Saturday, December 21, 2019

Vivre-ensemble et liberté d'expression



Alors qu'avec l'affaire Ward Jérémy Gabriel, les tribunaux montréalais s'interrogent sur les limites de la liberté d'expression, à l'autre extrémité de la 20, Régis Labeaume ne s'encombre pas de telles subtilités et c'est apparemment sans états d'âme qu'il a réglé la question du cimetière musulman de Québec. Ouverte lors des évènements de la grande mosquée de Québec en janvier 2017, la question d'un cimetière musulman à Québec avait fait son apparition en constatant que l'inhumation de certaines des victimes eu lieu dans des pays du Maghreb, devant l'impossibilité de les inhumer à Québec ou dans sa région, la question apparaît réglée avec la vente d'un terrain de 5 600 mètres carrés situé dans les limites de la ville de Québec, vente effectuée par la municipalité au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ). Vente concrétisée par les signatures du maire de Québec, Régis Labeaume et Boufeldja Benabdallah, président du CCIQ.  Les deux signataires se fendant de déclarations destinées probablement à souligner le caractère solennel de l'évènement. Boufeldja Benabdallah y est allé d'un: »Nous ne sommes pas obligés de prendre les corps, puis de les envoyer à 6 000 km [...]. Si on meurt, on aura notre petite place au chaud, ici, sur cette terre qui nous a accueillis et qu'on va occuper pour l'éternité.(tant que l'occupation se déroule sous terre)». Plus pragmatique, Régis Labeaume a pour sa part déclaré: «Je voulais que cela se passe rapidement et qu'on n'en parle plus . Je n'avais pas le goût qu'on en discute. Je n'avais pas le goût de débats. J'avais promis et on livrait, tout simplement. 
 
 
 
Selon lui, «ce genre de débat là, ça peut être acrimonieux.  Les résultats sont inutiles. Je n'avais pas le goût que quelques-en rajoutent avec tout ce qu'on avait vécu en janvier [2017, au moment de l'attentat à la grande mosquée de Québec]. (Ville de Québec: Régis Labeaume ne voulait pas d'un «débat malsain» sur le cimetière musulman, Journal de Québec, 19 décembre). Il faut admirer l'aisance avec laquelle Régis Labeaume assimile un débat qui se serait peut-être avéré chaud avec l'attentat de la grande mosquée. Le maire de la deuxième plus grande ville au Québec est de ces hommes qui ont justement pour mission implicite la défense de la démocratie, entre ses mains, elle devient de synonyme de «débats malsains», en démocratie, vaut mieux un «débat malsain» que pas de débat. La conception de la démocratie entretenue par Labeaume soulève d'autres inquiétudes. Il ajoute en effet: »Québec va changer avec le temps . Dès aujourd'hui, il faut réfléchir à ce qu'on peut faire pour que dans notre communauté , on puisse vivre en harmonie et accepter les différences. Québec est une ville francophone, d'obédience judéo-chrétienne, blanche. La ville va se métisser avec le temps. C'est inévitable. Il faut réfléchir et se demander comment on peut vivre ça en harmonie.» « À la vieille du temps des Fêtes , M. Labeaume a invité ses concitoyens à «acceptez les différences» et à « s'aimer les uns les autres». Il les a prévenus que la ville de Québec sera appelée à changer au cours des  prochaines années, et qu'elle deviendra plus «métissée»Ce sera non seulement le cas à Québec, mais partout au Québec, a-t-il dit». ((Régis Labeaume y va d'un vibrant plaidoyer pour le vivre-ensemble , Huffpost , 19 décembre) Pour notre part, nous aimerions que Régis Labeaume soit moins convaincu de cet avenir multiculturel pour la ville de Québec et qu'il se contente d'être dans l'esprit de la Loi 21. Ce que souhaite et nous annonce Régis Labeaume, c'est une démocratie ballotée au gré des ambitions et des prétentions des «communautés culturelles»et des «minorités visibles», démocratie dont nous avons eu un avant-goût avec les débats autour de la Loi 21. Nous y avons vu à l'oeuvre le vivre ensemble à sens unique qui anime certaines communautés campant chez nous et y ayant trouvé «une petite place, qu'on va occuper pour l'éternité.»

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