Friday, May 10, 2024

La «Crise» solidaire

 



Nous avons appris cette semaine que Québec solidaire (QS) entendait devenir un «parti de gouvernement». J’étais heureusement bien assis et je ne me suis pas trouvé le cul par terre et les quatre fers en l’air. Je croyais dans ma naïveté, j’assumais en vertu de cette même naïveté que l’essence même d’un parti politique était d’accéder au gouvernement (i.e., le pouvoir) et d’en utiliser les leviers pour mettre en oeuvre son programme. Il est vrai que, depuis sa création en 2006, QS est toujours apparu comme un OVNI dans le firmament politique québécois, avec ses co-porte-paroles en lieu et place d’un chef. La place prise par Gabriel Nadeau-Dubois (GND) dans le fonctionnement de QS inscrivait QS dans le sillage du «printemps érable», c’est à dire celui d’une gauche utopiste. C’est dans le droit fil de cette gauche utopiste que QS apparaît aujourd’hui aux yeux de la majorité des Québécois comme une créature immigrationniste et wokiste géographiquement et politiquement limitée au plateau Mont-Royal et aux villes universitaires du Québec (Québecpour Catherine Dorion et Sol Zanetti), Sherbrooke (pour Christine Labrie), Rouyn-Noranda (pour Émelyse Lessard-Therrien,). Rien pour aspirer à être un «parti de gouvernement»

La déclaration de Gabriel Nadeau -Dubois (GND) soulève bien entendu des questions. Dans cette perspective, quelle a été, et quelle est , et quelle sera l’utilité de QS?





Grosso modo, plusieurs présentaient la «crise» comme le prélude à un affrontement entre «Professionnels» et «poètes»de QS. Afin de devenir un pragmatique «Parti de gouvernement», QS devrait remettre son sort entre les mains de professionnels et se dégager de l’influence des «poètes». Pour être clair, journalistes, analystes et chroniqueurs nous donnaient comme exemple de «poètes», la députée solidaire de Taschereau, Catherine Dorion et pour faire bonne mesure, incluait Émelyse Lessard-Therrien (ÉLT), dans cette catégorie; curieuse poète d’ailleurs que cette ÉLT, abitibienne de naissance, retournée dans sa région après ses études à Montréal ce qui déjà est rare et digne d’admiration, agricultrice, jouant volontiers les Diane en chassant l’orignal et heureuse utilisatrice d’un pickup Ford-150.Ce sont des «poètes» comme ÉLT qui permettront à QS de prendre pied dans les régions. 
Je ne suis pas sûr de bien comprendre de quoi l’on parle lorsque l’on parle de professionnalisation. Il agit probablement de «normaliser» QS et d’en faire un parti politique comme les autres? Un parti rêvant de devenir un«parti de gouvernement», organisé autour de ses bag men, de ses sondeurs, et de ses spécialistes en communication. Les militants et sympathisants de QS souhaitent-ils voir leur parti devenir un «parti de gouvernement». 
 

 
 
Si QS persiste sur sa lancée actuelle, il lui faudra se résoudre à demeurer un parti d’extrême gauche groupusculaire condamné à jouer les troisième opposition. Ce qui serait déjà bien assez. En souhaitant voir QS devenir un «parti de gouvernement», GND songeait-il à La maladie infantile du communisme:le gauchisme, cet ouvrage de Lénine dans lequel Vladimir Ilitch, fustige les communistes «purs»qui refusent les compromis tactiques au profit de l’intransigeance théorique. Pour les «purs» de QS le désir de GND de voir QS devenir un «Parti de gouvernement» est-il l’un de ces inacceptables «compromis tactiques»? Nous aurons la réponse cette question à la fin du mois de mai, lors du Congrès nationale Qs à Jonquière. Faut-il être surpris de cette crise qui secoue QS? Un peu tout de même, le parti entre les mains de GND et Manon Massé coulait des jours tranquilles à la gauche du spectre politique québécois. 

