître une rédemption similaire. Le problème c'est que pour
réhabiliter le mot, il faut l'utiliser: »Le «mot en n» a été prononcé
pour donner l'exemple d'un mot qui a été réapproprié par une communauté.
Selon les informations confirmées par l'associations professeur.e.s à
temps partiels de l'Université d'Ottawa (APTPUO), une étudiante a
mentionné que ce mot ne pouvait pas être utilisé par une personne à la
peau blanche. (Cette affirmation curieusement raciste ne sera pas
relevée par l'APTPUO), L'étudiante a ensuite formulé une plainte au
doyen de la Faculté des arts. La professeure Lieutenant-Duval a aussitôt
été suspendue par la direction de l'université
d'Ottawa.[...](suspension temporaire d'une professeure de l'université
d'Ottawa. Radio-Canada, 15 octobre).
L'Université d'Ottawa n'est
pas sortie du bois avec des étudiantes qui considèrent que ce mot, le
mot qui commence par n, ne pouvait être utilisé par par une personne à
la peau blanche. Pour ce qui est de l'ouverture d'esprit et la chasse
aux préjugés que l'on doit acquérir à l'université, cette étudiante est
loin du compte. Elle n'est pas la seule à l'Université d'Ottawa à avoir
besoin d'une sérieuse mise à niveau. « Le recteur de l'établissement,
Jacques Frémont, a brisé son silence des derniers jours. lundi, en
expliquant le fil des évènements. Il a fait valoir que l'enseignante,
qui fait partie du groupe majoritaire (qu'en termes choisis, on parle
d'une enseignante blanche, NDA), a commis un impair envers une minorité
en mentionnant le mot honni. «Les membres des groupes dominants n'ont
tout simplement pas la légitimité pour décider ce qui constitue une
micro-agression. « a écrit M. Frémont. (Le milieu universitaire
dénonce une «attaque» contre la «liberté académique», Le Devoir,
20 octobre) Admirons ici le glissement sémantique qui nous fait passer
de «groupe majoritaire» à «groupes dominants», il ne manque qu'une
mention des taies d'oreillers pour que le portrait soit complet.
Cette
suspension a agi comme signal d'alarme sur l'état des libertés
académiques dans nos universités; des élus québécois sont montés en
ligne pour dénoncer cette situation: « Plusieurs élus québécois
dénoncent des «dérapages» dans les débats, Le Devoir, 20
octobre), «La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, se désole
« des dérapages inacceptables auxquels l'Université d'Ottawa et des
«étudiants militants» se sont livrés après que Mme Lieutenant-Duval a
employé en classe »un mot dans un contexte académique, qui dans dans
autre contexte peut-être très insultant et agressant pour les personnes
noires.» Il faut garder en mémoire cette réaction en lisant celle de
Denise Bombardier qui, elle écrit: :»C'est peu dire que les
revendications de la majorité encore blanche et dans le cas du Québec
francophone sont malvenues. Elles n'ont pas en fait l'oreille des
militants minoritaires radicaux qui, eux, en mènent parfois large dans
les classes. À l'université d'Ottawa , la professeure Verushka
Lieutenant-Duval l'a appris à son corps défendant en tentant en anglais
de mettre contexte l'usage du mot «nigger» dans son cours sur la
représentation des identités sexuelles. la professeure, accusée de
racisme , a été suspendue sous la pression d'étudiants scandalisés. Une
quarantaine de ses collègues, très majoritairement francophones, se sont
portés à sa défense, déclenchant immédiatement sur les réseaux sociaux
de injures du genre «fucking frogs», une expression utilisée
historiquement contre les francophones, «maudits mangeurs de
grenouilles» (La décapitation de la pensée, Journal de Montréal, 20 octobre)(Au Canada, mieux vaut être racisé que Canadien-français)
Une
hirondelle ne fait pas le printemps; une déclaration de Geneviève
Guilbault et une chronique de Denise Bombardier ne feront pas non plus
le printemps. mais elles montrent que les «dérapages » de la culture woke indisposent et apparaissent de plus clairement comme des entraves à la la liberté d'expression.
Nous n'en sommes pas au début de la fin, mais nous pouvons espérer en être à la fin du début.
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