Wednesday, January 23, 2019

Une Assiette à la fois

Une Assiette à la fois
Publication et débats autour du nouveau Guide alimentaire canadien, controverses autour du gaspillage alimentaire. Le magazine l'Actualité titre en page frontispice de son édition de Février 2019, La révolution végane et en sous titre "Le procès de la viande ne fait que commencer". Au programme, réduction de notre consommation de viande rouge (Peut-on manger sainement sans détruire la planète, La Presse, 20 janvier). La journaliste Daphné Cameron écrit: « Un groupe mandaté par la prestigieuse revue médicale The Lancet, un groupe formé par une trentaine de sommités tente depuis trois ans , d'établir comment nourrir 2,2 milliards d'humains de plus tout en préservant les écosystèmes et en freinant les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Ce n'est pas en Occident que ces campagnes doivent être menées, ce n'est pas l'Occident avec ces taux de natalités anémiques qui contribuera de façon significative à ces milliards d'humains supplémentaires. Après une série de calculs complexes, Les sommités de The Lancet ont accouché d'un guide concret qui recommande au gramme près les portions à consommer quotidiennement. Ils ont accouché d'un guide concret qui recommande au gramme près les portions à consommer quotidiennement pour chaque type d'aliments. Nous pouvons rire aujourd'hui des récits et des films de science-fiction des années 1950 qui annonçaient une ère de repas de pilules. Nous en sommes peut-être plus près que l'on pense: " ce guide concret qui calcule au gramme près les portions à consommer quotidiennement pour chaque type d'éléments », n'annonce-t-il pas la fin des gastronomies nationales et des terroirs, les artisans du ragoût de pattes et du cassoulet devront-ils envisager le passage dans un éventuel dans un maquis culinaire.
 Essentiellement, la consommation mondiale de fruits, de légumes, de légumineuses et de noix devra être haussée, tandis que la consommation de viande rouge et de sucre ajouté devra diminuer radicalement. En entrevue à La Presse, la nutritionniste Hélène Laurendeau, cette dernière déclare: «que c'est la première fois que la question environnementale est intégrée dans les recommandations nutritionnelles. » Ça va être une révolution alimentaire qu'il va falloir mettre de l'avant ici et certainement ailleurs en Amérique du Nord. ». Difficile de ne pas voir dans cette remarque une pointe contre le monde blanc grand consommateur de viande rouge. Cette croisade, Menace clairement nos libertés. Dans ces contributions calculées au gramme près afin de respecter environnement et nutrition, difficile de ne pas voir Big Brother aux fourneaux. La rencontre de ces deux vaches sacrées contemporaines, Les préoccupations environnementales et l'alimentation. Il est clair que nous ne sommes pas confrontés à un débat simplement nutritionnel ou diététique, mais à un vrai conflit idéologique, L'Actualité écrit: »Le véganisme n'est pas un simple régime alimentaire. C'est un mouvement social et politique. » un chercheur consciencieux y trouverait probablement aussi des aspects spirituels.
Bien que relativement jeune le véganisme (à ne pas confondre avec le végétarianisme) n'est pas dépourvu de fondements philosophiques cohérents. Ce fondement, c'est l'antispécisme (abordé rapidement dans le numéro d'octobre 2018 du Harfang sous le titre « avant le spécisme ». Ce courant de pensée voulant qu'il faille ne pas considérer l'espèce auquel appartient un animal (incluant l'homme) pour justifier une hiérarchie ou des différences de traitements, moral ou juridique. Apparu  aux États-Unis en 1975 avec la publication de La libération animale de Peter Singer. Pour Singer, les choses sont simples, puisque les animaux souffrent, ils ont des droits. Nous aurions tort le tout pour une aimable plaisanterie et ne pas tenir compte des progrès éventuels de l'antispécisme et de l'influence qu'il pourrait acquérir. La théorie du genre, née des gender studies développées dans certaines  universités américaines sans les années 1960 et 1970, s'est répandue par la suite comme un feu de broussailles, on peut en mesurer l'influence aujourd'hui, on peut aussi constater sa malheureuse diffusion. Certains lecteurs pourront nos objecter que les animaux n'ont pas de conscience que dès lors, la supériorité de l'homme est établie. Les antispécistes contournent le problème et évoque plutôt , la « sentience » c'est à dire la capacité pour un animal à ressentir une douleur physique ou un émotion psychique. La page d'accueil de l'une des associations antispécistes françaises (269 Life France, 269 Life est une association internationale) est explicite. Il y est écrit :» Les autres espèces ne sont pas des numéros sans visage, ils existent à la première personne. Ils ne sont pas « du poulet », « du cochon » ou « du poisson », mais chacun d'entre eux est un être unique ayant des intérêts propres. (la suite est encore plus intéressante): «Le rejet de la discrimination par l'espèce (spécisme) est un impératif même titre que le rejet du racisme ou du sexisme. » Pour demeurer dans cette logique, certains militants végans assimilent la production de viande à un crime de masse comme la Shoah. «Sur le plateau de Thierry Ardisson, Solveig Halloin, la porte-parole du collectif Boucherie Abolition, compare la consommation de viande à l'Holocauste - et même un « holocauste »: programmé dès la naissance. («Derrière le militantisme végan, la puissante idéologie antispéciste», Le Figaro, 1er décembre)


En France, les manifestations antispécistes ont d'abord pris la forme de manifestations symboliques avec militants couverts de sang mimant des animaux conduits à l'abattoir, certains antispécistes radicaux se sont même faits marqués au fer rouge (vidéos disponibles sur Youtube). L'activisme antispéciste a grimpé d'un cran au cours de l'été 2018 avec dégradations et vandalisme contre des boucheries, poissonneries, charcuteries, rôtisseries (déversement de sang contre les façades et pavés lancés dans les vitrines de ces commerces, « Antispécisme à Lille, les actes de vandalisme de commerces de viande se multiplient », Le Monde , 29 juin 2018). Au Québec, nous en sommes encore à des manifestations somme toute bénignes, Affiches du spectacle équestre Cavalia couvertes de graffiti disant « Spécistes cessons d'opprimer » et manifestations à Granby fin juillet 2018 avec des manifestants portant des pancartes représentants des animaux avec « prisonniers à vie » comme message.