A contrario de tous, un homme au Québec affirme ne pas être surpris par la tourmente que traverse actuellement QS. Cet homme, c’est le chroniqueur Joseph Facal du Journal de Montréal, pour lui la crise solidaire ne peut être pleinement comprise que si elle est inscrite dans l’histoire de la gauche radicale. Il écrit: «Les analyses qu’on nous sert sur la crise en cours à Québec solidaire restent à la surface des choses. Centralisation autour de Nadeau-Dubois, boys’ club, souci de l’image. élus vs bénévoles, urbains contre régionaux, etc. tout cela est vrai , mais partiel. On pourrait ajouter d’autres causes aux difficultés: étiquette souverainiste mais base fédéralisme , volte-face sur la laïcité, allergie à l’identité québécoise, etc. Vrai également, mais partiel aussi. Ves guerres intestines sont récurrentes, inscrites dans les gènes de l’extrême-gauche». ( Crise à QS: c’était écrit dans le ciel, Journal de Montréal, 6 mai). Afin d’illustrer son propos, Joseph Facal écrit: « Dès le départ, même s’ils ne sont qu’une poignée, Marx ferraille contre les impurs qui ne pensent pas comme lui. En Russie, Lénine et son aile bolchévique se battent conte les menchéviks de Martov, réformistes et étapistes, au sein du même parti. […] J’étais étudiant à l’UQAM au début des années 1980. Les communistes d’En Lutte se battaient  contre les communistes du PCO (le parti communiste ouvrier, NDA), contre les communistes du PCCML (Parti communiste du Canada marxiste léniniste, NDA), contre les trotskystes. En Amérique du Nord, au Canada, au Québec, il n’y a jamais eu de parti de gauche de masse, mais plutôt une longue série de querelles intestines et de fausses couches.»
Si nous faisons notre cette perspective, force est de conclure que QS pourra difficilement changer de nature. Quel QS sortira du Conseil national qui se tiendra à Saguenay à la fin de mai? Si GND devait gagner son pari et que QS devient le parti «pragmatique» souhaité par ce dernier, la méfiance demeurerait de règle, un loup revêtu d’une peau de mouton demeure toujours un loup. QS revêtu d’une peau de mouton demeurera toujours QS.

Sunday, May 5, 2024

Tout ce qui traîne se salit…

 



veut la sagesse populaire. L’adage se vérifie avec l’affaire du campement pro Palestine de l’Université McGill. Alors que tout se déroulait dans le calme et sans incidents depuis le début, voilà que le jeudi, 2 mai, les choses se sont accélérées. François Legault oubliant le «principe de l’ «insularité de police», principe voulant que les autorités politiques s’abstiennent de donner directement des ordres aux forces policières, principe voulant aussi que la police soit une institution jouissant d’une large autonomie et obéissant à ses propres règles. Les citoyens d’un État de droit s’attendent à ce que la police et ses membres travaillent de concert avec les pouvoirs législatif et judiciaire dans l’objectif de faire «appliquer la loi».
Principe essentiel au bon fonctionnement des sociétés démocratiques, que serait l’État de droit si le pouvoir exécutif «passait ses commandes» contre des opposants politiques, s’il est une séparation des pouvoirs essentielle dans un État de droit. c’est bien celle là. En déclarant :«Je m’attends ce que les policiers défassent ces campements qui sont illégaux, c’est ce que McGill a demandé», a tranché jeudi François Legault en mêlée de presse à l’assemblée nationale. La Cour supérieure a pourtant rejeté mercredi la demande d’injonction de deux étudiants visant à limiter les manifestations pro palestiniennes sur le campus et forcer le démantèlement du campement .
 

 
 
Le premier ministre ne s’en formalise pas. Il estime que les tentes installées par des manifestants sur le terrain l’université en solidarité avec Gaza ne respectent pas a loi.»
(McGill: Legault demande aux policiers de démanteler le campement propalestinien, Journal de Montréal, 2 mai). 
 
