Le poor lonesome cowboy et Joly Jumper sont
conscrits dans la lutte anti raciste. En effet:»Lucky Like, l'homme
qui tire plus vite que son ombre est confronté à un ennemi coriace dans
sa nouvelle aventure: le racisme. Et pour les spécialistes de l'histoire
américaine, c'est plus ou moins réussi.» (Le racisme , nouvel ennemi de
Lucky Luke, la Presse, 23 octobre).
La
création de René Goscinny (textes) et Morris (illustrations) est donc
arrachée au jardin de l'enfance et projetée dans les luttes
contemporaines. «[...] s'il a été conçu bien avant la mort de George
Floyd aux mains de la police de Minneapolis, le 25 mai, le mouvement de
protestation Black Lives Matter le rend d'autant d'actualité. «I y a les
Noirs étaient quasiment absents de l'univers de Lucky Luke» remarque
Jul dans le dossier de presse. Mais la résonance avec des questions
brûlantes aujourd'hui est fortuite». Tient donc. Il y a quelques années,
le cowboy solitaire qui a dû abandonner sa cigarette pour la remplacer
par un brin de foin suite à des pressions de vertueux hygiénistes se
retrouve maintenant mobilisés dans la lutte contre le racisme.
Trouvera-t-il de nouveaux lecteurs pour autant?
À
ceux qui déploreront cette instrumentalisation de Lucky Luke et sa mise
au goût du jour, nous ne pouvons que recommander la lecture ou la
relecture de ces véritables pièces d'anthologie du 9e art (la bande
dessinée) que sont les Lucky Luke signés Goscinny et Morris. À relire
pour ce voyage dans l'Ouest, revu et corrigé par les soins de Morris et
Goscinny; de Goscinny et Morris, BillyThe Kid, Le 20e de cavalerie, le chasseur de primes(clin d'oeil à Lee Van Cleef et au Western spaghetti), Des barbelés sur la prairie analyse plus fine qu'il ne pourrait paraître des conflits entre agriculteurs et grands éleveurs, La guérison des Dalton (pour un docte savant viennois devant psychanalyser les Dalton et les guérir de leurs penchants criminels), Les collines noires et pour le simple plaisir, La ville fantôme.
Ces classiques n'ont pas vieilli, il peuvent figurer honorablement dans
toutes bonnes bibliothèques. Leur lecture remplacera avantageusement la
lecture d'Un cowboy dans le coton dans lequel «on croise une
jeune femme noire révoltée appelée Angela-la militante (communiste, NDA)
Angela Davis - et le Ku Klux Klan.»
Cette
mobilisation de Lucky Luke dans la lutte anti raciste serait-elle
survenue à l'époque de Goscinny et Morris, il faut garder en mémoire
que: «Un cowboy dans le coton, qui sort vendredi , est le
troisième épisode de Lucky Luke signé du scénariste Jul et du
dessinateur Achdé.» Si l'on veut se souvenir que Goscinny truffait les
Astérix d'allusions à des situations contemporaines, il faut relire Obélix et compagnie et La cité des Dieux pour en avoir la démonstration. Goscinny n'aurait probablement reculé devant le défi.
Au chapitre des lonesome cowboy, il est possible de préférer Blueberry, joueur de poker rejeton d'une famille sudiste devenu officier de la cavalerie yankee après la guerre, ne crachant pas dans son whisky(héros pour un public plus mûr) à Lucky Luke. Il faut souhaiter que Lucky Luke retrouve les prairies. Souhaitons à Lucky Luke woke autant de succès dans sa lutte au racisme que dans sa chasse aux Dalton.
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