Friday, July 5, 2019

Eux aussi


L'information n'a pas trouvé preneur au Québec, elle est pourtant instructive sur la situation socio politique de l'État d'Israël, État d'exception (voir sur ce blogue, "Faites ce que je dit, pas ce que je fais", 12 mars).  Elle pourtant a trouvé une place dans l'hebdomadaire de gauche français, Marianne (Émeutes en Israël, déchiré par le drame des juifs noirs, Marianne, 3 juillet): « Des émeutes secouent l'État hébreu après la mort d'un jeune Israélien d'origine éthiopienne, Salomon Tekah (19 ans), sous les balles d'un policier. Ce drame ravive les blessures de la communauté juive noire , 35 ans après son arrivée spectaculaire d'Addis Abeba sur le sol israélien.» « Cette mort constitue « un meurtre » accuse une jeunesse descendue dans la rue , de Haîfa à Tel-Aviv et Beersheva. Des émeutes secouent l'État hébreu. [...], mais aussi tapis de bougies de deuil dans les villes du sud: une fois de plus, la communauté des Israéliens noirs crie sa colère, sa douleur et sa frustration. » Ces Israéliens noirs sont aujourd'hui 140 000 en Israël, dont 50 000 nés en terre israélienne. « Pour Israël , le sauvetage des juifs noirs  prouvait la vitalité et la nécessité du sionisme. On les appela à tort « Falachas » ce qui signifie à tort « sans terre » en langue amharique. Les juifs éthiopiens , eux, se nomment depuis des siècles « Beta Israël», «la maison d'israël».
 
 
 
Comme toute intégration en Israël- comme auparavant celle des séfarades , les juifs orientaux- celle des juifs noirs se réalisa de façon paradoxale. [...] Le rabbinat porte une terrible part de responsabilité.Alors que le destin des juifs noirs constituait un témoignage sidérant de l'attachement séculaire au judaïsme biblique( le distinguo ne manque pas d'intérêt si l'on veut se souvenir de la thèse de l'origine khazar des juifs ashkénaze proposée par Arthur Koestler dans son ouvrage, La Treizième tribu). [...] les autorités religieuses ont multiplié les humiliations. Israël les avait pourtant reconnus comme juifs en 1975, ce qui ouvrait l'accès à la loi du retour, mais on exigea des conversions pour les marier ! L'autorité des « kessim » , les chefs religieux éthiopiens fut rabaissée. Dans les cimetières , un rabbin non-africain dirigeait la cérémonie tandis que les kessim faisaient les prières dix mètres plus loin. Insulter l'autorité morale des hommes vers lesquels les Éthiopiens s'étaient toujours tournés dans l'épreuve constitua une faute lourde. [ ...]Enfin, on jugea le sang noir indigne de la collecte nationale. [...] Comme n'importe quelle société , Israël est confronté à la pulsion raciste. Avec cette différence : l'anathème est le sport favori d'une nation unie par les guerres mais prompte à se retourner contre elle-même . »

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