La
situation au Liban est chaque jour plus chaotique suite à l'explosion
de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium dans le port de Beyrouth, le 4 août
dernier. Le gouvernement Hassan Diab a présenté la démission de son
gouvernement devant la pression de la rue. La rue libanaise ne pourra
gouverner le pays et oeuvrer à sa reconstruction, il est assez évident
qu'elle ne souhaite pas remettre les rênes du pays à l'actuelle classe
politique, jugée incompétente et corrompue. «Dans la rue, les
négociations politiques en cours laissent quasi indifférents des
Libanais épuisés Une semaine après le drame , ils sont encore dans les
quartiers dévastés de Beyrouth en train de déblayer eux-mêmes les
décombres, fustigeant l'inertie de pouvoirs publics.» (Le Liban cherche
un nouveau gouvernement, la rue indifférente et en colère, Journal de Montréal,
11 août). Colère et indifférence ne changeront rien à la réalité du
Liban. La nature a horreur du vide, la reconstruction politique du Liban
se fera que cela plaise ou non à la rue libanaise avec les forces
politiques religieuses existantes; l'explosion du 4 août n'a pas fait
disparaître les sunnites et les chiites du pays, pas plus d'ailleurs que
les chrétiens maronites. Certaines de ces forces sont déjà à la
manoeuvre: «La position de l'influent Hezbollah et celle de son allié ,
le chef du Parlement Nabih Berri, (un chiite , dirigeant par ailleurs du
mouvement Amal, NDA) n'a pas encore été dévoilée, souligne le
quotidien» (il s'agit du quotidien Al Akhbar, proche du Hesbollah, NDA)
Le Liban ne découvrira peut-être même pas de nouveaux hommes, les
grandes familles libanaises travaillant probablement déjà activement à
une relève, en propulsant à l'avant-scène leurs cadets (Parions que
pour les maronites, un Gemayel émergera et aura un rôle à jouer, à moins
qu'un Chamoun ou un Eddé ne sorte de la coulisse. Il est improbable que
le Liban puisse faire l'économie du Hezbollah. Le Liban entrera dans
une nouvelle ère politique, sortant dramatiquement de l'ère du Pacte
national conçu en partie par les Français avant l'indépendance du Liban
(pace fonctionnant jusqu'à l'émergence de deux nouveaux acteurs
étrangers au Pacte (les Palestiniens et les Israéliens), mais il
demeurera tributaire de sa diversité et sa nouvelle donne politique
devra tenir compte de cette diversité Il n'y aura pas de table rase au
Liban Le Liban se dirige probablement vers un nouveau compromis
historique, malgré l'ampleur de la tragédie, il faut probablement d'ores
et déjà prévoir que l'aide internationale se fera à travers des réseaux
communautaires et que la Croix-Rouge dans l'urgence ne tiendra pas
réinventer la roue. À prévoir, donc une reconstruction très écologique,
c'est à dire, avec beaucoup de recyclage.
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