Monday, December 30, 2019

Devoir de mémoire toujours le même



La mémoire est dit-on une faculté qui oublie, il faut à l'occasion rafraîchir la mémoire de la mémoire. Il y a des mémoires qui cependant ne se laissent pas oublier. La mémoire des génocides ne devrait pas faire l'objet d'amnésie, la mémoire des génocides, de tous les génocides, il va de soi. Notre siècle c'est illustré dans la barbarie et il nous a «donné» les génocides arménien et rwandais , sans oublier l'Holocauste. Difficile d'oublier la Shoah, tant Hollywood et la littérature sont prodiges d'oeuvres destinées à nous rappeler l'existence de l'Holocauste(Il n,y a pas que le grand écran à l'oeuvre, le petit écran s'active aussi, tout au long de l'automne 2019, nous avons eu droit sur les ondes de RDI, à la diffusion de la série en 13 épisodes, Chroniques d'un dictateur sur la vie de Hitler. Dernière illustration en date de cette réalité, le film Le chant des noms (The song of Names), réalisé par le Québécois, François Girard ( Le violon rouge, Hochelaga, terre des âmes). 
 
 
 
«Ce qui m'a attiré dans cette histoire, c'est qu'elle s'inscrit dans un devoir de mémoire» explique François Girard en entrevue au Journal. Il y a 50% des jeunes en bas de 30 ans qui ne savent pas ce que l'Holocauste veut dire. On vit dans une amnésie générale qui fait qu'on oublie et qu'on oublie et qu'on répète toujours les les mêmes erreurs. J'aimais aussi le fait que l'histoire est en toile de fond parce que le film reste très collé à la quête des deux personnages. C'était un angle original qui me plaisait, compte tenu du fait qu'il y a eu beaucoup de films sur l'Holocauste qui se déroulent dans les camps de concentration.» (Un devoir de mémoire, Journal de Montréal, 22 décembre) Pour comprendre le propos de François Girard, il faut dire présenter un bref résumé du film:» L'histoire du film s'amorce Londres, au début des années 1940, À la suite de l'éclatement de la guerre, , un jeune virtuose Dovidl, un jeune virtuose du violon d'origine juive polonaise, est hébergé par la famille de Martin, un garçon de son âge. Mais alors qu'il doit donner un concert important, Dovidl disparaît sans laisser de traces. Quelques décennies plus tard, alors qu'il est maintenant dans la cinquantaine, Martin (Tim Roth) tentera de retrouver Dovidl (Clive Owen) pour tenter de comprendre ce qui est arrivé ce jour là.» À François Girard et au journaliste Maxime Demers, nous voudrions demander combien de jeunes de moins de 30 ans ignorent complètement ce qu'est la Nakba et l'Intifada et surtout à quel moment Girard entend tourner un film sur des enfants pris dans la tourmente de la Nakba.

D'accord pour le « devoir de mémoire », mais le devoir de mémoire» de toutes les mémoires.

Saturday, December 28, 2019

Il y a voeux et voeux


 Les voeux de Noël officiels peuvent des formes très différentes selon les pays.  Premier postulat, les voeux de Noël n'ont vraiment de sens que dans les pays chrétiens ces voeux sont habituellement offerts par le chef de l'État ou le chef du gouvernement, la forme de ces voeux peut varier beaucoup dans leurs formes et leur «intensité». Un Justin Trudeau par exemple a préféré cette année faire dans le «service minimum» en se contentant de formuler des voeux génériques et assez insignifiants, il invite les Canadiens à bâtir un monde meilleur:»Que ce soit en donnant un coup de main à un voisin ou en faisant du bénévolat pour une cause qui nous tient à coeur, soyons généreux et incarnons ces valeurs qui nous unissent»(Justin Trudeau appelle chacun «à faire une différence» dans ses voeux de Noël, Radio Canada, 24 décembre).  Le «très catholique» Andrew Scheer ne fait guère mieux en souhaitant:» Joyeux Noël de Jill, Thomas, Grace. Madelyn, Henry, Mary ...et de Tori.» (Tori est le chien de la famille Scheer, NDA)». 
 
 
 
À ranger au registre insignifiant, les voeux de Noël de François Legault et de la Coalition Avenir Québec (CAQ), voeux prenant la forme d'une vidéo présentant lesdits voeux sous la forme d'un rigodon mentionnant le nom et la circonscription des 76 députés de la CAQ. Des voeux qui finalement n'en sont pas. La musique québécoise n'en sort pas gagnante. Retour à Justin Trudeau, dans la vidéo de ses voeux de Noël, il reconnaît que Noël marque la naissance de Jésus,  commentaire rapidement noyé par une remarque stupide voulant qu'il faille que les Canadiens n'oublient de « déneiger les toits pour l'arrivée des rennes du Père Noël. Intéressant de constater que Justin Trudeau semble mettre sur le même pied la figure de Jésus et cette pure création commerciale qu'est le père Noël.  Nous ne proposons pas l'établissement d'une théocratie catholique, mais nous croyons être en droit de souhaiter être représentés par une classe politique consciente des origines chrétiennes de notre pays et capable de les souligner lorsque nécessaire.  Les rennes du Père Noël ne font pas partie de ces traditions et ils ne sont pas à l'origine de notre pays. Les voeux des classes politiques canadienne et québécois sont à rapprocher de ceux de Boris Johnson, le premier ministre conservateur récemment élu Premier ministre britannique. [...]«Mais avec ces voeux, il frappe encore un grand coup, en fond sonore, le chant «Adestes fideles» au piano. Nous faisant face, la sympathique bouille de Boris Jonhson, ébouriffé, pâle et l'air de n'avoir pas dormi depuis quinze jours, comme à son habitude. Cependant , dès les premiers mots , il capte notre attention: Le «PM»nous appelle affectueusement «folks» et nous rappelle que « Noël est d'abord et avant tout la célébration la naissance de Jésus Christ» [Christmas Day is, first and foremost, a célébration of the birth of Jesus Christ, dans sa version originale] (Les voeux de Noël de Boris Johnson: décoiffant, Boulevard Voltaire, 25 décembre). Le Royaume Uni n'est pas moins multi-culturel que le Canada et l'on ne voit pas pourquoi Trudeau ou François Legault ne pourrait ainsi souligner les origines chrétiennes du Québec et du Canada.

