Justin
Trudeau n'a visiblement rien à craindre du Parti conservateur du Canada
(PCC), si ceux qui organisent la prochaine campagne électorale
nationale du PCC sont ceux qui ont organisé le dépouillement des votes
et l'annonce des résultats de la course à la direction du PCC. Retards
dans l'annonce du résultat. Les raisons fournies par les organisateurs
font peut-être sourire, mais elles témoignent surtout d'un amateurisme
inquiétant, comme le dit l'expression bien connue; on n'a pas deux
chances de faire une première bonne impression, le 23 août, le PCC de
Erin O'Toole a manqué sa chance de faire une bonne impression.
Un
chef qui devra faire en sorte que le Parti présente un front uni contre
JustinTrudeau. Un parti dans lequel conservateurs sociaux,
conservateurs fiscaux, conservateurs de l'Ouest et de l'Est devront tous
mettre l'épaule à la roue pour sortir de l'opposition et assurer
l'élection d'un gouvernement majoritaire. L'élément le plus intéressant
de cette curieuse soirée n'est pas le cafouillage du dévoilement, mais
le discours d'adieu d'Andrew Scheer.
Andrew
Scheer redevenu un homme libre n'ayant plus des responsabilités comme
chef a parlé librement et sincèrement aux Canadiens: «Avant le
dévoilement des résultats, le chef sortant du Parti conservateur Andrew
Scheer a prononcé un discours d'adieu au ton hargneux qui a laissé
certains membres du parti stupéfaits.
M.
Scheer , qui a dirigé le parti pendant trois ans et qui avait pris les
relève de Stephen Harper en 2017, a mené une charge à fond de train
contre les tenants de la gauche, l'interventionnisme d'État, les médias
de masse et les libéraux.
«on
a nourri [nos enfants] de propagande gauchiste. Il y a quelque chose de
vicié dans les marchés libres et les libertés individuelles» a
notamment dit l'ex-chef conservateur. Visiblement aigri, M. Scheer a
accusé les médias d'avoir un parti pris en faveur des idées de la gauche
et a invité les membres du parti à lire d'autres médias en ligne plus
favorables aux conservateurs tels que True North ou encore the Post
Millenium au lieu de consulter les médias traditionnels. «il y a
d'autres endroits pour s'informer. Cessons d'être la majorité
silencieuse » a-t-il dit. «Quel discours lamentable . Je suis content
qu'on soit débarrassé de lui» a soupiré un membre du caucus conservateur
qui [courageusement, NDA] a requis l'anonymat (Erin O'Toole devient
chef du parti conservateur, La Presse, 23 août ).Propos auxquels
font écho ceux d'Alain Rayes, député conservateur de Richmond-Arthabaska
et lieutenant politique d'Andrew Scheer pour le Québec, pour ce
dernier: «c'est un discours qui lui appartenait»a aussi noté Alain Rayes
. « Ce n'est pas le discours du parti . il n'est plus chef du parti. Je
pense qu'il avait peut-être certaines crottes sur le coeur.» (Erin
O'Toole devient le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Radio-Canada,
23 août). Avec une telle déclaration, Alain Rayes prouve surtout qu'il
est lui-même une merde et qu'il peut rejoindre Brutus dans la galerie de
ceux se transformant en Judas à la première opportunité, en montrant
qu'il y a plusieurs façons de poignarder son patron, c'est
intellectuellement que Rayes poignarde Andrew Scheer, le geste n'en est
pas moins méprisable pour autant. Il serait souhaitable que Rayes lise
aujourd'hui l'article (25 août) de François Cardinal, dans La Presse, que son ancien chef avait raison sur toute la ligne (Parti conservateur:un chef qui ne fait plus honte, La Presse,
25 août). Cardinal écrit: »Car voilà très précisément ce que son
successeur , ErinO'Toole doit faire: se tenir loin de la bulle
idéologique dans laquelle le Parti s'est enfermé pendant l'ère Scheer ,
une bulle qui plaisait peut-être à la droite populiste de l'Ouest
méfiante des «élites urbaines», mais qui fait fuir les plus modérés, les
électeurs de centre droit, les progressistes, les conservateurs fiscaux
favorables aux politiques sociales, etc. Autant d'électeurs allergiques
aux circonvolutions de Scheersur les questions morales , à ses clins
d'oeil à la droite religieuse, à son double discours sur l'immigration, à
son scepticisme sur les enjeux climatiques.[...]Le défi du nouveau chef
, Erin O'Toole , est là: refaire de son parti la «grande tente» ouverte
aux différents courants conservateurs qu'il a déjà été . Refaire du PCC
une formation qui tend vers le centre droit plutôt que vers la marge.
«Stephen Harper, lui, était bien conscient qu'on ne gouverne pas le
Canada à droite d'un point de vue moral. Le Canada se gouverne au
centre.» fait remarquer le sénateur Claude Carignan». Cela dit, il
existe bien des zones d'ombre dans les positions de M. O'Toole sur les
questions environnementales, ou sur son flirt des derniers des derniers
mois avec la droite religieuse. la vigilance est donc de mise.». Il ne
faut pas un doctorat en Science Politique pour comprendre comment en
contrepoint, François Cardinal entend baliser et circonscrire le champ
d'action du PCC d''Erin O'Toole. sous la «grande tente » conservatrice,
il n'y a pas de place pour les populistes et la droite morale ou
sociale pas de place non plus pour les climato-sceptiques et les
Canadiens sceptiques face au mérite de l'immigration, Est autorisé, un
zeste, mais pas plus de conservatisme fiscal. Le PCC ne peut être autre
chose qu'un parti de centre droit.
