Saturday, June 22, 2019

Au-delà de la langue

Toute la poussière n'est pas retombée suite à l'adoption de la loi 21 sur la « laïcité », retombera-t-elle d'ailleurs un jour?
Après les manifestations dans la rue, nous en sommes maintenant aux affrontements feutrés des tribunes libres des quotidiens, mais le fond du débat ne change pas nécessairement. Jetant le gant, Eric Mendelsohn, avocat inscrit au Barreau du Québec, au Barreau de l'Ontario et à celui de l'État de New York écrit: « Cette loi représente un désaveu de certaines prémisses juridiques , politiques et morales fondamentales de la Constitution de l'État québécois, (grâce à Me Mendelsohn nous découvrons que l'État québécois a une constitution) prémisses qui se voulaient, jusqu'à maintenant, des éléments constitutifs de ce qu'on appelle aujourd'hui « l'identité québécoise ». Ce faisant , la loi opère un virage idéologique sans précédent dans l'histoire constitutionnelle du Québec moderne. Quelle est la nature de ce virage idéologique? Après avoir fait appel à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et à la Charte de la langue française, pour Me Mendelsohn, la Charte de la langue française: «elle renonçait dès ses premiers mot, à identifier le «peuple québécois» avec la majorité francophone , et encore moins avec les Québécois « de souche ». Au contraire, elle confirmait que le « peuple québécois » comprend tous ceux et celles qui habitent le territoire du Québec. Elle abondait dans ce sens en déclarant que le rayonnement de la langue française se poursuivrait « dans un esprit de justice et d'ouverture , dans le respect des institutions de la communauté québécoise d'expression anglaise et celui des minorités ethniques «dont l'apport précieux au développement du Québec était reconnu.  Bref la Charte de la langue française énonçait on ne peut plus clairement l'appartenance des minorités ethniques au « nous » québécois, titulaire de tous droits collectifs. Qu'en est-il alors de la loi 21 qui se veut une «loi fondamentale» qui entend modifier les « assises constitutionnelles »sur lesquelles «est fondé l'État québécois ? La loi renonce d'emblée à la notion inclusive du « peuple québécois» , remplacée par celle de « la nation québécoise » définie par ses « caractéristiques propres », dont un « parcours historique spécifique (...). De toute évidence, ce parcours historique est celui des Canadiens français et de leur rapport à l'Église catholique, et non pas celui des anglophones du Québec et des minorités ethniques. Les minorités sont ainsi évincées du « nous « québécois ». » (Un virage constitutionnel sans précédent, le Devoir, 18 juin).
Cette ode au nationalisme civique a rapidement suscité une réplique de Roméo Bouchard, l'ex-fondateur de l'Union paysanne (la nation et le peuple Québécois ne sont qu'une seule et même chose, Le Devoir, 20 juin)  Prenant ses distances avec le nationalisme civique de Me Mendelsohn, Bouchard écrit: «Tout d'abord, la nation et le peuple québécois sont une seule et même chose chose: il s'agit de cette collectivité sociale et politique issue du peuplement français, aujourd'hui concentrée sur le territoire du Québec, qui parle français comme langue commune, à laquelle se sont jointes , au cours des ans, des vagues d'immigrants qui s'intègrent progressivement à la nation ou peuple québécois tout en conservant leur héritage d'origine. » (Ce sont de tels immigrants qui sont descendus dans la rue pour manifester contre la loi 21, on les sentait alors s'intégrer progressivement à la nation ou peuple québécois). On regrettera que Roméo Bouchard tout en polémiquant avec Me Mendelhson, participe de la même logique « inclusive » que l'avocat avec ces « vagues d'immigrants qui s'intègrent progressivement à la nation ou peuple québécois ». Au-delà du fait qu'il ait gaspillé son encre, il faudra un jour que les souverainistes à la Roméo Bouchard revienne de l'illusion « Loi 101 », pour importante qu'elle soit la langue ne peut être seule constitutive de l'identité nationale, combien d' »enfants de la loi 101 » parmi ceux qui ont manifesté contre le projet de loi 21? Roméo Bouchard ajoute: »Cette distinction entre nation (comprise au sens ethnique) et peuple québécois est une invention pure et simple de ceux qui tiennent absolument à opposer les minorités aux Canadiens français , à refuser le caractère distinctif de la société et de l'État québécoise à traiter les Québécois de racistes.»
N'en déplaise à Roméo Bouchard, l'une assises les plus solides de la nation est l'ethnie.  La langue et la culture pouvant être acquises.  Roméo Bouchard le reconnaît lorsqu'il écrit au sujet de la nation et du peuple québécois: «cette collectivité sociale et politique issue du peuplement français, aujourd'hui concentrée sur le territoire du Québec ».  C 'est une évidence qu'énonce Bouchard, la nation et le peuple québécois plongent leurs racines dans cette poignée de colons français demeurés ici après la Conquête. C'est une réalité ethno culturelle qu'il faut accepter et intégrer à notre combat politique si nous ne voulons pas que le Québec interculturaliste des Taylor-Bouchard(Gérard, dans ce cas) ne soit qu'un Canada bis. Un Québec post national non merci

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