Saturday, December 21, 2019

Vivre-ensemble et liberté d'expression



Alors qu'avec l'affaire Ward Jérémy Gabriel, les tribunaux montréalais s'interrogent sur les limites de la liberté d'expression, à l'autre extrémité de la 20, Régis Labeaume ne s'encombre pas de telles subtilités et c'est apparemment sans états d'âme qu'il a réglé la question du cimetière musulman de Québec. Ouverte lors des évènements de la grande mosquée de Québec en janvier 2017, la question d'un cimetière musulman à Québec avait fait son apparition en constatant que l'inhumation de certaines des victimes eu lieu dans des pays du Maghreb, devant l'impossibilité de les inhumer à Québec ou dans sa région, la question apparaît réglée avec la vente d'un terrain de 5 600 mètres carrés situé dans les limites de la ville de Québec, vente effectuée par la municipalité au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ). Vente concrétisée par les signatures du maire de Québec, Régis Labeaume et Boufeldja Benabdallah, président du CCIQ.  Les deux signataires se fendant de déclarations destinées probablement à souligner le caractère solennel de l'évènement. Boufeldja Benabdallah y est allé d'un: »Nous ne sommes pas obligés de prendre les corps, puis de les envoyer à 6 000 km [...]. Si on meurt, on aura notre petite place au chaud, ici, sur cette terre qui nous a accueillis et qu'on va occuper pour l'éternité.(tant que l'occupation se déroule sous terre)». Plus pragmatique, Régis Labeaume a pour sa part déclaré: «Je voulais que cela se passe rapidement et qu'on n'en parle plus . Je n'avais pas le goût qu'on en discute. Je n'avais pas le goût de débats. J'avais promis et on livrait, tout simplement. 
 
 
 
Selon lui, «ce genre de débat là, ça peut être acrimonieux.  Les résultats sont inutiles. Je n'avais pas le goût que quelques-en rajoutent avec tout ce qu'on avait vécu en janvier [2017, au moment de l'attentat à la grande mosquée de Québec]. (Ville de Québec: Régis Labeaume ne voulait pas d'un «débat malsain» sur le cimetière musulman, Journal de Québec, 19 décembre). Il faut admirer l'aisance avec laquelle Régis Labeaume assimile un débat qui se serait peut-être avéré chaud avec l'attentat de la grande mosquée. Le maire de la deuxième plus grande ville au Québec est de ces hommes qui ont justement pour mission implicite la défense de la démocratie, entre ses mains, elle devient de synonyme de «débats malsains», en démocratie, vaut mieux un «débat malsain» que pas de débat. La conception de la démocratie entretenue par Labeaume soulève d'autres inquiétudes. Il ajoute en effet: »Québec va changer avec le temps . Dès aujourd'hui, il faut réfléchir à ce qu'on peut faire pour que dans notre communauté , on puisse vivre en harmonie et accepter les différences. Québec est une ville francophone, d'obédience judéo-chrétienne, blanche. La ville va se métisser avec le temps. C'est inévitable. Il faut réfléchir et se demander comment on peut vivre ça en harmonie.» « À la vieille du temps des Fêtes , M. Labeaume a invité ses concitoyens à «acceptez les différences» et à « s'aimer les uns les autres». Il les a prévenus que la ville de Québec sera appelée à changer au cours des  prochaines années, et qu'elle deviendra plus «métissée»Ce sera non seulement le cas à Québec, mais partout au Québec, a-t-il dit». ((Régis Labeaume y va d'un vibrant plaidoyer pour le vivre-ensemble , Huffpost , 19 décembre) Pour notre part, nous aimerions que Régis Labeaume soit moins convaincu de cet avenir multiculturel pour la ville de Québec et qu'il se contente d'être dans l'esprit de la Loi 21. Ce que souhaite et nous annonce Régis Labeaume, c'est une démocratie ballotée au gré des ambitions et des prétentions des «communautés culturelles»et des «minorités visibles», démocratie dont nous avons eu un avant-goût avec les débats autour de la Loi 21. Nous y avons vu à l'oeuvre le vivre ensemble à sens unique qui anime certaines communautés campant chez nous et y ayant trouvé «une petite place, qu'on va occuper pour l'éternité.»

