Les élus et la direction du Parti
québécois (PQ) sont bien conscients depuis la défaite crève-coeur du 1er
octobre dernier qu'ils doivent redéfinir le rôle du parti sur la scène
politique québécoise. L'heure de cet
exercice a apparement sonné. En effet réuni à Salaberry-de Valleyfield
au cours des derniers jours, l'état-major du PQ est revenu sur l'ADN du
parti: «L'état-major du Parti Québécois recentre son action sur la
fondation d'un pays , non pas sur la gestion ordinaire
d'une province » (Le PQ remet le projet de pays à l'avant scène, Le Devoir,
4 septembre). L'ère des « bons gouvernements » serait donc révolue,
nous y croirons lorsqu'en, 2022, le parti aura de nouveau rendez-vous
avec l'électorat et cherchera
la faveur de ces électeurs, c'est sans surprise, à notre avis , que
nous verrons le retour du «bon gouvernement» afin de gagner la faveur
des électeurs. Retour d'autant plus prévisible que dans cette
«déclaration de principes », l'état-major du PQ, « appelle
les indépendantistes, mais aussi les nationalistes de tout poil à se
joindre à son «mouvement». Les bases du retour du « bon gouvernement »
sont déjà posées, le thème du « bon gouvernement servira à séduire les
électeurs « nationalistes de tout poil » dont
certains pourraient se montrer réfractaires à « la fondation d'un pays»
la jugeant peut-être prématurée ou trop radicale. Une partie de ces
« nationalistes de tout poil » se retrouvent depuis le 1er octobre
dernier sous la bannière de la Coalition Avenir Québec
(CAQ) et ils s'y trouvent probablement confortables, quelques projets
de loi comme ceux sur l'immigration et la laïcité et pourraient les
décider à y demeurer, invalidant ainsi la stratégie de l'état-major du
PQ. Souhaitons que les dirigeants du PQ redécouvre
que le PQ ne peut être un parti comme les autres se contentant d'une
« alternance» au pouvoir, hier avec le Parti libéral du Québec, demain
avec la CAQ. Le PQ doit s'efforcer de redevenir un véritable mouvement,
son aspiration à l'indépendance ne peut se limiter
à entrer dans la sage « alternance » évoquée plus haut. Le PQ doit
représenter plus que cela, il porte en lui les espoirs de dizaines de
générations qui ont patiemment survécu après les défaites de 1760 et de
1837 en espérant discrètement réaliser leur rêves
d'affirmation nationale, plus qu'un parti, le PQ doit être un
mouvement, cette volonté retrouvée de « fonder un pays » va dans ce
sens. Ce premier pas est méritoire, mais il n'est pas suffisant.
D'autant plus que la « Déclaration de principes » n'est pas exempte
d'ambiguïtés. L'état- major du PQ promet ainsi que « le temps de
l'éparpillement est terminé «tout en affirmant du même souffle que les
«nationalistes de tout poil»,devront souscrire à « quatre «valeurs
fondamentales», c'est à dire la liberté, la justice et
l'équité, le nationalisme ainsi que la protection de l'environnement.
« la pérennité du français est [le] défi permanent [du Québec], auquel
s'ajoutent, à présent, des écueils qui dépassent largement ses
frontières : la crise climatique menace sa société,
l'accroissement des inégalités divise sa population et la baisse de
confiance envers la démocratie mine l'engagement citoyen. Pour relever
ces défis, la nation québécoise doit puiser dans ce qui la distingue
pour agir , de concert avec les autres nations du
monde. Elle doit se saisir de tous les pouvoirs nécessaires à son
émancipation. » peut-on lire. Difficile d'être contre la vertu surtout
lorsqu'elle recourt à des terme non définis. La définition des termes
« liberté, justice et équité » reçoit quelques clarifications
dans la « Déclaration du Parti Québécois »( La déclaration du parti
Québécois,
Le Devoir, 4 septembre), ainsi pour reprendre les termes mêmes de
la déclaration:«la LIBERTÉ, qui s'incarne à travers le pouvoir de faire
ses propres choix, l'accès universel à une éducation de qualité et
l'atteinte de l'autonomie financière. [...] « Pourquoi
faire compliqué lorsque l'on peut faire simple, ainsi définie , la
liberté, c'est l'indépendance. Le parti qui veut « recentrer son action
politique sur la fondation d'un pays », se montre bien timide dans son
recentrage, l'accès à une éducation de qualité
sensée être atteinte depuis la Révolution tranquille et le Rapport
Parent n'est qu'un élément de gestion administrative qui n'a rien à voir
avec la LIBERTÉ, c'est volontairement que nous reprenons les majuscules
de la Déclaration. "La JUSTICE et l' ÉQUITÉ,
car la santé d'une société se mesure à son niveau de bien-être et à sa
qualité de vie, (s'il faut comprendre La JUSTICE et l'ÉQUITÉ, comme une
défense résolue de la sociale-démocratie et du filet social québécois,
va pour nous). Ces valeurs donnent une chance
à tous de s'épanouir pleinement et assurent l'équilibre entre les
droits collectifs et individuels."
Le NATIONALISME qui regroupe les
individus en une collectivité plus forte que la somme de ses parties .
L'affirmation fière de l'affirmation de chaque peuple est le fondement
de la diversité culturelle mondiale. » Rien
de bien exaltant dans cette définition du nationalisme, définition qui
pourrait être celle du nationalisme gabonais. On y cherchera en vain
dans cette « valeur fondamentale » trace des francophones d'Amérique
pour qui le nationalisme fut, est et demeurera
une condition essentielle à leur survie. L'éparpillement a la vie dure.
Une Déclaration bien plus conçue en
définitive comme un appel non pas pour les « nationalistes de tout poil»
et notamment les électeurs de la CAQ, mais aux électeurs de Québec
solidaire, avec ses JUSTICE et ÉQUITÉ.
Curieusement les plans de Jean-François Lisée de convergence Parti
Québécois Québec solidaire ne semblent pas définitivement enterrés.
No comments:
Post a Comment