Dans une époque caractérisée par l’omniprésence et la domination des médias, il n’est pas exagérée de dire que l’opinion que se forme la majorité de nos contemporains sur un sujet donné, dépend presqu’exclusivement de la représentation que veulent bien en donner les médias. ceux qui veulent bien aller au delà de cette image appartiennent à des minorités intéressées pour des raisons personnelles ou politiques aux sujets traités.
Nous avons un bel exemple de cette proposition avec la couverture reçue par La Marche pour la vie tenue à Québec, aujourd’hui (31 mai). Organisée par Campagne Québec Vie, le principal lobby pro-vie au Québec, la marche se veut une activité pacifique réunissant des opposants à l’avortement afin de rappeler aux élus de l’Assemblée nationale qu’il se trouve encore des défenseurs des enfants à naître au Québec. La simple existence de ces derniers indispose les tenants québécois du droit à l’avortement. Pour ces derniers, le seul fait de manifester paisiblement est apparaît déjà comme «de trop» et justifie la tenue d’une contre-manifestation. «Une confrontation tendue a éclaté ce midi à Québec entre manifestants anti-choix et pro-choix devant le Parlement. La marche organisée par les opposants à l’avortement a rapidement été encerclée par des partisans du droit à l’avortement (encerclement facilité par le fait que La Marche pour la vie est publicisée sur le site de Campagne Québec-Vie depuis des semaines, NDA), nécessitant l’intervention de policiers anti-émeute. Le journaliste de TVA devait reconnaître que la manifestation des «pro-choix a été prévue un peu plus tard, ce qui signifie en clair que la manifestation des «pro-choix» n’était pas fondamentalement une contre manifestation, mais un traquenard. Environ 300 à 350 personnes étaient présentes. Les pro choix ont dénoncé une remise en question du droit à l’avortement dans un contexte de la montée de la droite (Heureusement qu’elle existe, la droite, sinon il faudrait l’inventer pour donner un sens à ce qui se passe dans le monde NDA), tandis que les anti-choix défendu le caractère sacré de toute vie.» «On se rend compte qu’avec la montée de la droite, et tout ce qui se passe, c’es important de se mobiliser[…] pour dire que […]ce qu’ils veulent nous imposer, on n’est pas d’accord avec ça. Les femmes ont le droit de choisir» a dit l’une des manifestantes pro-choix.»(Des manifestants «anti-choix»et «pro-choix» se sont affrontés ce midi à Québec, devant le Parlement, TVA Nouvelles, 31 mai). Admirons d’abord l’objectivité du journaliste deTVA Nouvelles, un journaliste qui choisit délibérément de parler de manifestants «anti-choix», l’expression de prédilection des partisans de l’avortement pour désigner les opposants à l’avortement , qui préfèrent celle de «pro-vie». Objectivité aussi du journaliste (Cimon Charest pour ne pas le nommer) donnant la parole à au moins deux contre-manifestantes, contre-manifestantes-encapuchonnées, masquées et munies de surcroit de larges verres fumés comme si elles se préparaient à participer à un party ou à une soirée Antifa ou Black Block. Alors qu’il donnait la parole qu’à un seul porte-parole «pro-vie», vraisemblablement George Buscemi, président de Campagne Québec-vie, intervenant, lui, à visage découvert et sur un ton posé.
L’auditeur moyen de TVA Nouvelles en sera quitte pour conclure que c’est la présence des manifestants «pro-vie» qui est à l’origine de la contre-manifestation et de la «confrontation tendue» de dimanche dernier.
De là, il n’est pas difficile de conclure qu’à partir du traitement que réserve le journaliste de TVA Nouvelles à cette information, l’auditeur moyen se demandera pourquoi Campagne Québec-Vie, a encore le droit d’organiser La Marche pour la vie. D’ailleurs, pourquoi une Marche pour la vie, le droit à l’avortement ne fait-il largement consensus au Québec? Pourquoi prendre le risque que quelques dinosaures réactionnaires «pro-vie» puisse perturber l’ordre public.»? La liberté de manifester au Québec serait-elle un privilège à réserver aux avorteurs et à leurs partisans?
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