Sunday, September 29, 2019

Les amours de Jacques Chirac

Le 26 septembre, Jacques Chirac s'est éteint paisiblement à l'âge de 86 ans. Il a été salué, comme il se devait, comme une grande figure de la politique française, La question étant est-ce un vrai Grand ou un Grand parce qu'il fut d'abord entouré de Pygmées, il est facile d'apparaître «grand » si on veut le comparer à Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, il est possible d'ajouter à cette liste Valéry Giscard d'Estaing, ne demeure finalement des présidents de la Ve République que Charles de Gaulle (et encore, il faut fermer les yeux sur l'abandon de l'Algérie).



La presse québécoise a souligné son amitié pour le Québec (Jacques Chirac, un grand ami du Québec,Le Devoir, 26 septembre), Jean Charest a profité de l'occasion pour jouer à la grenouille se prenant pour le boeuf en rappelant le souvenir de quelques rencontres entre lui et l'ancien président français. Il aurait ainsi reçu Jacques Chirac à une résidence qu'il louait à North-Hatley(en 2003): «[...] Michèle et moi on en garde un très bon souvenir. Il était arrivé à 18h30 et il était reparti à 1h du matin. On avait eu une soirée inoubliable » (Mort de Jacques Chirac: Chrétien, Mulroney et Charest se confient, La Presse, 26 septembre) Va pour le témoignage de Jean Charest sur la « soirée inoubliable », c'est le témoignage de Jacques Chirac qui nous intéresse, le décès de Jacques Chirac nous en prive malheureusement, qui se ressemble s 'assemble, les deux hommes ont peut-être disserté sur leurs casseroles (les « affaires » du Français et le système de corruption-collusion que le Parti libéral du Québec mettait en place sur le Québec.
Pour Jean Chrétien et d'autres, une partie de la grandeur de Jacques Chirac tient au fait qu'il s'est opposé à une intervention française en Irak aux côtés des États-Unis de George W. Bush , guerre à laquelle leCanada alors dirigé par Jean Chrétien a aussi refusé de participer. Par une curieuse logique (un peu égocentrique) Jean Chrétien reconnaît moins ,la volonté chiraquienne de préserver la souveraineté française et le souci d'éviter de plonger la France dans les affres  d'un conflit dans les sables mouvants du Moyen-Orient. Non, Jacques Chirac est grand homme parce qu'il pensait comme Jean Chrétien.
La couverture de la vie politique française de la presse québécoise se limite souvent à reprendre les communiqués de l'Agence France-Presse (AFP). Les journalistes et chroniqueurs québécois sont, règle générale peu intéressés par la vie politique française, on saluera ici les notables exceptions que sont Mathieu Bock-Côté (au Journal de Montréal) et Christian Rioux (au Devoir). La couverture de presse du décès de Jacques Chirac souligne avec insistance le refus de ce dernier d'associer la France l'aventure américaine en Irak. Facile de conclure à la lecture de cette presse superficielle que l'oeuvre politique se résume toute entière à ce refus de suivre les Américains dans ce qui sera, nous le savons aujourd'hui une «guerre sale». Jacques Chirac n'aura pas toujours été aussi visionnaire, deux de ces décisions ne seront probablement pas soulignées bien que l'une et l'autre pèsent plus lourdement sur le destin de la France qu'une aventure militaire en Irak.  Pour mémoire, en janvier 1975, Jacques Chirac, alors Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, fait adopter la Loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse, nul doute que les probables quelques millions de petits Français portés manquants en raison de cette mesure ne fassent plus mal à la France que les soldats qui ne seraient pas revenus d'Irak. Autre mesure chiraquienne bien oubliée tant elle semble entrée dans les moeurs en France, l'adoption en avril 1976 de la Loi sur le regroupement familial. Les journalistes oublient aussi de rappeler que le « grand démocrate » qu'était Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de l'élection présidentielles de 2002. Plus récemment avec le traité constitutionnel de 2005, tourne le dos à l'Europe des nations et il semble donner des gages à une Europe supranationale sous influence américano-germaine. 
Une question; Jacques Chirac nous dit-on aimait le Québec, mais aimait-il la France?

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