Friday, December 20, 2019

Blanc bonnet bonnet blanc


Seuls ceux qui observent loin la scène politique de loin auront été surpris par l'annonce de l'intérêt de Jean Charest pour la direction du Parti conservateur du Canada(PCC). Les «virages de capot» de l'homme n'ont plus rien pour nous surprendre.  En 1998, il était passé sans état d'âme du Parti progressiste conservateur à la direction du Parti libéral du Québec(PLQ), pour «sauver le Canada».
Entendra-t-il encore cet appel à sauver le pays de ses divisions Est-Ouest, pour faire le chemin inverse.  Les conservateurs qui se sont offusqués de voir Andrew Scheer recourir à la caisse du PCC pour défrayer les coûts de la scolarité de ses enfants à Ottawa sont mieux de se préparer à se boucher le nez tout de suite, l'homme ne vient pas gratuitement, il avait fait le saut d'Ottawa à Québec en 1998 à condition de disposer d'un confortable parachute doré. Pour les partisans de Jean Charest, il faut souhaiter que les goussets du PCC soient très profonds. Les journalistes du ROC se passionneront pour l'histoire du «salaire» supplémentaire versé par le Parti libéral du Québec (PLQ) à Jean Charest alors même qu'il touchait déjà son salaire de premier ministre, une fois sur la piste, ils s'intéresseront aussi aux rumeurs voulant que le PLQ ait aussi remboursé une partie de l'hypothèque de la maison de Charest à Westmount (Parti libéral de Jean Charest: révélations troublantes sur une enquête inachevée, Journal de Montréal, 29 octobre). Pour un homme nouveau, Jean Charest a beaucoup de cadavres dans ses garde-robes. Il semble moins soucieux de servir, que de se servir. 



Contrairement à ce qu'affirment certains journalistes paresseux ou mal informés, Jean Charest n'a jamais dirigé le PCC, mais il a dirigé le Parti progressiste conservateur, un parti, certains s'en rappelleront qui ne fut jamais qu'une mauvaise copie du Parti libéral du Canada. Un parti capable de se donner comme chefs des personnages aussi faibles que Joe Clark ou Kim Campbell méritait les défaites qu'il a connu.
la rumeur de la candidature éventuelle de Jean Charest  a réjoui la presse québécoise: «Si la nouvelle est confirmée, il s'agirait d'une candidature remarquée à la succession d'Andrew Scheer. Elle répondrait notamment à plusieurs critères évoqués par certains élus et militants conservateurs du Québec, à savoir que l'on souhaite un chef bilingue, originaire de l'est du pays et en phase avec les enjeux sociaux qui ont nui à la formation politique durant la dernière campagne électorale (comprendre l'avortement, le mariage gay et le catholicisme d'Andrew Scheer, à ce chapitre, pas d'inquiétudes à y avoir, la seule religion que Jean Charest semble pratiquer est l'adoration du Veau d'Or).

Si les conservateurs pensent reprendre le pouvoir avec Jean Charest, c'est qu'ils sont bien naïfs. Que pensera l'électorat canadien de deux chefs issus du Québec, rien pour soulager le sentiment d'aliénation de l'Ouest. Les Canadiens sont intelligents et ils sauront choisir l'original, face à un bellâtre comme Justin Trudeau, Jean Charest et ses cheveux grisonnants et ses traits allourdis par l'âge ne fera pas le poids dans une ère de politique spectacle. Les journalistes du Canada anglais n'ignoreront pas longtemps les travaux de la Commission Charbonneau et les ratages de l'UPAC pour brosser des portraits peu flatteurs du nouveau chef conservateur. Avec Jean Charest, le PCC se choisirait d'abord un chef très intérimaire, à qui la suite, à Kim Campbell. plus largement, le passage éventuel de Jean Charest du PLQ au PCC montre bien que les grands partis, les partis de gouvernement en fait, sont interchangeables, leur alternance n'est qu'un trompe l'oeil. Les vrais dirigeants de nos sociétés, patrons de grandes entreprises, grands banquiers. etc. changent de marionnettes à l'occasion. mais ils conservent le contrôle en coulisse, Jean Charest n'est que l'une de ces marionnettes, plus vénales que les autres peut-être?

Sunday, December 15, 2019

Simple coïncidence ou offensive concertée


La déclaration de Justin Trudeau suit un vote du Canada appuyant une résolution des Nations Unies, résolution affirmant le droit à l'autodétermination du peuple palestinien. Vote ayant inquiété l'un des patriotes israéliens siégeant à la Chambre des Communes et veillant aux intérêts israéliens à Ottawa (Malaise autour d'un vote du Canada contre Israël aux Nations Unies, La Presse, 30 novembre). C'est le député de la circonscription de Mont-Royal à la Knesset, Anthony Housefather qui s'inquiète ainsi. Anthony Housefather ne doit pas se sentir seul à Ottawa. «Le premier ministre Justin Trudeau estime qu'un récent vote du Canada qui appuie une résolution des Nations Unies affirmant le droit le droit à l'autodétermination du peuple palestinien ne représente pas un changement dans la politique du Canada de ne pas critiquer Israël sur la scène internationale.M.Trudeau a fait ces commentaires lors de la cérémonie d'illumination de la menorah sur la Colline du Parlement lundi , ou une centaine de parlementaires se sont réunis pour souligner la prochaine fête juive de Hanoukka. [...]Mais permettez-moi d'être très clair. notre amitié durable avec Israël demeure. Nous continuerons de nous opposer fermement à cibler Israël à l'ONU. Le Canada demeure un fervent défenseur d'Israël et le Canada défendra toujours le droit d'Israël à vivre en sécurité . Et nous allons toujours , toujours , nous prononcer contre l'antisémitisme au pays et à l'étranger, vous avez ma parole ,» (Le soutien du Canada à Israël est inébranlable, dit Trudeau, La Presse, 9 décembre). 
 
