Tuesday, June 25, 2019

Si peu nationale

La fête nationale 2019 est désormais derrière nous, Elle a été accompagnée comme au cours des années précédentes par le traditionnel grand spectacle de la fête nationale. Il y a habituellement deux spectacles, celui de Québec, le 23 juin et celui de Montréal, le 24 juin. Spectacles sensés honorer la fête nationale. Alors que notre refus de faire l'indépendance, nous condamne à célébrer dès lors une fête provinciale. Qu'en est-il cette année de l'hommage montréalais à la nation? Que fêter dans un tel cadre? Le contenu des festivités montre d'ailleurs année après année, la difficulté d'être de ces spectacles privés de leur dimension politique Nous sommes donc année après année devant de vastes spectacles de variétés. Le grand spectacle de la fête nationale 2019 est représentatif à cet égard, malgré ses prétentions à être une fête nationale, quelques artistes, souvent les mêmes, chantonnent quelques ritournelles dont les paroles françaises cachent mal les mélodies rock. Le spectacle de la fête Nationale 2019 n'échappe pas à cette règle du spectacle de variétés provincial malgré ses prétentions à s'auto proclamer « fête nationale ».
En dépit de l'ambition des organisateurs d'organiser un spectacle pour tous les goûts et tous les âges (Pour tous les goûts au spectacle de la fête nationale à Montréal, Journal de Montréal, 23 juin), le spectacle s'adresse surtout à des jeunes.




inspirée par un enthousiasme qu'il est difficile de ne pas tenir pour un « enthousiasme de commande », la journaliste Marie-Josée R. Roy écrit: « Animé pour une troisième édition par Guillaume Lemay-Thivierge (...toujours les mêmes...), le grand rassemblement a commencé avec un pot-pourri de « chansons anciennes » offert par le choeur Expérience Gospel (y a-t-il encore au Québec des choeurs qui ne soient pas gospel?) et le violoniste Alexandre Da Costa. on y a reconnu les immortels titres À la claire fontaine, Partons la mer est belle et C'est l'aviron qui nous mène, entres autres, émaillé des incontournables petits drapeaux bleus et blancs qui fendaient l'air un peu partout (comme s'il suffisait d'agiter un petit drapeau, probablement fait en Chine, pour avoir un pays). Va pour le fait de chanter ces « chansons anciennes » qui ne vieillissent pas. Quel est l'intérêt d'interpréter Call Girl (reprise par Marie-Hélène Thibert) et les Boys par Éric Lapointe?Même question pour l'hommage rendu au hip-hop québécois par le rappeur Koriass. Pour en rester à Éric Lapointe, nous avons eu droit avec lui à une ouverture aux accents de J'ai le rock'n'roll et toé, Lapointe n'a jamais prétendu être un académicien, mais pouvons nous souhaiter un traitement moins cavalier de la langue française lors du grand spectacle de la Fête nationale? Encore tout à son « enthousiasme de commande », la journaliste poursuit en écrivant : « toute la bande (Jenny Salgado(une rappeuse d'origine haïtienne), Koriass, Marie-Michèle Desrosiers, Guylaine Tanguay) s'est ensuite unie au son de la réjouissante Gayé de Fouki. une chanson si réjouissante qu'il convient d'en citer les paroles du refrain. 
On est gayé
On est prayé
On est baté
On a fumé toute la journée
On est buzzé
On est poqué
On est gayé gayé
On est gayayayayé
On est gayayayayé
On est gayayayayé
Pour ceux qui ignoreraient le sens du mot gayé, le mot signifie simplement stone, il vient du créole et dérive du terme gayance, qui signifie gaité ou être emporté par la joie. Véritable apologie du pot et des paradis artificiels, on peut facilement imaginer l'intérêt d'interpréter une telle chanson dans le cadre la fête nationale.  
faudra-t-il appeler au secours Robert Charlebois et Pierre Bourgault dont le Entr' deux joints contient au moins une exhortation à sortir de l'apathie et de l'indifférence et à passer à l'action.
 
 
Le comité organisateur avait invité Mariana Mazza: « À cet égard, l'humoriste Mariana Mazza, maillot bleuet drapeau du Québec au dos a décliné un petit monologue sur « son » Québec multiculturel, avant de se commettre, de sa voix rauque, en duo avec Éric Lapointe sur N'importe quoi. Rien ne nous aura été épargné.
on ne demande de ressasser les chansons des Vigneault, Ferland et Claude Gauthier (Le grand six pieds) et Pauline Julien (avec cette ode superbe à l'hiver et à la femme canadienne-française qu'est À que l'hiver), mais nos auteurs compositeurs sont assez doués pour imaginer un répertoire  contemporain que nos concitoyens pourraient facilement mémoriser et fredonner collectivement. Plutôt que de payer pour des spectacles inutiles comme ceux du 24 juin, le comité organisateur de la fête nationale pourraient être l'initiateur d'un concours national pour susciter l'écriture de telle chansons.

No comments:

Post a Comment