Saturday, August 29, 2020

Le dernier discours


Justin Trudeau n'a visiblement rien à craindre du Parti conservateur du Canada (PCC), si ceux qui organisent la prochaine campagne électorale nationale du PCC sont ceux qui ont organisé le dépouillement des votes et l'annonce des résultats de la course à la direction du PCC. Retards dans l'annonce du résultat. Les raisons fournies par les organisateurs font peut-être sourire, mais elles témoignent surtout d'un amateurisme inquiétant, comme le dit l'expression bien connue; on n'a pas deux chances de faire une première bonne impression, le 23 août, le PCC de Erin O'Toole a manqué sa chance de faire une bonne impression.
Un chef qui devra faire en sorte que le Parti présente un front uni contre JustinTrudeau. Un parti dans lequel conservateurs sociaux, conservateurs fiscaux, conservateurs de l'Ouest et de l'Est devront tous mettre l'épaule à la roue pour sortir de l'opposition et assurer l'élection d'un gouvernement majoritaire. L'élément le plus intéressant de cette curieuse soirée n'est pas le cafouillage du dévoilement, mais le discours d'adieu d'Andrew Scheer.
Andrew Scheer redevenu un homme libre n'ayant plus des responsabilités comme chef a parlé librement et sincèrement aux Canadiens: «Avant le dévoilement des résultats,  le chef sortant du Parti conservateur Andrew Scheer a prononcé un discours d'adieu au ton hargneux qui a laissé certains membres du parti stupéfaits.
 

 
 
M. Scheer , qui a dirigé le parti pendant trois ans et qui avait pris les relève de Stephen Harper en 2017, a mené une charge à fond de train contre les tenants de la gauche, l'interventionnisme d'État, les médias de masse et les libéraux.
«on a nourri [nos enfants] de propagande gauchiste. Il y a quelque chose de vicié dans les marchés libres et les libertés individuelles» a notamment dit l'ex-chef conservateur. Visiblement aigri, M. Scheer a accusé les médias d'avoir un parti pris en faveur des idées de la gauche et a invité les membres du parti à lire d'autres médias en ligne plus favorables aux conservateurs tels que True North ou encore the Post Millenium au lieu de consulter les médias traditionnels. «il y a d'autres endroits pour s'informer. Cessons d'être la majorité silencieuse » a-t-il dit. «Quel discours lamentable . Je suis content qu'on soit débarrassé de lui» a soupiré un membre du caucus conservateur qui [courageusement, NDA] a requis l'anonymat (Erin O'Toole devient chef du parti conservateur, La Presse, 23 août ).Propos auxquels font écho ceux d'Alain Rayes, député conservateur de Richmond-Arthabaska et lieutenant politique d'Andrew Scheer pour le Québec, pour ce dernier: «c'est un discours qui lui appartenait»a aussi noté Alain Rayes . « Ce n'est pas le discours du parti . il n'est plus chef du parti. Je pense qu'il avait peut-être certaines crottes sur le coeur.» (Erin O'Toole devient le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Radio-Canada, 23 août). Avec une telle déclaration, Alain Rayes prouve surtout qu'il est lui-même une merde et qu'il peut rejoindre Brutus dans la galerie de ceux se transformant en Judas à la première opportunité, en montrant qu'il y a plusieurs façons de poignarder son patron, c'est intellectuellement que Rayes poignarde Andrew Scheer, le geste n'en est pas moins méprisable pour autant. Il serait souhaitable que Rayes lise aujourd'hui l'article (25 août) de François Cardinal, dans La Presse, que son ancien chef avait raison sur toute la ligne (Parti conservateur:un chef qui ne fait plus honte, La Presse, 25 août). Cardinal écrit: »Car voilà très précisément ce que son successeur , ErinO'Toole doit faire: se tenir loin de la bulle idéologique dans laquelle le Parti s'est enfermé pendant l'ère Scheer , une bulle qui plaisait peut-être à la droite populiste de l'Ouest méfiante des «élites urbaines», mais qui fait fuir les plus modérés, les électeurs de centre droit, les progressistes, les conservateurs fiscaux favorables aux politiques sociales, etc. Autant d'électeurs allergiques aux circonvolutions de Scheersur les questions morales , à ses clins d'oeil à la droite religieuse, à son double discours sur l'immigration, à son scepticisme sur les enjeux climatiques.[...]Le défi du nouveau chef , Erin O'Toole , est là: refaire de son parti la «grande tente» ouverte aux différents courants conservateurs qu'il a déjà été . Refaire du PCC une formation qui tend vers le centre droit plutôt que vers la marge. «Stephen Harper, lui, était bien conscient qu'on ne gouverne pas le Canada à droite d'un point de vue moral. Le Canada se gouverne au centre.» fait remarquer le sénateur Claude Carignan». Cela dit, il existe bien des zones d'ombre dans les positions de M. O'Toole sur les questions environnementales, ou sur son flirt des derniers des derniers mois avec la droite religieuse. la vigilance est donc de mise.». Il ne faut pas un doctorat en Science Politique pour comprendre comment en contrepoint, François Cardinal entend baliser et circonscrire  le champ d'action du PCC d''Erin O'Toole.  sous la «grande tente » conservatrice, il n'y a pas de place pour les populistes et la droite morale ou sociale pas de place non plus pour les climato-sceptiques et les Canadiens sceptiques face au mérite de l'immigration, Est autorisé, un zeste, mais pas plus de conservatisme fiscal. Le PCC ne peut être autre chose qu'un parti de centre droit.
Réaction qui semble faire écho aux propos d'un Pablo Rodriguez. «Pablo Rodriguez s'est pour sa part dit «surpris» des propos de M. Scheer, qu'ils a trouvé « assez particuliers» personnellement c'est Pablo Rodriguez lui-même que je trouve plutôt «particulier». Revenant sur le sujet sur les ondes de Radio-Canada, Rodriguez ajoutait que l'élection de Peter Mac Kay aurait permis de recentrer le PCC. Recentrer le PCC s'est en définitive revenir à l'ancien Parti progressiste conservateur, conservateur uniquement de nom. N'en déplaise à Alain Rayes et Pablo Rodriguez, Andrew Scheer a prononcé un discours véritablement politique, son premier peut-être, si l'on accepte la définition voulant que l'essence du politique soit justement de désigner l'ennemi. Les chances qu'il soit entendu sont nulles si l'on se fie aux réactions d'Alain Rayes, «Il a également insisté sur la clarté des opinions personnelles de M. O'Toole, beaucoup moins proche de la droite sociale que ne l'est le chef sortant Andrew Scheer: «les positions personnelles sont totalement différentes. Le passé de M. O'Toole est garant de son avenir. Il a clairement dit qu'il allait participer au défilé de la Fierté» (si c'est là l'aulne d'Alain Rayes pour évaluer la rupture de son nouveau chef avec l'ère Scheer, ) il y a tout lieu de s'inquiéter de l'avenir du conservatisme canadien. Avec des Erin O'Toole et des Alain Rayes, le conservatisme canadien marche vers des lendemains radieux avec de telles «idées», il ne nous manque que d'apprendre qu'Erin O'Toole  est une femme non genré, pour boire le calice jusqu'à la lie. Une suggestion  Pour le PCC d'Erin O'Toole et Alain Rayes s'auto- dissoudre et inviter ses membres à rejoindre le parti de Junior l'autre marcheur de la Fierté en concrétisant ainsi son recentrage. Nu doute que les Canadiens préféreront l'original à la copie. 
Le Parti conservateur manque probablement une occasion unique de marquer clairement ses différences avec le Parti libéral du Canada (PLC). Avec des Alain Rayes, le PCC n'est qu'une bien pâle copie du PLC.  Sans changement de cap, Erin O 'Toole et ses successeurs seront encore longtemps présents à la marche de la Fierté. Ce n'est pas de marcheurs dont les Canadiens ont besoin, mais d'une alternative et d'une véritable opposition. Des propos de François Cardinal et Pablo Rodriguez nous permettent de voir quelles sont les limites assez étroites du champ politique canadien; comprendre pas de parti de droite, le plus à droite tolérable semblant être l'ancien Parti progressiste -conservateur. À la tête du PCC, Peter Mackay n'aurait été qu'un Joe Clark bis