 
 
Jusqu'ou ira ce support inébranlable. Afin de donner à Israël des gages de ce support, Justin Trudeau pourrait-il être tenté de s'inspirer d'Emmanuel Macron qui vient de criminaliser l'antisionisme. Mesure qui ne fait pas l'unanimité cependant:«Au coeur des reproches des opposants: le fait qu'il associe l'antisionisme à une forme d'antisémitisme. En février, Emmanuel Macron s'était dit favorable à cette définition, lors du dîner du conseil représentatif des institutions juives de France(CRIF), estimant alors que l'antisionisme représente «une des formes modernes de l'antisémitisme». [...] Les opposants à cette définition craignent qu'elle ne soit instrumentalisée pour délégitimer la critique du gouvernement israélien et l'occupation en Cisjordanie. «À terme une logique de ce terme peut porter atteinte à un certain nombre de droits d'expression , elle va criminaliser des idées mais n'apporte pas d'outils supplémentaires pour lutter contre l'antisémitisme et contre les racismes» s'inquiétait le député communiste Pierre Dharéville dont le groupe, comme l'ensemble de ceux de gauche, s'est opposé au texte.»(La résolution controversée sur la lutte contre l'antisémitisme adoptée par les députés, Le Monde, 3 décembre). »Assimilant une opinion à un délit, le président de la République affirme ce jour là [le jour de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, le 16 juillet 2017, en présence de Benjamin Netanyahou]: «Nous ne céderons en rien à l'antisionisme, car c'est la forme réinventée de l'antisémitisme.» Quelle arrière-pensée motive cet amalgame ? Nul ne peut le dire. L'Objectif du CRIF, en tout cas est clair : faire voter une loi criminalisant l'antisionisme, défini entre les lignes comme la critique de la politique israélienne. Ce double raccourci comporte une double erreur: historique et politique. Car l'immense majorité des Juifs de L'État des Juifs de Théodor Herzl (1896) à 1939, rejette le projet sioniste La preuve: sur les 3,5 millions de Juifs qui quittent l'Europe à l'époque , seuls 460 000 se rendent Palestine.[...] Reste que les faits sont têtus: sept décennies après la création de «leur» État, 6 millions de Juifs y vivent, mais 10 millions restent dans leur pays d'origine ou d'adoption. Et de 600 000 à un million de citoyens juifs israéliens ont préféré s'installer ailleurs ! Seraient-ils antisémites ces Juifs qui, à travers l'histoire, ont tourné le dos au projet sioniste, ou résisté aux sirènes du mouvement.  (anti sémites, certainement pas, mais comme un Anthony Housefather très utiles sous-marins dans leur pays d'accueil) De surcroit, les conséquences d'une telle loi sur notre droit seraient graves: elle y réintroduirait un délit d'opinion. Si les sionistes pouvaient interdire l'antisionisme, pourquoi les communistes ne prétendraient-ils pas en faire autant avec l'anticommunisme, les gaullistes avec l'antigaullisme,[...]» (Pourquoi assimiler l'anti sionisme à l'antisémitisme est inepte et dangereux, Marianne, 5 décembre).  C'est une nouvelle victoire pour «le peuple d'élite. sûr de lui et dominateur» de De Gaulle.
Comme si la France ne suffisait pas, ce sont les États-Unis qui quelques jours plus tard adoptent un décret dont l'inspiration est assez similaire.  Le président Donald Trump a signé un décret visant à lutter contre l'antisémitisme sur les campus universitaires. « Avec ce décret, Donald Trump « défend les étudiants juifs» et «indique clairement que l'antisémitisme ne sera pas toléré », a indiqué son gendre et conseiller Jared Kushner [...] (qu'en termes choisis les choses sont dites, le mari d'Ivanka Trump, n'est pas que le gendre de Donald Trump , c'est aussi un Juif orthodoxe). Comme en France, la mesure ne fait pas l'unanimité: «Mais des défenseurs de la liberté d'expression redoutent qu'une définition trop large et trop vague de l'anti sémitisme soit utilisée pour interdire tous les propos critiques envers la politique du gouvernement israélien. » (Trump signe un décret controversé sur l'antisémitisme, La Presse, 11 décembre). L'organisation juive américaine progressiste, JStreet note à ce sujet:»This exécutive, like the stalled congressional legislation it is based on, appears designed less to combat antisemitism than to have a chilling effect on free speech and to crack down on campus critics of Israel. J Street is committed to fighting all forms of anti-semitism - and we feel it is misguided and harmful for the White House to unilaterally declare a broad range of nonviolent  campus criticism of Israel to be anti-Semitic [...] (Trump's Executive order is a cynical, harmful  measure designed to suppress free speech on college campuses , not fight anti-semitism,J Street, 11 décembre). À défaut de lever le pied sur le déménagement de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem ou sur l'approbation de l'implantation de colonies juives dans les territoires palestiniens occupés quoi de mieux que de faire les critiques des politiques de l'entité sioniste. Pendant ce temps, le Québec s'occupe à discuter du sort de la liberté d'expression de Mike Ward. À chacun ses combats.  

Saturday, December 14, 2019

Le conservatisme social après Andrew Sheer


La démission d'Andrew Sheer à titre de chef du Parti conservateur du Canada est une occasion propice à une réflexion sur la scène politique canadienne. Le départ de ce catholique «socialement conservateur» confirme que les partis politiques canadiens ne nous offrent désormais que des «nuances de gauche», le rouge du Parti libéral du Canada(PLC)le natural governing party of Canada, le violet ou rouge-bleu du Parti conservateur du Canada(PCC), le rouge orange du Nouveau parti démocratique (NPD)et le rouge bleu pâle du Bloc québécoise même que le rouge vert des Verts.  
Dans ce bouquet de couleurs, seul manque le marine des conservateurs sociaux, il n'existe pas dans l'arc-en-ciel politique canadien,  Le «4e pouvoir» s'est assuré en oeuvrant à la mort d'Andrew Scheer de bien verrouiller le paysage politique canadien, les seuls conservateurs sociaux autorisés à exister politiquement seront ceux qui timidement et lâchement oseront parler de la gestion des finances publiques, un degré zéro du conservatisme sociale quelque sorte, rien de social ou de moral dans ce conservatisme.