Pour paraphraser une formule bien connue, nous pourrions dire: »tout le véganisme n'est pas spéciste, mais tout le spécisme est véganiste. »

Sunday, January 6, 2019

Le meilleur des mondes...

Il faudra, au Québec, se faire à l'idée que nous sommes entrés dans l'ère post-Slav ou post-Kanata à chacun de choisir. 
Le monde de la création artistique n'est plus régi par le talent ou l'imagination des créateurs ou le goût des spectateurs, mais par les diktats de minorités culturelles, mais surtout ethniques ou raciales.  Dernière manifestation de cette ère post-Kanata, des réactions au Bye Bye 2018,(Trudeau à Bollywood scinde l'opinion, Le Devoir, 5 janvier ), objet de cette manifestation un sketch de la dernière édition du Bye Bye, sketch revenant sur le voyage en Inde de Justin Trudeau et qui «montre, le premier ministre fumant de la marijuana pour se détendre pour se détendre avec ses conseillers  sur des enjeux tendus , Trudeau est transporté sur un plancher de danse du type Bollywood sur une musique indienne, ou l'on montre ensuite deux vaches - double symbole de la vache sacrée indienne et du conflit du lait avec les États-unis. » Sketch Facile et prévisible après l'abus de costumes nationaux par Justin Trudeau et sa famille lors de ce voyage. 
Le mouvement n'aura pas le retentissement des manifestations devant le Théâtre du Nouveau-monde, mais la voie est tracée. Il se limite pour l'instant à une entrevue au Devoir. « Interrogé par le Devoir, le directeur artistique du théâtre Teesri Duniya, Rahul Varma s'est dit en colère et a jugé le sketch hautement offensant. « Je ne dirais pas que c'est du racisme en soi, mais est-ce que ça ne vient pas d'une façon raciste de penser? Oui statue le créateur né en Inde. «Comme auteur ou comme concepteur , on attend de toi que tu sois meilleur. Particulièrement si tu ne parles pas de ta communauté. Il faut faire un meilleur travail pour mieux les représenter, tu ne peux pas juste utiliser les clichés visuels et dire que c'est une blague. » Anecdotique, la déclaration de Rahul Varma n'en contient pas moins tout l'esprit de la logique post-Kanata. Prudent, l'homme ne taxe pas Radio-Canada de racisme, pourquoi accuser lorsqu'il suffit de sous-entendre et de parler « d'une façon raciste de penser». Toute la logique post-Kanata est contenue dans son «Particulièrement si tu ne parles pas de ta communauté.» 
Alors, Pas d'Illiade, Homère n'étant pas Troyen et pas de Shylock, Shakespeare n'étant pas juif.  Rahul Varma se fait ici le chantre de cultures vivant en silo, culture s'ignorant superbement les unes les autres au nom d'un soit-disant respect qui est surtout une indifférence ne disant pas son nom. Une vision multiculturelle avec des cultures et des communautés superposées. Il n'est inintéressant de savoir que Teesri Duniya signifie Tiers Monde en Hindi. Pour le périodique de gauche Alternatives: «Aujourd'hui à la fois par son travail de création  et d'administration, la compagnie promeut une vision multiculturelle et multiraciale du Canada » on comprendra donc mieux la générosité des organismes subventionnaires, en effet, Teesri Duniya est « proudly supported by » (dixit le site de la troupe)  par Le Conseil des arts de Montréal, le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada, Patrimoine Canada, Emploi Québec et la Brian Bronfman Family Foundation.  Il faudrait peut-être un jour que les organismes subventionnaires commencent à s'interroger sur cette générosité à l'égard d'organismes tentés par la censure. Il faudra peut-être un jour priver certains organismes et leurs animateurs de subventions au nom de la liberté de création artistique.  
L'esprit post-Kanata n'a pas encore gagné tous les intervenants communautaires, ainsi sur le même sketch, le président du Centre culturel Kabir, T.K. Raghunathan qui organise à Montréal plusieurs évènements liés à la culture indienne et de l'Asie du Sud considère que le clip du Bye Bye n'est pas choquant: « je pense que c'est quelque chose dont on peut rire , Ce n'est peut-être la meilleure vidéo du point de vue , comment dirais-je, du goût, mais ça n'a rien à voir avec les sensibilités des Indiens ou de la diaspora . Je pense qu'on perd son sens de l'humour en critiquant si rapidement. » Deux points de vue diamétralement opposés sur le même sujet.  T.k. Raghunathan a le sens de la mesure et le sens de l'humour, ce qui fait visiblement défaut à Rahul Varma. Nous devrons aussi réaliser qu'il deviendra de plus en plus difficile de rire et faire rire dans une société multiculturelle.