 

 
 
Personne dans l’entourage politique de François Legault ou au sein de la Coalition Avenir Québec ne lui a fait remarquer que le campement pro palestinien de McGill ne causait pas de problèmes à l’extérieur du campus et se déroulait jusqu’à jeudi dans le calme. Pas d’entraves à la circulation, pas d’échauffourées, le tout se déroule dans un calme qui tendrait à démontrer l’indifférence des Montréalais. Confirmation de cette impression, il y a eu tension à McGill, jeudi après-midi (2mai). «Le groupe Stand with us Canada avait convié ses sympathisants à un rassemblement en appui à Israël devant le campement vers 12h30 jeudi après -midi. Des centaines de personnes se trouvent donc présentement aux abords du campus de l’Université McGill ou les policiers du groupe d’intervention du SPVM forment une ceinture entre les deux groupes dans le but de limiter les confrontations.» (Tensions au campus McGill: une contre manifestation encours, Journal de Montréal, 2 mai). Le SPVM de Fady Dagher  se contente donc de faire du containment entre pro Palestine et Pro Israël. L’inaction des autorités policières dans l’affaire des campements pro Palestine n’est pas sans rappeler l’inaction des forces policières dans l’affaire d’Oka. Ce qui traîne ne fait pas que se salir, ce qui traîne, s’étend aussi. Des campements pro Palestine sont apparus à l’Université de Toronto et à l’Université Laval.

Thursday, May 2, 2024

Drôle de bête

 



Le Top gun que nous a présenté cette semaine Le ministre de la Santé, Christian Dubé, est une bien curieuse bête; en effet, elle a deux têtes, certains diront que ce n’est pas de trop pour prendre la direction de Santé Québec. Cette curieuse bête bicéphale est cependant «tendance» puisqu’elle respecte la parité femme-homme.
la première tête ce cette curieuse bête est Geneviève Biron, présidente et chef de la direction de Biron Groupe Santé. La deuxième tête est, Frédéric Abergel, PDG du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Curieux attelage que cette gestionnaire venue du secteur privé et cet homme du sérail. Comment interpréter cet attelage; La présence de Mme Biron témoigne d’une sympathie certaine de Christian Dubé pour le privé en santé. Et ce n’est pas Mme Biron qui le niera puisque selon elle: «La création de Santé Québec, dit-elle, représente une belle opportunité pour apporter plus de «flexibilité» dans le système, Mme Biron refuse d’ailleurs d’écarter un plus grand apport du privé en santé.»(Nouvelle patronne du réseau de la  santé: l’ex-dirigeant de Biron Groupe Santé, Geneviève Biron, à la tête de Santé Québec, TVA Nouvelles, 29 avril)
Malgré son important poste au sein du secteur public Geneviève Biron demeurera propriétaire de Propulia Capital, un fonds de capital-risque qui investit dans des entreprises en phase démarrage dans plusieurs domaines, dont la santé et l’intelligence artificielle. Québec assure que la nouvelle patronne du réseau de a santé «se dégagera des décisions dans ses investissements qui pourraient toucher le secteur de la santé au Québec».Mais surtout, Mme Biron devra mettre en place un «mur de Chine» pour l’empêcher  de discuter de ses dossiers avec son mari, avocat en droit médical pour le réseau de la santé et sa soeur qui dirige toujours le groupe Biron. À titre d’exemple, l’entreprise familiale avait obtenu 32 millions $ du fédéral pour effectuer des tests obligatoires de COVID à l’aéroport Montréal-Trudeau durant la pandémie. «C’est une structure qui met la distance qu’il faut pour gérer adéquatement» assure Geneviève Biron. Commentaires qui n’ont pas rassuré le critique de Québec solidaire, Vincent Marissal. «Ce parti pris en faveur du privé en santé est consternant , mais la nomination de Geneviève Biron a le mérite d’être claire: le privé est désormais aux commandes de notre réseau de la santé», estime-t-il. 
 

 
 
Mme Biron est le cheval de Troie du privé dans notre système de santé. L’homme du sérail, Frédéric Abergel, jouera probablement le rôle de gardien de sécurité du système et faisant en sorte que Mme Biron ne «secoue pas trop le cocotier» et ne bouscule pas le système.
Que penser de ce triumvirat? Pourquoi écrire triumvirat, alors que Christian Dubé, nous a annoncé deux nominations. Triumvirat, parce que je suis convaincu que Christian Dubé ne demeurera jamais  bien loin afin de garder un oeil et d’influencer les décisions de ces deux Top gun. Après tout Santé Québec est sa création. Ma prédiction, un résultat final à la Maria Chapdelaine: «Au pays du Québec, rien ne doit mourir, rien ne doit changer»