Paradoxalement, tout catholique qu'il soit, Andrew Scheer a fait les frais de l'AMM (dans son cas, il a a succombé à l'aide médiatique à mourir), Andrew Scheer était peut-être en sursis, mais dans le contexte d'un gouvernement minoritaire, les conservateurs pouvaient encore garder comme chef encore quelques semaines.  Cette aide médiatique à mourir il en aura fait les frais même après sa démission, Josée Legault décrit ce que devrait être le successeur d'Andrew Scheer:»Parfaitement bilingue, capable comprendre non seulement les aspirations de l'Alberta, mais celles du Québec et de l'Ontario qui leur ont échappé déterminé défendre des valeurs sociales « progressistes » sur l'avortement et les communautés LBGTQ,à agir sur les changements climatiques.» (L'Épiphanie tardive d'Andrew Scheer, Journal de Montréal , 13 décembre), Propos à rapprocher de ceux de Mario Dumont:»Si les conservateurs sont sérieux, ils doivent tirer du passage d'Andrew Scheer une leçon simple et fondamentale. Leur chef doit dorénavant avoir les mains totalement détachées de tout le mouvement de conservatisme social ou religieux.»(La leçon Scheer, Journal de Montréal, 13 décembre). Josée Legault et Mario Dumont confirment ce que nous écrivons quelques lignes plus haut, le seul conservatisme acceptable au Québec est un conservatisme «progressiste» ayant l'aval des Chambres de commerce. 
Dernière tuile pour Andrew Scheer, fausse tuile en fait, le fait que le PCC défrayait les coûts des écoles privées que fréquentaient les enfants Scheer à Ottawa. Fausse tuile car un parti politiques est d'abord une organisation privée qui peut dépenser ses fonds à son aise.
Coup de pied de l'âne venus de l'interne: » C'est dans ce contexte que des journalistes ont été informés que le Parti conservateur épongeait les frais de scolarité des enfants de M.Scheer.» Jouant les Boris Vian, le sénateur Jean-Guy Dagenais s'est montré d'une bassesse particulière dans les circonstances il s'est empressé d'aller cracher sur la tombe d'Andrew Scheer:»Le sénateur Jean-Guy Dagenais, qui a quitté le caucus conservateur après avoir réclamé la démission du chef, a vivement dénoncé que les dons des membres aient été ainsi redistribués alors que des candidates à qui il prêtait main forte cet automne n'ont pas reçu d'argent pour les aider à faire campagne. « Et aujourd'hui , elles apprennent que M. Scheer a fait payer l'école privée à ses enfants par le parti c'est inacceptable.» (Le chef conservateur démissionne en plein scandale, Le Devoir , 13 décembre). Les propos de  Jean-Guy Dagenais confirment ce que beaucoup de Québécois pensent de la sénilité de certains sénateurs.

Sunday, December 8, 2019

En attendant le 31e


Le 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique  a été fêté en grande pompe. Remise de médailles de l'Assemblée nationale à certaines victimes (La médaille de l'Assemblée nationale aux victimes de Polytechnique, Radio Canada, 5 décembre), illumination du ciel de Montréal, dévoilement d'une plaque commémorative à Montréal. Quand l'évènement passera-t-il de la mémoire à l'histoire et quand les familles des victimes visiblement satisfaites d'être instrumentalisées accepteront-elles finalement de vivre deuil et peine à l'abri des regards d'un public voyeur et de politiciens en mal de soigner leur image et de s'acheter une conduite féministe. 
 
 
 
En attendant le 31e anniversaire de Polytechnique, l'année qui vient  pourrait-elle être utilisée à la réflexion, l'événement ne c'est heureusement pas répété et il demeure isolé dans l'histoire des relations hommes-femmes au Québec, Le temps est venu de tourner la page et de considérer le geste de Marc Lépine ( Gamil Gharbi) non pas comme un geste politique, mais pour ce qu'il est, un geste relevant de la psychiatrie criminelle. Une tuerie orchestrée par une « chance pour le Québec».
Nous sommes peut-être entrés cette année dans une nouvelle phase de la saga Polytechnique, l'évènement a été reconnu cette année comme «anti féministe». Tuerie dirigée contre les femmes certes, mais pourquoi tenir à en faire un évènement anti féministe. Les féministes sont elles à ce point des êtres d'exception qu'il faille les distinguer des «femmes». Autre nouveauté, l'émergence du terme «féminicide», s'agit-il d'une position de repli si l'effet Polytechnique devait un jour s'estomper. Les «drames familiaux» ou «drames conjugaux »ne sont pas sur le point de disparaître, les expressions elles vivent leurs dernières heures, ces drames n'ont en effet rien de familial ou de conjugal. Le terme de féminicide va probablement s'imposer rapidement d'autant plus que les féministes françaises, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité femmes-hommes, dans le gouvernement Macron, en tête, s'efforcent de l'imposer dans le débat Outre Atlantique. Démarche qui trouve un écho ici dans les propos d'une Manon Massé: «Je me souviens de ces deux petits mots qu'on ne dit qu'une fois:»Plus jamais». Nous l'avons dit la main sur le coeur en espérant, en priant à dire vrai. Puis nous l'avons répété encore et encore. « Plus jamais » sauf les 1005 femmes assassinées entre 1997 et 2005 sauf les milliers de femmes autochtones disparues sans faire de bruit . «Plus jamais» sauf les 12 femmes tuées par leur conjoint ou leur ex au cours de la dernière année, une par mois comme à toutes les années a tristement rappelé Mme Massé. (La médaille de l'assemblée nationale aux victimes de Polytechnique, Radio Canada, 5 décembre). Seul parallèle à faire entre Polytechnique et les «drames conjugaux ou familiaux», ils sont peu susceptibles de se répéter.

