La
déclaration de Justin Trudeau suit un vote du Canada appuyant une
résolution des Nations Unies, résolution affirmant le droit à
l'autodétermination du peuple palestinien. Vote ayant inquiété l'un des
patriotes israéliens siégeant à la Chambre des Communes et veillant aux
intérêts israéliens à Ottawa (Malaise autour d'un vote du Canada contre
Israël aux Nations Unies, La Presse, 30 novembre). C'est le
député de la circonscription de Mont-Royal à la Knesset, Anthony
Housefather qui s'inquiète ainsi. Anthony Housefather ne doit pas se
sentir seul à Ottawa. «Le premier ministre Justin Trudeau estime qu'un
récent vote du Canada qui appuie une résolution des Nations Unies
affirmant le droit le droit à l'autodétermination du peuple palestinien
ne représente pas un changement dans la politique du Canada de ne pas
critiquer Israël sur la scène internationale.M.Trudeau a fait ces
commentaires lors de la cérémonie d'illumination de la menorah sur la
Colline du Parlement lundi , ou une centaine de parlementaires se sont
réunis pour souligner la prochaine fête juive de Hanoukka. [...]Mais
permettez-moi d'être très clair. notre amitié durable avec Israël
demeure. Nous continuerons de nous opposer fermement à cibler Israël à
l'ONU. Le Canada demeure un fervent défenseur d'Israël et le Canada
défendra toujours le droit d'Israël à vivre en sécurité . Et nous allons
toujours , toujours , nous prononcer contre l'antisémitisme au pays et à
l'étranger, vous avez ma parole ,» (Le soutien du Canada à Israël est
inébranlable, dit Trudeau, La Presse, 9 décembre).
Jusqu'ou
ira ce support inébranlable. Afin de donner à Israël des gages de ce
support, Justin Trudeau pourrait-il être tenté de s'inspirer d'Emmanuel
Macron qui vient de criminaliser l'antisionisme. Mesure qui ne fait pas
l'unanimité cependant:«Au coeur des reproches des opposants: le fait
qu'il associe l'antisionisme à une forme d'antisémitisme. En février,
Emmanuel Macron s'était dit favorable à cette définition, lors du dîner
du conseil représentatif des institutions juives de France(CRIF),
estimant alors que l'antisionisme représente «une des formes modernes de l'antisémitisme».
[...] Les opposants à cette définition craignent qu'elle ne soit
instrumentalisée pour délégitimer la critique du gouvernement israélien
et l'occupation en Cisjordanie. «À terme une logique de ce terme peut
porter atteinte à un certain nombre de droits d'expression , elle va
criminaliser des idées mais n'apporte pas d'outils supplémentaires pour
lutter contre l'antisémitisme et contre les racismes» s'inquiétait le député communiste
Pierre Dharéville dont le groupe, comme l'ensemble de ceux de gauche,
s'est opposé au texte.»(La résolution controversée sur la lutte contre
l'antisémitisme adoptée par les députés, Le Monde, 3
décembre). »Assimilant une opinion à un délit, le président de la
République affirme ce jour là [le jour de la commémoration de la rafle
du Vel d'Hiv, le 16 juillet 2017, en présence de Benjamin Netanyahou]:
«Nous ne céderons en rien à l'antisionisme, car c'est la forme
réinventée de l'antisémitisme.» Quelle arrière-pensée motive cet
amalgame ? Nul ne peut le dire. L'Objectif du CRIF, en tout cas est
clair : faire voter une loi criminalisant l'antisionisme, défini entre
les lignes comme la critique de la politique israélienne. Ce double
raccourci comporte une double erreur: historique et politique. Car
l'immense majorité des Juifs de L'État des Juifs de Théodor Herzl
(1896) à 1939, rejette le projet sioniste La preuve: sur les 3,5
millions de Juifs qui quittent l'Europe à l'époque , seuls 460 000 se
rendent Palestine.[...] Reste que les faits sont têtus: sept décennies
après la création de «leur» État, 6 millions de Juifs y vivent, mais 10
millions restent dans leur pays d'origine ou d'adoption. Et de 600 000 à
un million de citoyens juifs israéliens ont préféré s'installer
ailleurs ! Seraient-ils antisémites ces Juifs qui, à travers l'histoire,
ont tourné le dos au projet sioniste, ou résisté aux sirènes du
mouvement. (anti sémites, certainement pas, mais comme un Anthony
Housefather très utiles sous-marins dans leur pays d'accueil) De
surcroit, les conséquences d'une telle loi sur notre droit seraient
graves: elle y réintroduirait un délit d'opinion. Si les sionistes
pouvaient interdire l'antisionisme, pourquoi les communistes ne
prétendraient-ils pas en faire autant avec l'anticommunisme, les
gaullistes avec l'antigaullisme,[...]» (Pourquoi assimiler l'anti
sionisme à l'antisémitisme est inepte et dangereux, Marianne, 5 décembre). C'est une nouvelle victoire pour «le peuple d'élite. sûr de lui et dominateur» de De Gaulle.
Comme
si la France ne suffisait pas, ce sont les États-Unis qui quelques
jours plus tard adoptent un décret dont l'inspiration est assez
similaire. Le président Donald Trump a signé un décret visant à lutter
contre l'antisémitisme sur les campus universitaires. « Avec ce décret,
Donald Trump « défend les étudiants juifs» et «indique clairement que
l'antisémitisme ne sera pas toléré », a indiqué son gendre et conseiller
Jared Kushner [...] (qu'en termes choisis les choses sont dites, le
mari d'Ivanka Trump, n'est pas que le gendre de Donald Trump , c'est
aussi un Juif orthodoxe). Comme en France, la mesure ne fait pas
l'unanimité: «Mais des défenseurs de la liberté d'expression redoutent
qu'une définition trop large et trop vague de l'anti sémitisme soit
utilisée pour interdire tous les propos critiques envers la politique du
gouvernement israélien. » (Trump signe un décret controversé sur
l'antisémitisme, La Presse, 11 décembre). L'organisation juive
américaine progressiste, JStreet note à ce sujet:»This exécutive, like
the stalled congressional legislation it is based on, appears designed
less to combat antisemitism than to have a chilling effect on free
speech and to crack down on campus critics of Israel. J Street is
committed to fighting all forms of anti-semitism - and we feel it is
misguided and harmful for the White House to unilaterally declare a
broad range of nonviolent campus criticism of Israel to be anti-Semitic
[...] (Trump's Executive order is a cynical, harmful measure designed
to suppress free speech on college campuses , not fight anti-semitism,J Street,
11 décembre). À défaut de lever le pied sur le déménagement de
l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem ou sur l'approbation de
l'implantation de colonies juives dans les territoires palestiniens
occupés quoi de mieux que de faire les critiques des politiques de
l'entité sioniste. Pendant ce temps, le Québec s'occupe à discuter du
sort de la liberté d'expression de Mike Ward. À chacun ses combats.
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