Le
président d'Air Canada, Michael Rousseau, a suscité une commotion
certaine en prononçant en anglais seulement une allocution dans le cadre
d'une activité organisée par la Chambre de commerce du Montréal
Métropolitain. Aggravant son cas, il a déclaré lors d'un point de presse
suivant ladite allocution: «J'ai été capable de vivre à Montréal sans
parler français. C'est tout à l'honneur de cette ville.» (Le français
n'est pas la priorité de Michael Rousseau, Journal de Montréal, 3
novembre) Michael Rousseau a aussi fait savoir qu'il n'avait pas
l'intention d'apprendre le français en raison d'un horaire trop chargé,
sa priorité étant de relancer Air Canada. Il faut noter que Michael
Rousseau habite Montréal depuis quatorze ans (depuis 2007 en fait) et
que son analyse de sa situation est instructive.
La
question est pourquoi s'indigner des propos de Michael Rousseau.
Rousseau n'est pas le seul Montréalais capable de vivre à Montréal sans
parler le français. Combien d'Anglo-québécois nés ici passeront toute
leur vie à Montréal sans avoir à parler le français. Combien de «chances
pour le Québec» habitant Parc Extension ou Côte-des-Neiges pourront
vivre en hindi ou en ourdou sans parler français. Michael Rousseau vit
dans le Québec de la loi 101 depuis quatorze ans et il se montre
incapable de parler français. Preuve que la loi 101n'est pas cette loi
synonyme d'»épuration ethnique» si on se fie aux propos de certains
membres de la communauté anglophone, de même la «police de la langue»
soit-disant instaurée par la loi 101 et «bras armé» de l'Office de la
langue française n'est guère plus efficace et redoutable que l'UPAC.
Les
vagues provoquées par l'attitude de Rousseau tiennent plus à sa
notoriété et à sa position (Air Canada est une société d'état
indépendante astreinte à la Loi sur les langues officielles), À
bien y penser, Rousseau nous rappelle un peu brutalement que Montréal
n'est pas une ville française et que la situation ne devrait pas
substantiellement s'y améliorer avec la défense mollassonne de la langue
française du gouvernement Legault. Pour éveiller les Michael Rousseau
de ce monde, il faut que la loi 96 applique la loi 101 aux Cégeps et aux
entreprises de juridiction fédérale opérant en sol québécois.
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