Seuls
ceux qui observent loin la scène politique de loin auront été surpris
par l'annonce de l'intérêt de Jean Charest pour la direction du Parti
conservateur du Canada(PCC). Les «virages de capot» de l'homme n'ont
plus rien pour nous surprendre. En 1998, il était passé sans état d'âme
du Parti progressiste conservateur à la direction du Parti libéral du
Québec(PLQ), pour «sauver le Canada».
Entendra-t-il
encore cet appel à sauver le pays de ses divisions Est-Ouest, pour
faire le chemin inverse. Les conservateurs qui se sont offusqués de
voir Andrew Scheer recourir à la caisse du PCC pour défrayer les coûts
de la scolarité de ses enfants à Ottawa sont mieux de se préparer à se
boucher le nez tout de suite, l'homme ne vient pas gratuitement, il
avait fait le saut d'Ottawa à Québec en 1998 à condition de disposer
d'un confortable parachute doré. Pour les partisans de Jean Charest, il
faut souhaiter que les goussets du PCC soient très profonds. Les
journalistes du ROC se passionneront pour l'histoire du «salaire»
supplémentaire versé par le Parti libéral du Québec (PLQ) à Jean Charest
alors même qu'il touchait déjà son salaire de premier ministre, une
fois sur la piste, ils s'intéresseront aussi aux rumeurs voulant que le
PLQ ait aussi remboursé une partie de l'hypothèque de la maison de
Charest à Westmount (Parti libéral de Jean Charest: révélations
troublantes sur une enquête inachevée, Journal de Montréal, 29
octobre). Pour un homme nouveau, Jean Charest a beaucoup de cadavres
dans ses garde-robes. Il semble moins soucieux de servir, que de se
servir.
Contrairement
à ce qu'affirment certains journalistes paresseux ou mal informés, Jean
Charest n'a jamais dirigé le PCC, mais il a dirigé le Parti
progressiste conservateur, un parti, certains s'en rappelleront qui ne
fut jamais qu'une mauvaise copie du Parti libéral du Canada. Un parti
capable de se donner comme chefs des personnages aussi faibles que Joe
Clark ou Kim Campbell méritait les défaites qu'il a connu.
la
rumeur de la candidature éventuelle de Jean Charest a réjoui la presse
québécoise: «Si la nouvelle est confirmée, il s'agirait d'une
candidature remarquée à la succession d'Andrew Scheer. Elle répondrait
notamment à plusieurs critères évoqués par certains élus et militants
conservateurs du Québec, à savoir que l'on souhaite un chef bilingue,
originaire de l'est du pays et en phase avec les enjeux sociaux qui ont
nui à la formation politique durant la dernière campagne électorale
(comprendre l'avortement, le mariage gay et le catholicisme d'Andrew
Scheer, à ce chapitre, pas d'inquiétudes à y avoir, la seule religion
que Jean Charest semble pratiquer est l'adoration du Veau d'Or).
Si
les conservateurs pensent reprendre le pouvoir avec Jean Charest, c'est
qu'ils sont bien naïfs. Que pensera l'électorat canadien de deux chefs
issus du Québec, rien pour soulager le sentiment d'aliénation de
l'Ouest. Les Canadiens sont intelligents et ils sauront choisir
l'original, face à un bellâtre comme Justin Trudeau, Jean Charest et ses
cheveux grisonnants et ses traits allourdis par l'âge ne fera pas le
poids dans une ère de politique spectacle. Les journalistes du Canada
anglais n'ignoreront pas longtemps les travaux de la Commission
Charbonneau et les ratages de l'UPAC pour brosser des portraits peu
flatteurs du nouveau chef conservateur. Avec Jean Charest, le PCC se
choisirait d'abord un chef très intérimaire, à qui la suite, à Kim
Campbell. plus largement, le passage éventuel de Jean Charest du PLQ au
PCC montre bien que les grands partis, les partis de gouvernement en
fait, sont interchangeables, leur alternance n'est qu'un trompe l'oeil.
Les vrais dirigeants de nos sociétés, patrons de grandes entreprises,
grands banquiers. etc. changent de marionnettes à l'occasion. mais ils
conservent le contrôle en coulisse, Jean Charest n'est que l'une de ces
marionnettes, plus vénales que les autres peut-être?
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