Alors
qu'avec l'affaire Ward Jérémy Gabriel, les tribunaux montréalais
s'interrogent sur les limites de la liberté d'expression, à l'autre
extrémité de la 20, Régis Labeaume ne s'encombre pas de telles
subtilités et c'est apparemment sans états d'âme qu'il a réglé la
question du cimetière musulman de Québec. Ouverte lors des évènements de
la grande mosquée de Québec en janvier 2017, la question d'un cimetière
musulman à Québec avait fait son apparition en constatant que
l'inhumation de certaines des victimes eu lieu dans des pays du Maghreb,
devant l'impossibilité de les inhumer à Québec ou dans sa région, la
question apparaît réglée avec la vente d'un terrain de 5 600 mètres
carrés situé dans les limites de la ville de Québec, vente effectuée par
la municipalité au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ). Vente
concrétisée par les signatures du maire de Québec, Régis Labeaume et
Boufeldja Benabdallah, président du CCIQ. Les deux signataires se
fendant de déclarations destinées probablement à souligner le caractère
solennel de l'évènement. Boufeldja Benabdallah y est allé d'un: »Nous ne
sommes pas obligés de prendre les corps, puis de les envoyer à 6 000 km
[...]. Si on meurt, on aura notre petite place au chaud, ici, sur cette
terre qui nous a accueillis et qu'on va occuper pour l'éternité.(tant
que l'occupation se déroule sous terre)». Plus pragmatique, Régis
Labeaume a pour sa part déclaré: «Je voulais que cela se passe
rapidement et qu'on n'en parle plus . Je n'avais pas le goût qu'on en
discute. Je n'avais pas le goût de débats. J'avais promis et on livrait,
tout simplement.
Selon lui, «ce genre de débat là, ça peut être
acrimonieux. Les résultats sont inutiles. Je n'avais pas le goût que
quelques-en rajoutent avec tout ce qu'on avait vécu en janvier [2017, au
moment de l'attentat à la grande mosquée de Québec]. (Ville de Québec:
Régis Labeaume ne voulait pas d'un «débat malsain» sur le cimetière
musulman, Journal de Québec, 19 décembre). Il faut admirer l'aisance avec
laquelle Régis Labeaume assimile un débat qui se serait peut-être avéré
chaud avec l'attentat de la grande mosquée. Le maire de la deuxième
plus grande ville au Québec est de ces hommes qui ont justement pour
mission implicite la défense de la démocratie, entre ses mains, elle
devient de synonyme de «débats malsains», en démocratie, vaut mieux un
«débat malsain» que pas de débat. La conception de la démocratie
entretenue par Labeaume soulève d'autres inquiétudes. Il ajoute en
effet: »Québec va changer avec le temps . Dès aujourd'hui, il faut
réfléchir à ce qu'on peut faire pour que dans notre communauté , on
puisse vivre en harmonie et accepter les différences. Québec est une
ville francophone, d'obédience judéo-chrétienne, blanche. La ville va se
métisser avec le temps. C'est inévitable. Il faut réfléchir et se
demander comment on peut vivre ça en harmonie.» « À la vieille du temps
des Fêtes , M. Labeaume a invité ses concitoyens à «acceptez les
différences» et à « s'aimer les uns les autres». Il les a prévenus que
la ville de Québec sera appelée à changer au cours des prochaines
années, et qu'elle deviendra plus «métissée»Ce sera non seulement le cas
à Québec, mais partout au Québec, a-t-il dit». ((Régis Labeaume y va
d'un vibrant plaidoyer pour le vivre-ensemble , Huffpost , 19
décembre) Pour notre part, nous aimerions que Régis Labeaume soit moins
convaincu de cet avenir multiculturel pour la ville de Québec et qu'il
se contente d'être dans l'esprit de la Loi 21. Ce que souhaite et nous
annonce Régis Labeaume, c'est une démocratie ballotée au gré des
ambitions et des prétentions des «communautés culturelles»et des
«minorités visibles», démocratie dont nous avons eu un avant-goût avec
les débats autour de la Loi 21. Nous y avons vu à l'oeuvre le vivre
ensemble à sens unique qui anime certaines communautés campant chez nous
et y ayant trouvé «une petite place, qu'on va occuper pour l'éternité.»
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