Tuesday, July 9, 2019

Le premier abandon


Politics make strange bedfellows affirme  un adage américain bien connu. Cela peut aller jusqu'aux mésalliances. Au chapitre des mésalliances, il faut évidemment compter, le protocole d'entente intervenue entre le Quebec Community Groups Network (QCGN), l'Assemblée de la francophonie l'Ontario (AFO) et la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick(SANB), dévoilé le 3 juillet dernier. Le protocole porte sur l'intention des organismes signataires de faire des langues officielles, notamment de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, un enjeu électoral, les signataires entendent aussi consolider les institutions existantes chez les minoritaires. Serge Minville (chaire de recherche en histoire de l'Ontario français, Université Laurentienne) et Stéphanie Chouinard (professeure adjointe, science politique, collège militaire royal et Queen's University) écrivent: » Cette annonce en a fait sursauter plus d'un. [...], cette curieuse alliance entre les associations représentant les francophones de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick avec le QCGN apparaît contradictoire, et même incompréhensible. remettant en question la solidarité franco-canadienne. (La relation paradoxale du Québec et de la francophonie canadienne, Le Devoir, 6 juillet). Plus direct, le chroniqueur Mathieu Bock-Côté (MBC) préfère parler de trahison: » Nous somme devant une fumisterie sans nom, et une authentique trahison. Car il n'y a aucune comparaison possible entre la situation des anglophones au Québec et celle des francophones au Canada anglais. En faisant le choix de laisser croire le contraire, les francophones se prêtent à une propagande haineuse. » (« La trahison », Journal de Montréal, 6 juillet).


Juste retour des choses, pourront penser certains. Le nationalisme québécois n'a-t-il pas d'abord lui-même tourné le dos à la francophonie canadienne jouant la carte de l'accession à l'indépendance.  Choix déchirant, mais imposé par les conditions, le Québec n'avait pas le moyens de poursuivre deux politiques à la fois; celle de la francophonie canadienne et du combat national du Québec.  La défense du foyer national des francophones d'Amérique devait naturellement et logiquement l'emporter.  La survie de la francophonie québécoise conditionne celle de la survie de la francophonie canadienne si tant est que cette dernière ait un avenir.  "Québec d'abord" serions nous tentés de clamer en donnant raison à MBC lorsqu'il écrit: « Soyons sérieux: il y a certainement une majorité historique francophone au Québec. Mais à l'échelle du Canada comme de l'Amérique du nord , elle demeure une minorité structurellement fragile. À cause de l'immigration massive, elle pourrait bien , d'ici un siècle, devenir minoritaire au Québec, d'ailleurs.[...] »

Il est peut-être exagéré de parler de trahison pour reprendre le terme utilisé par MBC pour décrire cette concentration nécessaire sur le Québec, le terme abandon convient peut-être plus, il fallait compte tenu des ressources de l'époque, un demi-État (un État provincial), l'absence de grands leviers économiques pour le Québec. C'est à la génération de la Révolution tranquille que reviendra de mener à terme la création de l'Hydro-Québec, de la Caisse de dépôt et de placement, la Société générale de financement. Quelques années plus tard, le Parti québécois reprendra le contrôle de notre immigration avec les accords Cullen-Couture et nous pourrons franciser cette immigration avec la loi 101. Il est heureux que le gouvernement actuel se montre soucieux de contrôler notre immigration (loi 9) et de franciser les immigrants.  Avons nous les moyens financiers et intellectuels d'aider la francophonie canadienne et de la détacher de l'orbite du ministère canadien du Patrimoine et de ses subventions. Historiquement la solidarité avec les francophones hors-Québec (FHQ) fut surtout le fait de l'Église. L'Église québécoise post-conciliaire s'en lava les mains absorbée qu'elle était par le vent de réformes qui soufflait sur elle. L'État du Québec ne joua qu'un rôle mineur dans cette solidarité. Le gouvernement Legault fort d'un nationalisme retrouvé et de ses surplus budgétaires osera-t-il mettre en place une politique de rapprochement avec les groupes représentant les FHQ.

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