Sunday, October 25, 2020

Le cowboy woke


Le poor lonesome cowboy et Joly Jumper sont conscrits dans la lutte anti raciste.  En effet:»Lucky Like, l'homme qui tire plus vite que son ombre est confronté à un ennemi coriace dans sa nouvelle aventure: le racisme. Et pour les spécialistes de l'histoire américaine, c'est plus ou moins réussi.» (Le racisme , nouvel ennemi de Lucky Luke, la Presse, 23 octobre).




La création de René Goscinny (textes) et Morris (illustrations) est donc arrachée au jardin de l'enfance et projetée dans les luttes contemporaines. «[...] s'il a été conçu bien avant la mort de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis, le 25 mai, le mouvement de protestation Black Lives Matter le rend d'autant d'actualité. «I y a les Noirs étaient quasiment absents de l'univers de Lucky Luke» remarque Jul dans le dossier de presse. Mais la résonance avec des questions brûlantes aujourd'hui est fortuite». Tient donc. Il y a quelques années, le cowboy solitaire qui a dû abandonner sa cigarette pour la remplacer par un brin de foin suite à des pressions de vertueux hygiénistes se retrouve maintenant mobilisés dans la lutte contre le racisme. Trouvera-t-il de nouveaux lecteurs pour autant?





À ceux qui déploreront cette instrumentalisation de Lucky Luke et sa mise au goût du jour, nous ne pouvons que recommander la lecture ou la relecture de ces véritables pièces d'anthologie du 9e art (la bande dessinée) que sont les Lucky Luke signés Goscinny et Morris. À relire pour ce voyage dans l'Ouest, revu et corrigé par les soins de Morris et Goscinny; de Goscinny et Morris, BillyThe Kid, Le 20e de cavalerie, le chasseur de primes(clin d'oeil à Lee Van Cleef et au Western spaghetti), Des barbelés sur la prairie analyse plus fine qu'il ne pourrait paraître des conflits entre agriculteurs et grands éleveurs, La guérison des Dalton (pour un docte savant viennois devant psychanalyser les Dalton et les guérir de leurs penchants criminels), Les collines noires et pour le simple plaisir, La ville fantôme. Ces classiques n'ont pas vieilli, il peuvent figurer honorablement dans toutes bonnes bibliothèques. Leur lecture remplacera avantageusement la lecture d'Un cowboy dans le coton dans lequel «on croise une jeune femme noire révoltée appelée Angela-la militante (communiste, NDA) Angela Davis - et le Ku Klux Klan.»

Cette mobilisation de Lucky Luke dans la lutte anti raciste serait-elle survenue à l'époque de Goscinny et Morris, il faut garder en mémoire que: «Un cowboy dans le coton, qui sort vendredi , est le troisième épisode de Lucky Luke signé du scénariste Jul et du dessinateur Achdé.» Si l'on veut se souvenir que Goscinny truffait les Astérix d'allusions à des situations contemporaines, il faut relire Obélix et compagnie et La cité des Dieux pour en avoir la démonstration. Goscinny  n'aurait probablement reculé devant le défi.
Au chapitre des lonesome cowboy, il est possible de préférer Blueberry, joueur de poker rejeton d'une famille sudiste devenu officier de la cavalerie yankee après la guerre,  ne crachant pas dans son whisky(héros pour un public plus mûr) à Lucky Luke. Il faut souhaiter que Lucky Luke retrouve les prairies. Souhaitons à Lucky Luke woke autant de succès dans sa lutte au racisme que dans sa chasse aux Dalton.

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