La fête nationale 2019 est désormais
derrière nous, Elle a été accompagnée comme au cours des années
précédentes par le traditionnel grand spectacle de la fête nationale. Il
y a habituellement deux spectacles, celui
de Québec, le 23 juin et celui de Montréal, le 24 juin. Spectacles
sensés honorer la fête nationale. Alors que notre refus de faire
l'indépendance, nous condamne à célébrer dès lors une fête provinciale.
Qu'en est-il cette année de l'hommage montréalais à
la nation? Que fêter dans un tel cadre? Le contenu des festivités
montre d'ailleurs année après année, la difficulté d'être de ces
spectacles privés de leur dimension politique Nous sommes donc année
après année devant de vastes spectacles de variétés. Le
grand spectacle de la fête nationale 2019 est représentatif à cet
égard, malgré ses prétentions à être une fête nationale, quelques
artistes, souvent les mêmes, chantonnent quelques ritournelles dont les
paroles françaises cachent mal les mélodies rock. Le
spectacle de la fête Nationale 2019 n'échappe pas à cette règle du
spectacle de variétés provincial malgré ses prétentions à s'auto
proclamer « fête nationale ».
En dépit de l'ambition des
organisateurs d'organiser un spectacle pour tous les goûts et tous les
âges (Pour tous les goûts au spectacle de la fête nationale à Montréal, Journal de Montréal, 23 juin),
le spectacle s'adresse surtout à des jeunes.
inspirée par un enthousiasme qu'il est
difficile de ne pas tenir pour un « enthousiasme de commande », la
journaliste Marie-Josée R. Roy écrit: « Animé pour une troisième édition
par Guillaume Lemay-Thivierge (...toujours
les mêmes...), le grand rassemblement a commencé avec un pot-pourri de
« chansons anciennes » offert par le choeur Expérience Gospel (y a-t-il
encore au Québec des choeurs qui ne soient pas gospel?) et le violoniste
Alexandre Da Costa. on y a reconnu les immortels
titres À la claire fontaine, Partons la mer est belle et C'est l'aviron qui nous mène,
entres autres, émaillé des incontournables petits drapeaux bleus et
blancs qui fendaient l'air un peu partout (comme s'il suffisait d'agiter
un petit drapeau, probablement fait en Chine, pour avoir un pays). Va
pour le fait de chanter ces « chansons anciennes » qui ne vieillissent
pas. Quel est l'intérêt d'interpréter
Call Girl (reprise par Marie-Hélène Thibert) et les Boys
par Éric Lapointe?Même question pour l'hommage rendu au hip-hop
québécois par le rappeur Koriass. Pour en rester à Éric Lapointe, nous
avons eu droit avec lui à une ouverture
aux accents de J'ai le rock'n'roll et toé, Lapointe n'a jamais
prétendu être un académicien, mais pouvons nous souhaiter un traitement
moins cavalier de la langue française lors du grand spectacle de la Fête
nationale? Encore tout à son « enthousiasme
de commande », la journaliste poursuit en écrivant : « toute la bande
(Jenny Salgado(une rappeuse d'origine haïtienne), Koriass, Marie-Michèle
Desrosiers, Guylaine Tanguay) s'est ensuite unie au son de la
réjouissante
Gayé de Fouki. une chanson si réjouissante qu'il convient d'en citer les paroles du refrain.
On est gayé
On est prayé
On est baté
On a fumé toute la journée
On est buzzé
On est poqué
On est gayé gayé
On est gayayayayé
On est gayayayayé
On est gayayayayé
Pour ceux qui ignoreraient le sens du mot gayé, le mot signifie simplement
stone, il vient du créole et dérive du terme gayance, qui
signifie gaité ou être emporté par la joie. Véritable apologie du pot et
des paradis artificiels, on peut facilement imaginer l'intérêt
d'interpréter une telle chanson dans le cadre la
fête nationale.
faudra-t-il appeler au secours Robert Charlebois et Pierre Bourgault dont le
Entr' deux joints contient au moins une exhortation à sortir de l'apathie et de l'indifférence et à passer à l'action.
Le comité organisateur avait invité
Mariana Mazza: « À cet égard, l'humoriste Mariana Mazza, maillot bleuet
drapeau du Québec au dos a décliné un petit monologue sur « son » Québec
multiculturel, avant de se commettre,
de sa voix rauque, en duo avec Éric Lapointe sur N'importe quoi. Rien ne nous aura été épargné.
on ne demande de ressasser les chansons
des Vigneault, Ferland et Claude Gauthier (Le grand six pieds) et
Pauline Julien (avec cette ode superbe à l'hiver et à la femme
canadienne-française qu'est
À que l'hiver), mais nos auteurs compositeurs sont assez doués
pour imaginer un répertoire contemporain que nos concitoyens pourraient
facilement mémoriser et fredonner collectivement. Plutôt que de payer
pour des spectacles inutiles comme
ceux du 24 juin, le comité organisateur de la fête nationale pourraient
être l'initiateur d'un concours national pour susciter l'écriture de
telle chansons.
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