Il n'y a pas de conservatisme canadien, le dernier chef conservateur canadien, ayant probablement été John Diefenbaker. 
 

 
 
Les conservateurs canadiens sont pour l'instant des «hommes aux milieux des ruines ». Avec des hommes comme Alain Rayes, ils prouvent qu'ils peuvent s'ils le veulent poser leur candidature au titre de « droite la plus bête du monde» détenu selon certains par la Droite française. L'heure est à la réflexion, sont-ils capables de dépasser l'abolition de l'offre et de la demande d'un libertarien comme Maxime Bernier, il faut le souhaiter. Le conservatisme canadien peut s'inspirer du conservatisme américain en élaguant celui-ci de certains éléments trop typés, ex.: la place de la Constitution et de ses interprétations. Le conservatisme canadien peut aussi faire appel aux écrits d'un Roger Scrutton. Plus près de nous le conservatisme canadien peut recourir aux écrits d'un George Grant (notamment son Lament for a nation). Rien n'interdit de se pencher sur le conservatisme canadien-français d'un Thomas Chapais et des jeunes intellectuels des années 1930 (Les Jeune Canada et l'équipe de La relève, pas nécessairement conservateurs, mais soucieux de revivifier un Canada français fatigué par la Crise de 1929 avec une sève nationaliste et spirituelle). Le matériel est là, il suffit de la volonté et d'un effort intellectuel. S'ils cessent un jour de se satisfaire d'être un PLC bis les conservateurs canadiens pourront peut-être accéder au rang de véritable opposition, voudront-ils un jour être autre chose que l'équipe B de la politique canadienne, quelque chose comme le natural opposition party, exact pendant du natural gouvernment  Party,  rôle tenu par le PLC. 
. Les conservateurs canadiens pourraient par exemple commencer par mettre de l'avant la défense et la promotion de la famille traditionnelle, il faudrait pour cela accepter la perspective d'un affrontement frontal avec les lobbies LBGT et pro-avortement (à ce chapitre, les conservateurs canadiens pourraient commencer par s'opposer aux avortements tardifs et aux avortements sélectifs). Autre front à ouvrir celui de l'indépendance culturelle du Canada, nous méritons mieux qu'une Mélanie Joly dans notre lutte contre les GAFA.

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