Il y a des « informations » qui suscitent cette question faut-il en rire ou en pleurer?
puis en y songeant quelques secondes,
est-ce la peine d'en parler? Oui, si un grand quotidien montréalais juge
bon d'y consacrer un article et qu'une chaîne télévisuelle
d'information continue y consacre un topo (LCN,
dans le cadre de l'émission Le Québec matin du 10 juillet.
Une certaine Alissa Bonneville donne à des touristes des cours de sacres (Cours de sacres pour les touristes sur Airbnb,
Journal de Montréal, 10 juillet). « La scène se passe un dimanche
soir dans le restaurant Frites Alors de la rue Rachel, dans le Plateau
Mont-Royal. Trois Américaines , trois française et une Ontarienne
dégustent des poutines, tandis qu'Alissa
Bonneville , pendant une heure et demie , leur inculque des rudiments
de joual. « Cri...de câli... de tabar...» articule laborieusement une
touriste texane avec l'accent qu'on peut imaginer. tous les autres
applaudissent. « Cib...d'host...de Sacra... »bredouille à
son tour une voyageuse originaire du New Jersey. Bravo! Une
Strasbourgeoise choque tout le monde en prononçant le mot « tabernacle »
de la manière la plus franco-française possible.» Hommage à cette
Strasbougeoise, fière et fidèle à sa langue. « C'est sûr
que les gens rient! Pas juste mon groupe , les gens autour. C'est
amusant pour les Québécois d'entendre des étrangers de partout dans le
monde essayer de sacrer!» lance Alissa Bonneville . Ses élèves sont un
tiers anglophones , un tiers Français\Suisses\Belges
et un tiers d'ailleurs. « Beaucoup de Français de Français désirent
s'initier au joual! » remarque-t-elle. Il n'est probablement pas venu à
l'esprit du journaliste (Louis-Philippe Messier) que beaucoup de
Québécois se désolent de la présence des sacres dans
la langue française du Québec. «Mme Bonneville commence ses ateliers en
résumant en vingt minutes l'histoire du Québec contemporain, notamment
en ce qui a trait à la Loi 101 ou au référendum de 1995. Elle mentionne
bien sûr le Frère Untel (Jean-Paul Desbiens
)qui a forgé l'expression « joual »(manière populaire de prononcer
cheval) pour désigner le patois national. Originaire d'Ottawa et ayant
surtout vécu dans le West Island, mentionne telle aux participants à ses
« cours de sacres » que le frère Untel luttait
justement pour affranchir la langue française des pesanteurs de la
gangue du joual et qu'il serait aujourd'hui le premier à s'indigner de
ce «cours de sacres» et du franglais pratiqué par certains de nos
contemporains. Pleurer ne suffit pas. On songe que seul
le mépris pour le Québec d'une Anglophone du West Island peut conduire
Madame Bonneville à donner des « cours de sacres » à des touristes en
visite au Québec attablés devant cet autre fleuron québécois qu'est la
poutine. Il faut haïr le Québec pour laisser
des touristes regagner leur pays d'origine avec le sentiment que deux
des belles illustrations du Québec sont d'une part les sacres et d'autre
part la poutine. Une suggestion, afin de demeurer dans le ridicule,
nous pourrions nous inspirer du traitement réservé
aux joueurs tricheurs dans les albums de Lucky Luke , il
faudrait reconduire Madame Bonneville à la frontière du Québec et de
l'Ontario sur un rail de chemin de fer couverte de goudron et de plumes,
le ridicule à défaut de la tuer, la fera
peut-être taire.
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