Sunday, August 30, 2020

Non au racisme dans les beaux quartiers!


Véronique Cloutier fait parti des personnages à qui l'accès à un micro ou à un studio de télévision confère au Québec, sans autre mérite, le statut de«personnalité» Ne se contentant pas de l'audio visuel, elle a fait suivre télévision et radio par le lancement d'un magazine, humblement baptisée «Véro», la simplicité des grands, quoi. La jeune femme, peut-être en mal de respectabilité sociale, se frotte dans le dernier numéro de Véro à la question de l'heure. le racisme. Ce numéro thématique de Véro, avec moult photos très léchées et beaucoup de publicité (c'est le genre qui le veut), mais pas trace d'analyse pour ne pas perdre la lectrice .
Véro en dépit de toutes ces prétentions n'est pas autre chose qu'un magazine féminin à la mode des années 2 010, avec son habituel cortège de recettes de cuisine, de conseils de beauté et de maquillage et de psychologie populaire. Une mouture années 2010 des Chatelaine et Elle Québec que nous connaissions déjà. Un peu de conscience sociale avec le lot habituel de photos de mode, de recettes et de conseils pour «la femme». Les rédactrices de ces revues considèrent probablement qu'elles ont contribué à la cause du féminisme des années 1960 , 1970, avec des questions fondamentales comme; clitoridienne ou vaginale et à la recherche de votre point G, que du fondamental quoi. Au-delà de l'intérêt de ces revues , il ne faut pas mésestimer leur capacité de nuisance, une revue comme Véro est en effet destinée à finir sa vie dans les salles d'attente des dentistes et des cliniques médicales démultipliant ainsi sa capacité de nuisance. La lecture de la plus récente livraison de Véro (intitulé non au racisme!), Automne 2020, en kiosque actuellement  est  instructive; dans l'ours du magazine, Véronique Cloutier se présente comme la muse en chef de l'entreprise. Une muse à qui il faut reconnaître une certaine honnêteté, elle reconnait: » Depuis le meurtre de George Floyd je m'instruis, je discute, je lis. Bref, j'avance enfin et je souhaite poser des gestes concrets. Difficile de ne pas conclure à un intérêt bien récent et surtout bien opportuniste. Opportunisme illustré par son mentor pour ce numéro spécial: «Dès le départ, des gens bienveillants*nous ont mis en garde sur la manière dont pourrait être reçue cette initiative: la peur d'être «tokenisées»** et la crainte qu'il s'agisse d'un simple coup de marketing. 
 

 
 
Note sur les notes en bas de page: parmi les gens bienveillants évoqués par Véronique Cloutier , elle mentionne Fabrice Vil, professionnel de l'antiracisme (voir sur ce blogue F***k le code, 5 février), quelle salue en ces termes: «Merci Fabrice Vil pour ton écoute et tes sages conseils.» 
En ce qui a trait à la seconde note en bas de page:»Elle écrit À propos de «tokénisme» un mot récent, traduit de l'anglais(en français, le mot token signifie « jeton»): l'expression fit référence à la pratique à laquelle un groupe ou un organisme recours afin d'inclure des personnes des minorités dans le but de se targuer d'être inclusif.» (Il n'y a personne à la rédaction de Véro pour  connaître le sens de l'expression «de service» comme dans «Noires de service» qui véhicule le sens de l'anglicisme «tokenisée». Véronique Cloutier explique dans ses termes, la raison d'être de ce numéro spécial :«Et je suis persuadée, humblement, que notre tribune  peut contribuer à rejoindre un large public qui est peut-être moins informé ou sensibilisé au racisme systématique. Il ne nous restait qu'à convaincre ces femmes. (Objectif donc, sensibiliser ces femmes, à l'évangile «tendance » de l'antiracisme NDA et en sous-entendu ,corrolaire, des femmes nécessairement blanches et nécessairement racistes car peu sensibilisés à l'existence d'un racisme systémique au Québec), Notre proposition a été reçue avec tellement d'enthousiasme et les filles ont accepté avec tellement de générosité que nous nous sommes retrouvées avec 11 femmes invitées[...]* Quelle joie1 nous sommes allées et nous avons réalisé les 11 magnifiques portraits (bravo, Andréanne Gauthier!). Autre action concrète et geste de soutien antiraciste: nous remettrons une partie des profits de ce numéro à la Librairie Racines, qui met notamment de l'avant la diversité et les auteurs racisés.[...] Madame Cloutier, il faut ce méfier des «gens bienveillants» qui sont d'abord des propagandistes la Librairie Racines n'a rien d'une initiative antiraciste, c'est au contraire une initiative profondément raciste, car il s'agit substantiellement de faire connaître les littératures racisées et les auteurs racisés (Gabriella Kinté: les racines du mal, La Presse, 12 février 2018 . Et dans une perspective à long terme , nous ferons un effort supplémentaire pour engager des gens de couleur au sein de l'entreprise.»Ne vous en déplaise, Madame Cloutier, c'est par là qu'il fallait commencer.
 
Note: Il y a beaucoup à dire sur les»11femmes inspirantes» de Véro. Nous sommes loin d'une choix représentatif des femmes afro-descendantes du Québec. Véronique Cloutier n'a pas cherché loin et n'est guère sorti de son cocon médiatico artistique. Deux de ces «femmes inspirantes» sont des anciennes concurrentes de La Voix (dont Mélissa Bédard)»Femmes inspirantes» la chanteuse Sarahmée, l'animatrice à Télé-Québec, Noémie Mercier et l'organisatrice du Festival du film Black de Montréal, Fabienne Colas. Pour paraphraser l'expression populaire; «Tu peux sortir la fille du show-business, mais tu ne peux pas sortir le show-businness de la fille. «Rare excursion hors du champ du show-business, l'inclusion de Régine Laurent , présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfantes la protection de la jeunesse, Tant qu'à  présenter du «beau monde», pourquoi pas de portraits de Nadine Girault et Dominique Anglade, je m'interroge, je ne regrette pas leur absence. à remarquer l'absence de travailleuses afro-descendantes comme une infirmière ou, mieux, un «ange gardien» préposée aux bénéficiaires, pas assez glamour aux yeux de Madame Cloutier. Madame Cloutier n'en a que pour les beaux quartiers.

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