Thursday, July 18, 2019

La caricature


Les salles de rédaction montréalaises  se sont intéressées quelques minutes au décès de Johnny Clegg (le musicien sud-africain Johnny Clegg s'est éteint, La Presse,16 juillet, Le musicien sud-africainJohnny Clegg est décédé, Le Devoir, 17 juillet, personne n'est mort à la tâche dans les salles de rédaction, les deux quotidiens travaillant à partir d'un communiqué de l'Agence France-Presse (AFP). Plus vaillant que ses confrères , le chroniqueurs, Claude Villeneuve, se fend pour sa part d'un article qui convaincrait, les plus septiques de demander au Vatican l'ouverture du processus de canonisation du musicien: « Johnny Clegg est considéré comme l'un de ceux qui auront fait le plus pour mettre fin à l'apartheid, qui n'a toutefois pas mis fin à l'inégalité de destin entre les Noirs et les Blancs en Afrique du Sud. Contre celle-ci, Clegg n'a jamais cessé de lutter.» (Le Zoulou blanc, Journal de Montréal, 18 juillet).  Claude Villeneuve se rend-il compte qu'il frôle le crime de lèse-Mandela avec ses propos. Musicien sud-africain opposé à l'apartheid (est-ce qu'un musicien sud-africain qui n'aurait pas été anti-apartheid susciterait l'intérêt des journalistes montréalais, poser la question...). Le chanteur était connu notamment chez nous pour des passages au festival international de jazz de Montréal en 1988 et, la même année au Festival d'été de Québec. Connu sous le surnom de « Zoulou blanc » pour sa tentative de fusion de la musique traditionnelle zouloue et de la musique pop occidentale. Johnny Clegg s'était aussi fait connaître pour l'intégration de quelques pas de danse zouloue à ses spectacles. Youtube a conservé des traces de ces efforts, n'étant pas chorégraphe, la seule chose que je puisse dire est que le « Zoulou blanc » ne craignait pas le ridicule. Pour demeurer dans une thématique sud-africaine lors de cette éventuelle visite à Youtube et tant qu'a être sur Youtube. Je vous invite à visionner De la Rey Song interprétée par Bok van Blerk.


Le comportement de traître de Clegg sans être excusable peut se comprendre. Clegg n'était pas Afrikaner et était profondément acculturé. Né en 1953 au Royaume Uni d'un père britannique et d'une mère zimbabwéenne, chanteuse de cabaret[...]. Admirons le travail bâclé de l'AFP, la biographie de Clegg sur Wikipedia indique que sa mère est née sur le territoire de l'ancienne Rhodésie du Sud dans une famille de paysans juifs lituaniens et polonais. Son père, Denis Clegg, est bien britannique. Clegg n'avait donc rien d'africain, (pas plus qu'un veau qui naît dans une écurie, ne devient pur-sang pour autant). C'est son  beau-père issu d'une vieille famille afrikaner qui l'initie aux cultures locales, Johnny Clegg assure que son refus de l'apartheid n'a rien de politique. « je n'étais pas motivé politiquement, mais culturellement. J'aime la musique et la danse » explique-t-il.» (conclusion: ne jamais laisser le sort d'un pays entre les mains d'un saltimbanque). Johnny Clegg, plus chanceux que bien des fermiers sud-africains blancs s'est éteint paisiblement entouré des siens. 
On le voit, Clegg avant de devenir le « Zoulou blanc » était déjà largement étranger à son pays. Contrairement à ceux qui s'extasient sur la carrière rassembleuse de Clegg, nous devons conclure que le musicien ne fut finalement qu'une caricature, caricature de Zoulou et caricature de Blanc.

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