Sunday, December 15, 2019

Simple coïncidence ou offensive concertée


La déclaration de Justin Trudeau suit un vote du Canada appuyant une résolution des Nations Unies, résolution affirmant le droit à l'autodétermination du peuple palestinien. Vote ayant inquiété l'un des patriotes israéliens siégeant à la Chambre des Communes et veillant aux intérêts israéliens à Ottawa (Malaise autour d'un vote du Canada contre Israël aux Nations Unies, La Presse, 30 novembre). C'est le député de la circonscription de Mont-Royal à la Knesset, Anthony Housefather qui s'inquiète ainsi. Anthony Housefather ne doit pas se sentir seul à Ottawa. «Le premier ministre Justin Trudeau estime qu'un récent vote du Canada qui appuie une résolution des Nations Unies affirmant le droit le droit à l'autodétermination du peuple palestinien ne représente pas un changement dans la politique du Canada de ne pas critiquer Israël sur la scène internationale.M.Trudeau a fait ces commentaires lors de la cérémonie d'illumination de la menorah sur la Colline du Parlement lundi , ou une centaine de parlementaires se sont réunis pour souligner la prochaine fête juive de Hanoukka. [...]Mais permettez-moi d'être très clair. notre amitié durable avec Israël demeure. Nous continuerons de nous opposer fermement à cibler Israël à l'ONU. Le Canada demeure un fervent défenseur d'Israël et le Canada défendra toujours le droit d'Israël à vivre en sécurité . Et nous allons toujours , toujours , nous prononcer contre l'antisémitisme au pays et à l'étranger, vous avez ma parole ,» (Le soutien du Canada à Israël est inébranlable, dit Trudeau, La Presse, 9 décembre). 
 
 
 
Jusqu'ou ira ce support inébranlable. Afin de donner à Israël des gages de ce support, Justin Trudeau pourrait-il être tenté de s'inspirer d'Emmanuel Macron qui vient de criminaliser l'antisionisme. Mesure qui ne fait pas l'unanimité cependant:«Au coeur des reproches des opposants: le fait qu'il associe l'antisionisme à une forme d'antisémitisme. En février, Emmanuel Macron s'était dit favorable à cette définition, lors du dîner du conseil représentatif des institutions juives de France(CRIF), estimant alors que l'antisionisme représente «une des formes modernes de l'antisémitisme». [...] Les opposants à cette définition craignent qu'elle ne soit instrumentalisée pour délégitimer la critique du gouvernement israélien et l'occupation en Cisjordanie. «À terme une logique de ce terme peut porter atteinte à un certain nombre de droits d'expression , elle va criminaliser des idées mais n'apporte pas d'outils supplémentaires pour lutter contre l'antisémitisme et contre les racismes» s'inquiétait le député communiste Pierre Dharéville dont le groupe, comme l'ensemble de ceux de gauche, s'est opposé au texte.»(La résolution controversée sur la lutte contre l'antisémitisme adoptée par les députés, Le Monde, 3 décembre). »Assimilant une opinion à un délit, le président de la République affirme ce jour là [le jour de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, le 16 juillet 2017, en présence de Benjamin Netanyahou]: «Nous ne céderons en rien à l'antisionisme, car c'est la forme réinventée de l'antisémitisme.» Quelle arrière-pensée motive cet amalgame ? Nul ne peut le dire. L'Objectif du CRIF, en tout cas est clair : faire voter une loi criminalisant l'antisionisme, défini entre les lignes comme la critique de la politique israélienne. Ce double raccourci comporte une double erreur: historique et politique. Car l'immense majorité des Juifs de L'État des Juifs de Théodor Herzl (1896) à 1939, rejette le projet sioniste La preuve: sur les 3,5 millions de Juifs qui quittent l'Europe à l'époque , seuls 460 000 se rendent Palestine.[...] Reste que les faits sont têtus: sept décennies après la création de «leur» État, 6 millions de Juifs y vivent, mais 10 millions restent dans leur pays d'origine ou d'adoption. Et de 600 000 à un million de citoyens juifs israéliens ont préféré s'installer ailleurs ! Seraient-ils antisémites ces Juifs qui, à travers l'histoire, ont tourné le dos au projet sioniste, ou résisté aux sirènes du mouvement.  (anti sémites, certainement pas, mais comme un Anthony Housefather très utiles sous-marins dans leur pays d'accueil) De surcroit, les conséquences d'une telle loi sur notre droit seraient graves: elle y réintroduirait un délit d'opinion. Si les sionistes pouvaient interdire l'antisionisme, pourquoi les communistes ne prétendraient-ils pas en faire autant avec l'anticommunisme, les gaullistes avec l'antigaullisme,[...]» (Pourquoi assimiler l'anti sionisme à l'antisémitisme est inepte et dangereux, Marianne, 5 décembre).  C'est une nouvelle victoire pour «le peuple d'élite. sûr de lui et dominateur» de De Gaulle.
Comme si la France ne suffisait pas, ce sont les États-Unis qui quelques jours plus tard adoptent un décret dont l'inspiration est assez similaire.  Le président Donald Trump a signé un décret visant à lutter contre l'antisémitisme sur les campus universitaires. « Avec ce décret, Donald Trump « défend les étudiants juifs» et «indique clairement que l'antisémitisme ne sera pas toléré », a indiqué son gendre et conseiller Jared Kushner [...] (qu'en termes choisis les choses sont dites, le mari d'Ivanka Trump, n'est pas que le gendre de Donald Trump , c'est aussi un Juif orthodoxe). Comme en France, la mesure ne fait pas l'unanimité: «Mais des défenseurs de la liberté d'expression redoutent qu'une définition trop large et trop vague de l'anti sémitisme soit utilisée pour interdire tous les propos critiques envers la politique du gouvernement israélien. » (Trump signe un décret controversé sur l'antisémitisme, La Presse, 11 décembre). L'organisation juive américaine progressiste, JStreet note à ce sujet:»This exécutive, like the stalled congressional legislation it is based on, appears designed less to combat antisemitism than to have a chilling effect on free speech and to crack down on campus critics of Israel. J Street is committed to fighting all forms of anti-semitism - and we feel it is misguided and harmful for the White House to unilaterally declare a broad range of nonviolent  campus criticism of Israel to be anti-Semitic [...] (Trump's Executive order is a cynical, harmful  measure designed to suppress free speech on college campuses , not fight anti-semitism,J Street, 11 décembre). À défaut de lever le pied sur le déménagement de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem ou sur l'approbation de l'implantation de colonies juives dans les territoires palestiniens occupés quoi de mieux que de faire les critiques des politiques de l'entité sioniste. Pendant ce temps, le Québec s'occupe à discuter du sort de la liberté d'expression de Mike Ward. À chacun ses combats.  

No comments:

Post a Comment