Probablement lasse des histoires autour
de Gilbert Rozon et des vagues suscitées par le #moi aussi, Odile
Tremblay tourne son attention vers le frère Marie Victorin. Sous sa
plume nous n'allons pas à la rencontre du
célèbre botaniste, mais à la découverte d'un Harvey Weinstein d'ici et
d'autrefois (Celle qui aimait le frère Marie-Victorin,
Le Devoir, 14 septembre). C'est la publication de Lettres au frère Marie-Victorin. Correspondance sur la sexualité humaine (Éditions du Boréal),
livre qui répond en fait à de Lettres biologiques, dans la mesure ou il offre les réponses de Marcelle Gauvreau aux missives du Frère Marie-Victorin, à elle adressée
. Lettres biologiques paru en 2018 et consistant en fait la
correspondance du frère Marie-Victorin à son assistante Marcelle
Gauvreau: »Entre 1933 et 1944, le fondateur du Jardin botanique de
Montréal avait entretenu avec son assistante Marcelle
Gauvreau une correspondance sur la sexualité humaine. Phénomène quasi
inouï dans le Québec puritain d'alors. Les tabous entourant la chose
étaient d'autant plus aigus chez un homme voué à la vie religieuse. Pour
les enfreindre, ça prenait toute la curiosité
scientifique et la liberté d'esprit de l'auteur de Flore laurentienne.
Un manque à combler aussi . En des termes très crus, il explorait sa
génitalité, demandant à sa correspondante d'en faire autant: comptes
rendus précis à l'appui.» Cette
lecture, qui montrait en creux les affres d'une chasteté douloureuse à
vivre par le frère botaniste , m'avait passionnée, mais rendue mal à
l'aise. Non pas à cause de ses descriptions sexuelles, très cliniques au
fait, mais parce que cet homme admiré de tous
me semblait utiliser son pouvoir pour manipuler une jeune femme
amoureuse de lui. Elle n'avait pas, de son côté, fait voeu de chasteté,
s'y voyait contrainte
de facto. tout rapport charnel leur était proscrit sous la
pression sociale et religieuse de l'époque. Il n'auront jamais enfreint
cet interdit. Si le botaniste voyageur se permettait quelques écarts
auprès de prostituées cubaines, Marcelle
Gauvreau n'avait personne avec qui partager son érotisme, explorant son
corps à la demande Marie-Victorin, lisant les livres qu'il lui envoyait
sur le sujet, enquêtant auprès de ces amies mariées, troublée et
instrumentalisée par son supérieur, m'avait-il
semblé.» À quoi rime ce procès d'intentions au frère Marie-Victorin.
Sinon à diffamer un ecclésiastique hors du commun et belle illustration
de ce que l'Église du Québec de la « Grande Noirceur » pouvait produire
de mieux. Odile Tremblay change d'époque, mais
le vocabulaire lui ne change pas, lorsqu'elle parle de Gauvreau,
« troublée et instrumentalisée », elle puise à pleine mains dans le
vocabulaire du #moi aussi. Combien de de temps, Les progressistes
québécois souffriront-ils encore de leur anti cléricalisme
primaire et combien de « Révolution tranquille » leur faudra-ils pour
« en revenir »? Combien de temps encore nos Vandales considéreront-ils
faire oeuvre utile à déboulonner nos rares monuments scientifiques ou
culturels?
Est-il nécessaire de défendre la mémoire de frère Marie-Victorin?
Probablement pas, il suffirait à la défense de déposer devant le juge,
Flore Laurentienne et de rappeler au jury, l'existence du Jardin
Botanique de Montréal pour obtenir le non-lieu. Odile Tremblay n'a
jamais entendu d'amour platonique. Sans vouloir excuser un
ecclésiastique hors du commun, il n'est pas inutile
de remarquer que s'il a rompu son voeu de chasteté, ce fut avec des
prostituées cubaines(selon Wikipedia, la prostitution était alors légale
à Cuba), pour cela, il ne doit de compte qu'à son Créateur, gardien de
son voeu de chasteté.
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