Réaction
qui semble faire écho aux propos d'un Pablo Rodriguez. «Pablo Rodriguez
s'est pour sa part dit «surpris» des propos de M. Scheer, qu'ils a
trouvé « assez particuliers» personnellement c'est Pablo Rodriguez
lui-même que je trouve plutôt «particulier». Revenant sur le sujet sur
les ondes de Radio-Canada, Rodriguez ajoutait que l'élection de Peter
Mac Kay aurait permis de recentrer le PCC. Recentrer le PCC s'est en
définitive revenir à l'ancien Parti progressiste conservateur,
conservateur uniquement de nom. N'en déplaise à Alain Rayes et Pablo
Rodriguez, Andrew Scheer a prononcé un discours véritablement politique,
son premier peut-être, si l'on accepte la définition voulant que
l'essence du politique soit justement de désigner l'ennemi. Les chances
qu'il soit entendu sont nulles si l'on se fie aux réactions d'Alain
Rayes, «Il a également insisté sur la clarté des opinions personnelles
de M. O'Toole, beaucoup moins proche de la droite sociale que ne l'est
le chef sortant Andrew Scheer: «les positions personnelles sont
totalement différentes. Le passé de M. O'Toole est garant de son avenir.
Il a clairement dit qu'il allait participer au défilé de la Fierté» (si
c'est là l'aulne d'Alain Rayes pour évaluer la rupture de son nouveau
chef avec l'ère Scheer, ) il y a tout lieu de s'inquiéter de l'avenir du
conservatisme canadien. Avec des Erin O'Toole et des Alain Rayes, le
conservatisme canadien marche vers des lendemains radieux avec de telles
«idées», il ne nous manque que d'apprendre qu'Erin O'Toole est une
femme non genré, pour boire le calice jusqu'à la lie. Une suggestion
Pour le PCC d'Erin O'Toole et Alain Rayes s'auto- dissoudre et inviter
ses membres à rejoindre le parti de Junior l'autre marcheur de la Fierté
en concrétisant ainsi son recentrage. Nu doute que les Canadiens
préféreront l'original à la copie.
Le
Parti conservateur manque probablement une occasion unique de marquer
clairement ses différences avec le Parti libéral du Canada (PLC). Avec
des Alain Rayes, le PCC n'est qu'une bien pâle copie du PLC. Sans
changement de cap, Erin O 'Toole et ses successeurs seront encore
longtemps présents à la marche de la Fierté. Ce n'est pas de marcheurs
dont les Canadiens ont besoin, mais d'une alternative et d'une véritable
opposition. Des propos de François Cardinal et Pablo Rodriguez nous
permettent de voir quelles sont les limites assez étroites du champ
politique canadien; comprendre pas de parti de droite, le plus à droite
tolérable semblant être l'ancien Parti progressiste -conservateur. À la
tête du PCC, Peter Mackay n'aurait été qu'un Joe Clark bis.
Il
n'y a pas de conservatisme canadien, le dernier chef conservateur
canadien, ayant probablement été John Diefenbaker.
Les conservateurs
canadiens sont pour l'instant des «hommes aux milieux des ruines ». Avec
des hommes comme Alain Rayes, ils prouvent qu'ils peuvent s'ils le
veulent poser leur candidature au titre de « droite la plus bête du
monde» détenu selon certains par la Droite française. L'heure est à la
réflexion, sont-ils capables de dépasser l'abolition de l'offre et de la
demande d'un libertarien comme Maxime Bernier, il faut le souhaiter. Le
conservatisme canadien peut s'inspirer du conservatisme américain en
élaguant celui-ci de certains éléments trop typés, ex.: la place de la
Constitution et de ses interprétations. Le conservatisme canadien peut
aussi faire appel aux écrits d'un Roger Scrutton. Plus près de nous le
conservatisme canadien peut recourir aux écrits d'un George Grant
(notamment son Lament for a nation). Rien n'interdit de se
pencher sur le conservatisme canadien-français d'un Thomas Chapais et
des jeunes intellectuels des années 1930 (Les Jeune Canada et l'équipe
de La relève, pas nécessairement conservateurs, mais soucieux de
revivifier un Canada français fatigué par la Crise de 1929 avec une sève
nationaliste et spirituelle). Le matériel est là, il suffit de la
volonté et d'un effort intellectuel. S'ils cessent un jour de se
satisfaire d'être un PLC bis les conservateurs canadiens pourront
peut-être accéder au rang de véritable opposition, voudront-ils un jour
être autre chose que l'équipe B de la politique canadienne, quelque
chose comme le natural opposition party, exact pendant du natural gouvernment Party, rôle tenu par le PLC.
.
Les conservateurs canadiens pourraient par exemple commencer par mettre
de l'avant la défense et la promotion de la famille traditionnelle, il
faudrait pour cela accepter la perspective d'un affrontement frontal
avec les lobbies LBGT et pro-avortement (à ce chapitre, les
conservateurs canadiens pourraient commencer par s'opposer aux
avortements tardifs et aux avortements sélectifs). Autre front à ouvrir
celui de l'indépendance culturelle du Canada, nous méritons mieux qu'une
Mélanie Joly dans notre lutte contre les GAFA.
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