Mike Ward et humour



L'affaire Mark Ward\ Jérémy Gabriel est devant les tribunaux depuis quelques années et elle y restera encore quelques années. Le Tribunal des droits de la personne  a d'abord condamné Mike Ward à verser 35 000$ à Jérémy Gabriel et 7000$ à sa mère  décision portée en appel, décision maintenue par la Cour d'appel pource qui est de la somme à verser à Jérémy Gabriel.  Il y a quelques jours, la Cour d'appel a jugé que les blagues de l'humoriste avaient un caractère discriminatoire. Décidément pugnaces, l'humoriste et son avocat, Me Julius Grey, sont désormais disposés à se rendre en Cour suprême pour défendre la liberté d'expression. Chacun pourra juger si cette affaire mérite d'être tenue comme emblématique de la liberté d'expression, curieuse liberté d'expression que celle qui autoriserait des blagues discutables contre un jeune handicapé, à ceux-là, il est possible répondre que la liberté d'expression est indivisible et qu'elle ne doit pas être tributaire des domaines d'exercice, certains plus nobles que d'autres, la liberté d'expression en matière de recherche historique par exemple.

L'affaire Ward\Gabriel soulève des questions relatives à la liberté d'expression, mais aussi à l'humour, est-il possible de rire de tout?

La chroniqueuse du Devoir, Odile Tremblay, apporte une curieuse réponse à cette question. «L'humour est en constante évolution, quoi qu'en en dise. Les caricatures sur les juifs cupides aux nez crochus qui foisonnaient dans les journaux européens jusqu'à la fin de la dernière guerre mondiale n'ont plus cours. Les blagues sur les bamboulas et les bougnoles devant lesquelles se tordaient les publics des anciennes colonies et des contrées au passé esclavagiste, ne sont pas tolérées comme jadis. [...]Les gays sont moins raillés qu'autrefois après avoir fait valoir leurs droits sur la place publique» (Par delà l'affaire Jérémy Gabriel, 5 décembre). Personne à la rédaction du Devoir n'a jugé bon de faire remarquer à Odile Tremblay que les termes «bamboulas» «bougnoles» sont éminemment insultants et blessants pour les gens d'origine africaine pour les premiers et d'origine maghrébine pour les seconds et que le temps d'une chronique elle se transforme élue-même en Mike Ward. pour faire bonne mesure, il ne manque à cette brève énumération que la mention de «ratons», si Me Tremblay devait s'engager dans cette voie, prévenons le contentieux du Devoir qu'il pourrait à son tour se retrouver devant le tribunal des droits de la personne. Pour les « bamboulas », la situation est moins claire et il semblerait que l'humour demeure possible si vous êtes le fils d'un ancien premier ministre et vous-même premier ministre. Pour ce qui est des gays, difficile de ne pas penser cependant que dans le cas des gays nous ne sommes pas en face d'un repli du «type silo», seul les humoristes gays semblant avoir conservé le droit de rire des gays, une analyse même sommaire des prestations d'un Alexandre Perron permettrait probablement de vérifier cette intuition. Combien temps sera-t-il encore possible de faire des blagues sur les femmes, les Noirs, les Arabes, les Musulmans, les homosexuels? Au rythme ou vont les choses, le dernier objet de moquerie possible sera le responsable de tous les malheurs de ce monde;  l'homme blanc hétérosexuel.
Pour illustrer sa conviction que l'humour est en «évolution constante», Madame Tremblay ayant gratté les fonds de tiroir de sa culture historique ne trouve rien de plus convaincant que de jouer avec le point Goodwin, Assimiler Mike Ward à Julius Streicher et un peu fort de café. Encore que voir Me Julius Grey défendre Mike Streicher ne manque pas d'ironie. Sans s'égarer dans dans les méandres des « heures sombres de l'Europe» et dans ceux du colonialisme, Mme Tremblay en demeurant au Québec aurait trouvé amplement de munitions pour alimenter sa réflexion illustrer son propos sur.
 Une allusion aux Cyniques des années 1960 avec leur humour anti clérical étroitement associé au climat de la Révolution tranquille aurait suffi à faire comprendre ce phénomène de « l'humour en constante évolution ».  Encore qu'à bien y penser, il soit assez facile de retrouver dans l'humour québécois actuel, des blagues anti catholiques. L'humour évolue peut-être, mais il n'évite pas toujours la facilité.

Saturday, December 7, 2019

Exit les « fardeaux »


Le débat sur l'aide médicale à mourir(AMM) ne semble pas prêt de prendre fin au Québec, en fait il s'agit surtout de débats sur les limites de l'AMM (consentement éclairé, mort prévisible, etc.) car ce qui est visiblement dans l'air du temps est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de limites(toutes perçues comme des irritants) à l'AMM et qu'elle cette dernière soit accessible sur demande). Plus récente contribution à ce débat, l'intervention de Luc Ferrandez, ancien maire de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal à Montréal. Il propose de tenir compte dans l'»offre de services» à l'AMM, de «la possibilité d'étendre l'aide médicale à mourir aux gens qui voudraient éviter de devenir un fardeau pour des motifs sociaux ou environnementaux[...]» (Aide médicale à mourir: la question du «fardeau» environnemental doit être examinée, avance Ferrandez, Journal de Montréal, 2 décembre). «Jusqu'ou pouvons-nous étendre le droit à l'autodétermination? Pourrions-nous pour des raisons environnementales, sociales et économiques décider que nous voulons recevoir l'aide à mourir pour ne pas constituer un fardeau pour notre famille et la société en général», s'est interrogé le politicien sur sa page Facebook lundi matin. 

