Monday, June 23, 2025

Donald, Fabien et Jean Raspail

 




Sur quoi un journaliste du Devoir, par un samedi somme toute assez ordinaire, pressé de rendre sa copie peut-il se rabattre? Une recette susceptible de fonctionner immanquablement. Allez-y avec un suprémaciste blanc, ajoutez à votre recette Donald Trump et votre papier peut littéralement s’écrire tout seul. C’est la recette utilisée par le journaliste du Devoir, Fabien Deglise. (Le suprémaciste blanc derrière les politiques anti-immigration de Donald Trump, Le Devoir, 21 Juin) 

Le Devoir étant le quotidien de référence au Québec, il se targue aussi de prétentions intellectuelles. Pour ces raisons, Fabien Deglise ne saurait se contenter d’une recette un peu simpliste comme un suprémaciste blanc et une pincée de Donald Trump. À la recette de base, il juge approprié d’ajouter un livre écrit de surcroît par un Français(idéalement un livre que peux de gens ont lu au Québec afin de conférer un aura de mystère au livre): voilà tous les ingrédients sont réunis pour un bon article dans le Devoir. 

 

 


 

 

Reprenons depuis le début: «En 2019, la découverte des liens étroits tissés entre Stephen Miller , conseiller politique principale Donald Trump à la Maison -Blanche lors de son premier mandat , et les mouvements suprémacistes et nationalistes blancs avait déclenché une vague d’indignation. 

C’est que quelques années plus tôt, dans une série de courriels adressés au média ultraconservateur Breitbart, Miller avait appelé son éditrice, Kate McHugh, à faire rayonner dans espace médiatique le livre Le camp des saints du Français Jean Raspail, avec l’intention clairement affichée de nourrir par, l’exagération, la défiance envers l’immigration. Ce roman raciste est très populaire dans les cercles de l’extrême droite, du nationalisme identitaire et des mouvements néonazi». (Le suprémaciste blanc derrière les politiques anti-immigration de Donald Trump, Le Devoir, 21Juin)

Par cette phrase, Fabien Deglise prouve qu’il n’a pas lu Le camp des saints, la connaissance qu’il prétend en avoir lui vient probablement de compte rendus de lecture rédigés par d’obscurs pisse-copies pour d’obscures feuilles gauchistes incapables de saisir un second degré littéraire. Le souvenir que j’ait gardé de la lecture du camp des saints est d’abord celui d’un portrait impitoyable d’une certaine intelligentsia parisienne formée des bourgeois bohèmes attendant impatiemment cette marée de réfugiés partis du Bengale et destinée à s’échouer sur les côtes méridionales de France. Ces bourgeois bohèmes attendent cette marée humaine qui va faire voler en éclats la société française. Bien plus que les réfugiés auxquels Jean Raspail n’accorde guère d’importance, ils sont ici des instruments du destin, aucun de ces réfugiés n’est d’ailleurs individualisé, Raspail les présente comme une masse indifférenciée, sans visages. Les vraies cibles du camp des saints ne sont pas ces réfugiés, mais les bobos germanopratins qui sévissent dans les salles de rédaction parisiennes et souhaitent ardemment l’arrivée de ces dizaines de milliers de réfugiés: voilà pour le roman raciste.( transposé dans le Québec de 2025, c’est aux bourgeois intellectualisants du Plateau Mont-royal qu’un Jean Raspail québécois servirait la volée de bois vert qu’est le camp des saints). Fabien Deglise est un paresseux qui déshonore sa profession: quelques minutes recherche, lui aurait montré que Jean Raspail étaitt tout sauf un néonazi. Sa seule incursion en politique active fut un engagement au sein du Parti des forces nouvelles(PFN). Une formation nationaliste de droite, vaguement dissidente du Front national. Il collabora aussi épisodiquement au périodique du PFN, Initiative nationale.Voilà pour Jean Raspail! 

Ne soyons pas mauvais sires, profitons de l’occasion que nous offre Fabien Deglise pour relire Le camp des saints, tout en sachant qu’il ne s’agit pas de l’oeuvre la plus représentative de Raspail. Pour découvrir la substantifique moelle de son oeuvre. C’est vers le cycle patagon qu’il faut se tourner.

No comments:

Post a Comment