Toute la poussière n'est pas retombée suite à l'adoption de la loi 21 sur la « laïcité », retombera-t-elle d'ailleurs un jour?
Après les manifestations dans la rue,
nous en sommes maintenant aux affrontements feutrés des tribunes libres
des quotidiens, mais le fond du débat ne change pas nécessairement.
Jetant le gant, Eric Mendelsohn, avocat
inscrit au Barreau du Québec, au Barreau de l'Ontario et à celui de
l'État de New York écrit: « Cette loi représente un désaveu de certaines
prémisses juridiques , politiques et morales fondamentales de la
Constitution de l'État québécois, (grâce à Me Mendelsohn
nous découvrons que l'État québécois a une constitution) prémisses qui
se voulaient, jusqu'à maintenant, des éléments constitutifs de ce qu'on
appelle aujourd'hui « l'identité québécoise ». Ce faisant , la loi opère
un virage idéologique sans précédent dans
l'histoire constitutionnelle du Québec moderne. Quelle est la nature de
ce virage idéologique? Après avoir fait appel à la Charte québécoise
des droits et libertés de la personne et à la Charte de la langue
française, pour Me Mendelsohn, la Charte de la langue
française: «elle renonçait dès ses premiers mot, à identifier le
«peuple québécois» avec la majorité francophone , et encore moins avec
les Québécois « de souche ». Au contraire, elle confirmait que le
« peuple québécois » comprend tous ceux et celles qui
habitent le territoire du Québec. Elle abondait dans ce sens en
déclarant que le rayonnement de la langue française se poursuivrait
« dans un esprit de justice et d'ouverture , dans le respect des
institutions de la communauté québécoise d'expression anglaise
et celui des minorités ethniques «dont l'apport précieux au
développement du Québec était reconnu. Bref la Charte de la langue
française énonçait on ne peut plus clairement l'appartenance des
minorités ethniques au « nous » québécois, titulaire de tous droits
collectifs. Qu'en est-il alors de la loi 21 qui se veut une «loi
fondamentale» qui entend modifier les « assises constitutionnelles »sur
lesquelles «est fondé l'État québécois ? La loi renonce d'emblée à la
notion inclusive du « peuple québécois» , remplacée
par celle de « la nation québécoise » définie par ses
« caractéristiques propres », dont un « parcours historique spécifique
(...). De toute évidence, ce parcours historique est celui des Canadiens
français et de leur rapport à l'Église catholique, et non pas
celui des anglophones du Québec et des minorités ethniques. Les
minorités sont ainsi évincées du « nous « québécois ». » (Un virage
constitutionnel sans précédent, le Devoir,
18 juin).
Cette ode au nationalisme civique a
rapidement suscité une réplique de Roméo Bouchard, l'ex-fondateur de
l'Union paysanne (la nation et le peuple Québécois ne sont qu'une seule
et même chose,
Le Devoir, 20 juin) Prenant ses distances avec le nationalisme
civique de Me Mendelsohn, Bouchard écrit: «Tout d'abord, la nation et le
peuple québécois sont une seule et même chose chose: il s'agit de cette
collectivité sociale et politique
issue du peuplement français, aujourd'hui concentrée sur le territoire
du Québec, qui parle français comme langue commune, à laquelle se sont
jointes , au cours des ans, des vagues d'immigrants qui s'intègrent
progressivement à la nation ou peuple québécois
tout en conservant leur héritage d'origine. » (Ce sont de tels
immigrants qui sont descendus dans la rue pour manifester contre la loi
21, on les sentait alors s'intégrer progressivement à la nation ou
peuple québécois). On regrettera que Roméo Bouchard tout
en polémiquant avec Me Mendelhson, participe de la même logique
« inclusive » que l'avocat avec ces « vagues d'immigrants qui
s'intègrent progressivement à la nation ou peuple québécois ». Au-delà
du fait qu'il ait gaspillé son encre, il faudra un jour que
les souverainistes à la Roméo Bouchard revienne de l'illusion « Loi
101 », pour importante qu'elle soit la langue ne peut être seule
constitutive de l'identité nationale, combien d' »enfants de la loi
101 » parmi ceux qui ont manifesté contre le projet de
loi 21? Roméo Bouchard ajoute: »Cette distinction entre nation
(comprise au sens ethnique) et peuple québécois est une invention pure
et simple de ceux qui tiennent absolument à opposer les minorités aux
Canadiens français , à refuser le caractère distinctif
de la société et de l'État québécoise à traiter les Québécois de
racistes.»
N'en déplaise à Roméo Bouchard, l'une
assises les plus solides de la nation est l'ethnie. La langue et la
culture pouvant être acquises. Roméo Bouchard le reconnaît lorsqu'il
écrit au sujet de la nation et du peuple
québécois: «cette collectivité sociale et politique issue du peuplement
français, aujourd'hui concentrée sur le territoire du Québec ». C 'est
une évidence qu'énonce Bouchard, la nation et le peuple québécois
plongent leurs racines dans cette poignée de colons
français demeurés ici après la Conquête. C'est une réalité ethno
culturelle qu'il faut accepter et intégrer à notre combat politique si
nous ne voulons pas que le Québec interculturaliste des
Taylor-Bouchard(Gérard, dans ce cas) ne soit qu'un Canada
bis. Un Québec post national non merci
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