 


 

 
 Selon lui, le critère pour avoir accès à l'aide médicale à mourir ne devrait pas être «la souffrance»ressentie par le patient, mais le «fardeau» qu'il représente [...]».  Difficile de ne pas rester bouche bée devant la facilité déconcertante avec laquelle Luc Ferrandez recadre le débat. Luc Ferrandez oublie apparemment le fait que l'AMM est l'héritière du concept de «mourir dans la dignité», l'idée étant d'éviter aux patients qui le souhaitaient de mourir dans d'interminables et inutiles souffrances, tout en reconnaissant ici, que «la souffrance » peut s'avérer un élément subjectif, variant énormément d'un individu à l'autre, la décision demeurait encore entre les mains du patient, avec le recours à la notion de «fardeau », nous passons de l'individu à la société, pour la prise de cette décision (société ici représentée par des intermédiaires tels la famille, le personnel soignant, les directives du Ministère des la Santé et des Services sociaux). Chacun de ces intermédiaires ayant ses intérêts propres qui peuvent être aux antipodes de ceux du patient: y-a-t-il dans la famille des héritiers pressés? le personnel soignant est-il exténué par les soins à fournir (le personnel médical souhaite-t-il récupérer le lit et la chambre du patient)? Le Ministère de la Santé et des Services sociaux pourrait-il exiger du centre hospitalier qu'il se conforme à des exigences budgétaires pouvant pousser ce dernier à accélérer l'AMM pour certains cas lourds? Luc Ferrandez est-il conscient que ce recours à l'idée de «fardeau» est la porte ouverte à l'euthanasie des plus faibles et des plus démunis de notre société?  Pourquoi s'encombrer de « bouches inutiles», pourquoi entretenir les «fardeaux» que sont les malades incurables, pourquoi attendre l'hospitalisation? Pensons aux trisomiques plus âgés dont les parents sont décédés, pour un Luc Ferrandez, s'agit-il de «fardeaux»? Luc Ferrandez se pose la question, mais il se contredit lui-même dans sa réponse:»Est-ce que je voudrais qu'on dépense des milliers de dollars pour me garder en vie si je n'ai plus conscience de ce qui m'entoure; est-ce que je voudrais pousser mon fils à venir me visiter; est-ce que je voudrais lui laisser ou laisser au personnel soignant l'odieux de la décision. Je pense que je voudrais pouvoir prendre cette décision moi-même. » Luc Ferrandez semble bien se rendre compte qu'à l'étape de «fardeau», ce n'est plus le patient qui prendra la décision sur sa fin de vie, mais des proches (il mentionne son fils dans des termes qui montrent qu'il ne souhaite pas laisser une telle décision à son fils) ou le personnel soignant. Il est fascinant de voir comment en peu de temps nous sommes passés du « suicide assisté », à l'»aide médicale à mourir» pour en être aujourd'hui au « fardeaux" de Luc Ferrandez. Nous voilà bien loin de la notion de « mourir dans la dignité » et bien plus près du registre «tasses-toi mon oncle«. À la proposition de Luc Ferrandez, on préférera «l'amour de la vie», maladroitement formulée par François Legault.

Thursday, December 5, 2019

De l'audace, encore de l'audace


Le gouvernement du Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) ont conclu une entente sur la rémunération des médecins spécialistes(entente avec les médecins spécialistes: Québec récupérera 500 millions par année, Radio-Canada, 15 novembre), il y a déjà un certain temps que ces sommes astronomiques n'étonnent plus les Québécois( les années Bolduc, Barrette ayant vu les médecins spécialistes québécois atteindre des sommets dans l'indécence. En attendant la prochaine ronde de négociations entre les spécialistes et le gouvernement québécois, le temps est peut-être venu, au-delà des négociations qui viennent de prendre fin, de chercher une solution permanente à ses négociations un peu absurdes entre une fédération qui représente d'abord des travailleurs supposément autonomes oeuvrant tous ou presque dans le cadre de la Régie de l'assurance maladie du Québec(RAMQ) (il y a très peu de médecins désaffilliés, la RAMQ a recours au terme « non-participants» pour les décrire), la plupart de ces médecins travaillent d'ailleurs dans les installations des établissements de santé publique.
Le gouvernement du Québec devrait adopter la solution qui s'impose dans ce contexte, passer au salariat des médecins et mettre un terme aux folles exigences de ces derniers, folles exigences satisfaites par les Yves Bolduc et Gaétan Barrette, s'empressant d'aller au-devant des caprices des médecins spécialistes. On ne voit pas pourquoi , la rémunération des médecins devrait demeurer régie par l'archaïque système de la rémunération à l'acte.  Il y a longtemps que la rémunération à l'acte par un poulet ou une livre de lard est affaire du passé. D'autres professionnels sont à l'emploi du gouvernement et vivent avec le salariat comme mode de rémunération. Ingénieurs, avocats et notaires du gouvernement fonctionnent dans ce cadre. Il est temps d'entrer dans le XIXe siècle. On voit mal, au nom de quel principe, les médecins feraient exception. Les Québécois ont sous les yeux l'exemple des dentistes qui agissent en véritables travailleurs autonomes avec leurs outils de travail et leurs cabinets, la même remarque s'appliquent aux optométristes. C'est au gouvernement par voie législative à assurer à la population qu'elle recevra les soins nécessaires, on peut penser ici au programme de soins optométriques pour les personnes de moins de dix-huit ans et dentaires pour celles de moins de dix ans. La santé publique est assurée et les optométristes et les dentistes y trouvent leur compte en étant assurés d'être rémunérés pour leur prestation de services.



