Le 26 septembre, Jacques Chirac s'est
éteint paisiblement à l'âge de 86 ans. Il a été salué, comme il se
devait, comme une grande figure de la politique française, La question
étant est-ce un vrai Grand ou un Grand
parce qu'il fut d'abord entouré de Pygmées, il est facile d'apparaître
«grand » si on veut le comparer à Nicolas Sarkozy, François Hollande et
Emmanuel Macron, il est possible d'ajouter à cette liste Valéry Giscard
d'Estaing, ne demeure finalement des présidents
de la Ve République que Charles de Gaulle (et encore, il faut fermer
les yeux sur l'abandon de l'Algérie).
La presse québécoise a souligné son amitié pour le Québec (Jacques Chirac, un grand ami du Québec,Le Devoir,
26 septembre), Jean Charest a profité de l'occasion pour jouer à la
grenouille se prenant
pour le boeuf en rappelant le souvenir de quelques rencontres entre lui
et l'ancien président français. Il aurait ainsi reçu Jacques Chirac à
une résidence qu'il louait à North-Hatley(en 2003): «[...] Michèle et
moi on en garde un très bon souvenir. Il était
arrivé à 18h30 et il était reparti à 1h du matin. On avait eu une
soirée inoubliable » (Mort de Jacques Chirac: Chrétien, Mulroney et
Charest se confient,
La Presse, 26 septembre) Va pour le témoignage de Jean Charest
sur la « soirée inoubliable », c'est le témoignage de Jacques Chirac qui
nous intéresse, le décès de Jacques Chirac nous en prive
malheureusement, qui se ressemble s 'assemble, les
deux hommes ont peut-être disserté sur leurs casseroles (les «
affaires » du Français et le système de corruption-collusion que le
Parti libéral du Québec mettait en place sur le Québec.
Pour Jean Chrétien et d'autres, une partie de la grandeur de Jacques Chirac tient au fait qu'il s'est opposé à une
intervention française en Irak aux côtés des États-Unis de George W.
Bush , guerre à laquelle leCanada alors dirigé par Jean Chrétien a
aussi refusé de participer. Par une curieuse logique (un peu
égocentrique) Jean Chrétien reconnaît moins ,la volonté
chiraquienne de préserver la souveraineté française et le souci
d'éviter de plonger la France dans les affres d'un conflit dans les
sables mouvants du Moyen-Orient. Non, Jacques Chirac est grand homme
parce qu'il pensait comme Jean Chrétien.
La couverture de la vie politique
française de la presse québécoise se limite souvent à reprendre les
communiqués de l'Agence France-Presse (AFP). Les journalistes et
chroniqueurs québécois sont, règle générale peu
intéressés par la vie politique française, on saluera ici les notables
exceptions que sont Mathieu Bock-Côté (au Journal de Montréal) et
Christian Rioux (au Devoir). La couverture de presse du décès de Jacques
Chirac souligne avec insistance le refus de ce
dernier d'associer la France l'aventure américaine en Irak. Facile de
conclure à la lecture de cette presse superficielle que l'oeuvre
politique se résume toute entière à ce refus de
suivre les Américains dans ce qui sera, nous le savons aujourd'hui
une «guerre sale». Jacques Chirac n'aura pas toujours été aussi
visionnaire, deux de ces décisions ne seront probablement pas soulignées
bien que l'une et l'autre pèsent plus lourdement
sur le destin de la France qu'une aventure militaire en Irak. Pour
mémoire, en janvier 1975, Jacques Chirac, alors Premier ministre de
Valéry Giscard d'Estaing, fait adopter la Loi Veil sur l'interruption
volontaire de grossesse, nul doute que les probables
quelques millions de petits Français portés manquants en raison de
cette mesure ne fassent plus mal à la France que les soldats qui ne
seraient pas revenus d'Irak. Autre mesure chiraquienne bien oubliée tant
elle semble entrée dans les moeurs en France, l'adoption
en avril 1976 de la Loi sur le regroupement familial. Les journalistes
oublient aussi de rappeler que le « grand démocrate » qu'était Jacques
Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen entre les deux
tours de l'élection présidentielles de 2002.
Plus récemment avec le traité constitutionnel de 2005, tourne le dos à
l'Europe des nations et il semble donner des gages à une Europe
supranationale sous influence américano-germaine.
Une question; Jacques Chirac nous dit-on aimait le Québec, mais aimait-il la France?
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