Assistons-nous
au développement d'une nouvelle caste? Deux évènements récents nous
incitent à le croire. Le dernier en date, le plus médiatisée, concerne
Sylvie Lalande et la saga des publications de Groupe Capitales
médias(GCM). Madame Lalande est présidente du Groupe TVA et
vice-présidente du conseil de Québécor, elle préside aussi le C.A. de
Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD)
Desjardins
ayant refusé de financer la coopérative des travailleurs de GCM.
« Surpris du refus de Desjardins de financer la coopérative des
travailleurs de Groupe Capitales Médias(GCM) le ministre de l'économie,
Pierre Fitzgibbon, se demande « s'il y avait des forces en présence qui
auraient pu faire dérailler la décision ». Car selon lui, «il y a
possiblement apparence de conflits d'intérêts» avec la présence d'une
dirigeante de Québécor au conseil d'administration du principal bras
investisseur de Desjardins.»(GCM: Québec s'interroge sur un lien entre
Desjardins et Québecor, La Presse, 27 novembre). ««Il est clair
pour moi que la présence de Mme Lalande au conseil d'administration de
CRCD doit susciter un questionnement. Par contre, je ne suis pas prêt à
dire qu'il y a un conflit d'intérêt formel » a affirmé M.Fitzgibbon lors
d'un entretien avec La Presse mardi.» Il y a possiblement apparence de
conflit, c'est sûr. Je ne sais pas ce qui s'est passé.»» Affirmation
rapidement suivie de l'envoi d'une mise en demeure par Sylvie Lalande
enjoignant le ministre de l'Économie de s'excuser pour sa déclaration
sur «une possible apparence de conflit d'intérêt.» Demande balayée du
revers de la main par Pierre Fitzgibbon. L'affaire aurait pu en rester
là, non, elle change de niveau et passe dans les ligues majeures avec
intervention de Pierre-Karl Péladeau et François Legault.
«Pierre-Karl
Péladeau a écrit une lettre au premier ministre du Québec dans laquelle
il laisse entendre que les propos du gouvernement concernant une
administratrice de Québecor sont «rétrogrades » parce qu'adressés à une
femme.». Lettre mal avisée car elle transformait le débat en question de
sexe, Madame Lalande étant visiblement capable de se défendre seule. sa
mise en demeure le prouvant. «Ça n'a rien à voir avec le fait que ce
soit un homme ou une femme, a répondu vendredi François lors d'une mêlée
de presse.»(Legault répond aux critiques de Péladeau, La Presse,
29 novembre). Pierre Karl Péladeau a-t-il réalisé, lui, qu'il y avait
quelque chose de « rétrograde» dans sa propre intervention. Jouer les
preux chevalier en 2019 a quelque chose de rétrograde. Madame Lalande
a-t-elle besoin d'être ainsi chaperonnée? L'intervention de Pierre Karl
Péladeau est finalement plus méprisante pour son administratrice que les
propos de Pierre Fitzgibbon heureusement ramenées à leur juste
proportion par François Legault.
Autre
évènement pouvant faire croire à l'émergence d'une nouvelle caste, nous
passons de Québec à Montréal. La métropole a-t-elle frôlé la
catastrophe financière, c'est ce que nous pourrions croire à la lecture
de certains articles (Dépenses effrénées de l'administration
Plante-Dorais: Montréal a frôlé la catastrophe financière, Journal de Montréal,
22 novembre). Plus subtile que Sylvie Lalande, Valérie Plante
n'étourdit pas ses contradicteurs de mises en demeures, elle a plutôt
recours à l'ironie, ce qu'elle croit être de l'ironie, pour répondre à
ses contradicteurs; (Valérie Plante habituée aux critiques de
«messieurs», La Presse, 27 novembre), « invitée à préciser sa pensée sur
ces « messieurs », Mme Plante a nommé son prédécesseur Denis Coderre,
l'ancien chef de son parti Richard Bergeron, et « maintenant
M.Ferrandez », « Voilà, ils ont des opinions et ils les partagent, Ils
ont des tribunes », a-t-elle affirmé[...]». «Madame» dresse sa féminité
contre ce qu'elle considère comme une Caballe de «Messieurs». De Sylvie
Lalande à Valérie Plante, une constante se dégage, Mmes Lalande (par
Pierre Karl Péladeau interposé) et Valérie Plante sont au dessus de la
mêlée et ne peuvent être critiquées. Avantage à Valérie Plante qui
apparaît être capable de se défendre elle-même. Si les femmes veulent
prendre leur place dans la mêlée, elles doivent être prêtes à prendre
des mises en mises en échec et même des doubles échecs, la game politique n'a pas à changer pour faire plaisir à cette nouvelle caste.
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