Dans un milieu ou les autres travailleurs (infirmières,  inhalothérapeutes, physiotérapeutes, etc.) travaillent à salaire , pourquoi les médecins devraient-ils pouvoir encore «facturer à l'acte ». Les médecins sont de bien opportunistes professionnels, s'ils étaient cohérents avec leur credo « professionnel», ils devraient se désaffilier en masse de la RAMQ et se faire vraiment payer à l'acte par des patients faisant eux-mêmes affaire avec des assureurs privés ou non et acceptant l'idée que s'il ne sont pas payés , ils devront se présenter devant les tribunaux ou à la Cour des petites créances pour obtenir le règlement de leur travail.

Sunday, December 1, 2019

Une nouvelle caste?


Assistons-nous au développement d'une nouvelle caste? Deux évènements récents nous incitent à le croire. Le dernier en date, le plus médiatisée, concerne Sylvie Lalande et la saga des publications de Groupe Capitales médias(GCM). Madame Lalande est présidente du Groupe TVA et vice-présidente du conseil de Québécor, elle préside aussi le C.A. de Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD)
Desjardins ayant refusé de financer la coopérative des travailleurs de GCM. « Surpris du refus de Desjardins de financer la coopérative des travailleurs de Groupe Capitales Médias(GCM) le ministre de l'économie, Pierre Fitzgibbon, se demande « s'il y avait des forces en présence qui auraient pu faire dérailler la décision ». Car selon lui, «il y a possiblement apparence de conflits d'intérêts» avec la présence d'une dirigeante de Québécor au conseil d'administration du principal bras investisseur de Desjardins.»(GCM: Québec s'interroge sur un lien entre Desjardins et Québecor, La Presse, 27 novembre). ««Il est clair pour moi que la présence de Mme Lalande au conseil d'administration de CRCD doit susciter un questionnement. Par contre, je ne suis pas prêt à dire qu'il y a un conflit d'intérêt formel » a affirmé M.Fitzgibbon lors d'un entretien avec La Presse mardi.» Il y a possiblement apparence de conflit, c'est sûr. Je ne sais pas ce qui s'est passé.»» Affirmation rapidement suivie de l'envoi d'une mise en demeure par Sylvie Lalande enjoignant le ministre de l'Économie de s'excuser pour sa déclaration sur «une possible apparence de conflit d'intérêt.» Demande balayée du revers de la main par Pierre Fitzgibbon. L'affaire aurait pu en rester là, non, elle change de niveau et passe dans les ligues majeures avec intervention de Pierre-Karl Péladeau et François Legault. 
«Pierre-Karl Péladeau a écrit une lettre au premier ministre du Québec dans laquelle il laisse entendre que les propos du gouvernement concernant une administratrice de Québecor sont «rétrogrades » parce qu'adressés à une femme.». Lettre mal avisée car elle transformait le débat en question de sexe, Madame Lalande étant visiblement capable de se défendre seule. sa mise en demeure le prouvant. «Ça n'a rien à voir avec le fait que ce soit un homme ou une femme, a répondu vendredi François lors d'une mêlée de presse.»(Legault répond aux critiques de Péladeau, La Presse, 29 novembre). Pierre Karl Péladeau a-t-il réalisé, lui,  qu'il y avait quelque chose de « rétrograde» dans sa propre intervention. Jouer les preux chevalier en 2019 a quelque chose de rétrograde. Madame Lalande a-t-elle besoin d'être ainsi chaperonnée? L'intervention de Pierre Karl Péladeau est finalement plus méprisante pour son administratrice que les propos de Pierre Fitzgibbon heureusement ramenées à leur juste proportion par François Legault.



Autre évènement pouvant faire croire à l'émergence d'une nouvelle caste, nous passons de Québec à Montréal. La métropole a-t-elle frôlé la catastrophe financière, c'est ce que nous pourrions croire à la lecture de certains articles (Dépenses effrénées de l'administration Plante-Dorais: Montréal a frôlé la catastrophe financière, Journal de Montréal, 22 novembre).  Plus subtile que Sylvie Lalande, Valérie Plante n'étourdit pas ses contradicteurs de mises en demeures, elle a plutôt recours à l'ironie, ce qu'elle croit être de l'ironie,  pour répondre à ses contradicteurs; (Valérie Plante habituée aux critiques de «messieurs», La Presse, 27 novembre), « invitée à préciser sa pensée sur ces « messieurs », Mme Plante a nommé son prédécesseur Denis Coderre, l'ancien chef de son parti Richard Bergeron, et « maintenant M.Ferrandez », « Voilà, ils ont des opinions et ils les partagent, Ils ont des tribunes », a-t-elle affirmé[...]». «Madame» dresse sa féminité contre ce qu'elle considère comme une Caballe de «Messieurs». De Sylvie Lalande à Valérie Plante, une constante se dégage, Mmes Lalande (par Pierre Karl Péladeau interposé) et Valérie Plante sont au dessus de la mêlée et ne peuvent être critiquées. Avantage à Valérie Plante qui apparaît être capable de se défendre elle-même. Si les femmes veulent prendre leur place dans la mêlée, elles doivent être prêtes à prendre des mises en mises en échec et même des doubles échecs, la game politique n'a pas à changer pour faire plaisir à cette nouvelle caste.