L'information n'a pas trouvé preneur au
Québec, elle est pourtant instructive sur la situation socio politique
de l'État d'Israël, État d'exception (voir sur ce blogue, "Faites ce que
je dit, pas ce que je fais", 12
mars). Elle pourtant a trouvé une place dans l'hebdomadaire de gauche
français,
Marianne (Émeutes en Israël, déchiré par le drame des juifs noirs,
Marianne, 3 juillet): « Des émeutes secouent l'État hébreu après
la mort d'un jeune Israélien d'origine éthiopienne, Salomon Tekah (19
ans), sous les balles d'un policier. Ce drame ravive les blessures de la
communauté juive noire , 35 ans après
son arrivée spectaculaire d'Addis Abeba sur le sol israélien.» « Cette
mort constitue « un meurtre » accuse une jeunesse descendue dans la rue ,
de Haîfa à Tel-Aviv et Beersheva. Des émeutes secouent l'État hébreu.
[...], mais aussi tapis de bougies de deuil
dans les villes du sud: une fois de plus, la communauté des Israéliens
noirs crie sa colère, sa douleur et sa frustration. » Ces Israéliens
noirs sont aujourd'hui 140 000 en Israël, dont 50 000 nés en terre
israélienne. « Pour Israël , le sauvetage des juifs
noirs prouvait la vitalité et la nécessité du sionisme. On les appela à
tort « Falachas » ce qui signifie à tort « sans terre » en langue
amharique. Les juifs éthiopiens , eux, se nomment depuis des siècles
« Beta Israël», «la maison d'israël».
Comme toute intégration en Israël-
comme auparavant celle des séfarades , les juifs orientaux- celle des
juifs noirs se réalisa de façon paradoxale. [...] Le rabbinat porte une
terrible part de responsabilité.Alors que
le destin des juifs noirs constituait un témoignage sidérant de
l'attachement séculaire au judaïsme biblique( le distinguo ne manque pas
d'intérêt si l'on veut se souvenir de la thèse de l'origine khazar des
juifs ashkénaze proposée par Arthur Koestler dans
son ouvrage, La Treizième tribu). [...] les autorités
religieuses ont multiplié les humiliations. Israël les avait pourtant
reconnus comme juifs en 1975, ce qui ouvrait l'accès à la loi du retour,
mais on exigea des conversions pour les marier
! L'autorité des « kessim » , les chefs religieux éthiopiens fut
rabaissée. Dans les cimetières , un rabbin non-africain dirigeait la
cérémonie tandis que les kessim faisaient les prières dix mètres plus
loin. Insulter l'autorité morale des hommes vers lesquels
les Éthiopiens s'étaient toujours tournés dans l'épreuve constitua une
faute lourde. [ ...]Enfin, on jugea le sang noir indigne de la collecte
nationale. [...] Comme n'importe quelle société , Israël est confronté à
la pulsion raciste. Avec cette différence
: l'anathème est le sport favori d'une nation unie par les guerres mais
prompte à se retourner contre elle-même . »
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