Politics make strange bedfellows
affirme un adage américain bien connu. Cela peut aller jusqu'aux
mésalliances. Au chapitre des mésalliances, il faut évidemment compter,
le protocole d'entente intervenue entre le
Quebec Community Groups Network (QCGN), l'Assemblée de la
francophonie l'Ontario (AFO) et la Société de l'Acadie du
Nouveau-Brunswick(SANB), dévoilé le 3 juillet dernier. Le protocole
porte sur l'intention des organismes signataires de faire
des langues officielles, notamment de la modernisation de la Loi sur
les langues officielles, un enjeu électoral, les signataires entendent
aussi consolider les institutions existantes chez les minoritaires.
Serge Minville (chaire de recherche en histoire
de l'Ontario français, Université Laurentienne) et Stéphanie Chouinard
(professeure adjointe, science politique, collège militaire royal et
Queen's University) écrivent: » Cette annonce en a fait sursauter plus
d'un. [...], cette curieuse alliance entre les
associations représentant les francophones de l'Ontario et du
Nouveau-Brunswick avec le QCGN apparaît contradictoire, et même
incompréhensible. remettant en question la solidarité franco-canadienne.
(La relation paradoxale du Québec et de la francophonie canadienne,
Le Devoir, 6 juillet). Plus direct, le chroniqueur Mathieu
Bock-Côté (MBC) préfère parler de trahison: » Nous somme devant une
fumisterie sans nom, et une authentique trahison. Car il n'y a aucune
comparaison possible entre la situation des
anglophones au Québec et celle des francophones au Canada anglais. En
faisant le choix de laisser croire le contraire, les francophones se
prêtent à une propagande haineuse. » (« La trahison »,
Journal de Montréal, 6 juillet).
Juste retour des choses, pourront penser certains. Le nationalisme
québécois n'a-t-il pas d'abord lui-même tourné le dos à la francophonie
canadienne jouant la carte de l'accession à l'indépendance. Choix
déchirant,
mais imposé par les conditions, le Québec n'avait pas le moyens de
poursuivre deux politiques à la fois; celle de la francophonie
canadienne et du combat national du Québec. La défense du foyer
national des francophones d'Amérique devait naturellement et
logiquement l'emporter. La survie de la francophonie québécoise
conditionne celle de la survie de la francophonie canadienne si tant est
que cette dernière ait un avenir. "Québec d'abord" serions nous tentés
de clamer en donnant raison à MBC lorsqu'il écrit:
« Soyons sérieux: il y a certainement une majorité historique
francophone au Québec. Mais à l'échelle du Canada comme de l'Amérique du
nord , elle demeure une minorité structurellement fragile. À cause de
l'immigration massive, elle pourrait bien , d'ici un
siècle, devenir minoritaire au Québec, d'ailleurs.[...] »
Il est peut-être exagéré de parler de
trahison pour reprendre le terme utilisé par MBC pour décrire cette
concentration nécessaire sur le Québec, le terme abandon convient
peut-être plus, il fallait compte tenu des
ressources de l'époque, un demi-État (un État provincial), l'absence de
grands leviers économiques pour le Québec. C'est à la génération de la
Révolution tranquille que reviendra de mener à terme la création de
l'Hydro-Québec, de la Caisse de dépôt et de placement,
la Société générale de financement. Quelques années plus tard, le Parti
québécois reprendra le contrôle de notre immigration avec les accords
Cullen-Couture et nous pourrons franciser cette immigration avec
la loi 101. Il est heureux que le gouvernement actuel se montre soucieux
de contrôler notre immigration (loi 9) et de franciser les immigrants.
Avons nous les moyens financiers
et intellectuels d'aider la francophonie canadienne et de la détacher
de l'orbite du ministère canadien du Patrimoine et de ses subventions.
Historiquement la solidarité avec les francophones hors-Québec (FHQ) fut
surtout le fait de l'Église. L'Église québécoise
post-conciliaire s'en lava les mains absorbée qu'elle était par le vent
de réformes qui soufflait sur elle. L'État du Québec ne joua qu'un rôle
mineur dans cette solidarité. Le gouvernement Legault fort d'un
nationalisme retrouvé et de ses surplus budgétaires
osera-t-il mettre en place une politique de rapprochement avec les
groupes représentant les FHQ.
No comments:
Post a Comment