Sunday, January 9, 2022

Si tu me trompes, une fois…

 



À première vue, les tensions Occident-Russie autour de l’Ukraine peuvent apparaître comme un nouvel épisode de la Guerre froide. L’Occident a choisi de se méfier de Vladimir Poutine , distribué dans le rôle du méchant caractérisé par sa duplicité et sa fourberie son agressivité sur fond de mouvements de troupes à la frontière ukrainienne. Les chancelleries occidentales semblent actuellement convaincues que l’occupant du Kremlin leur prépare un coup à la Criméeenne. Les relations entre l’Occident et la Russie sont aujourd’hui marqués du sceau de la méfiance. Ce sentiment  est visiblement aussi celui qui prédomine à Moscou à notre égard:«C’est que le président russe , Vladimir Poutine , est convaincu que la progression constante des frontières de l’OTAN vers la Russie menace  la sécurité, sinon la survie de son pays. Il y a 30 ans, ces frontières étaient situées à 1200 kilomètres de Saint-Pétersbourg. Aujourd’hui elles sont à 100 kilomètres. Si l’Ukraine tombe dans le camp occidental, l’OTAN pointera ses armes vers le coeur d la Russie. D’ou la colère du chef du Kremlin qui ne cesse de rappeler que, dans les années 1990, les leaders occidentaux avaient donné des assurances orales à Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine sur le non-élargissement de l’OTAN vers l’Est. Ces assurances, dit-il, ont toujours été violées.»(Comment la Russie a trompé laRussie, LaPresse, 24 décembre).
 

 
 
« Poutine a-t-il raison? la réponse est oui. il est important ici d’avoir à l’esprit la chronologie des évènements et les propos prononcés par les uns et les autres pour bien comprendre les origines de la crise actuelle. L’historienne américaine Mary Elise Sarotte nous aide à voir plus clair. Elle vient de passera des années à éplucher les archives, à lire les notes manuscrites et les discours des principaux protagonistes, ainsi que les procès-verbaux de leurs rencontres. Le résultat de ce méticuleux travail est un fascinant ouvrage paru il y a quelques jours: Not One Inch. America , Russia and the making of Post-Cold War Stalemate.(Yale University Press) […] Tout commence quelques semaines après la chute du mur de Berlin en novembre 1989. à Washington, Le président Bush père se demande à quoi va ressembler la sécurité du continent européen. Plusieurs pays du pacte deVarsovie réclament leur adhésion à l’OTAN. Dans les couloirs du département d’État, on parle d’admettre la Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie, et Bush lorgne même vers les pays baltes[…] En Allemagne, le chancelier Helmut Kohl n’a qu’une obsession en tête: par.unification des deux Allemagnes. Les Occidentaux doivent offrir quelque chose Moscou s’ils veulent obtenir le départ des troupes soviétiques le maintien d’une Allemagne réunifiée au sein de l’OTAN. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher, ouvre le balades un discours prononcé en janvier. «Je veux que l’OTAN, Dit-il, affirme sans équivoque que peu importe ce qu’il adviendra au sein du pacte de Varsovie, il n’y aura pas d’expansion du territoire de l’OTAN vers l’Est, c’est à dire plus près des frontières de l’union soviétique». Lors de deux événements séparés, Allemands et Américains font une promesse verbale. Genscher s’engage: quoique qu’il arrive du pacte de Varsovie, dit-il, « une expansion du territoire de l’OTAN vers l’Est, soit plus près des frontières de l’Union soviétiques, n’aura pas lieu». Au même moment, à Moscou, le secrétaire d’État américain James Baker rencontre le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Au cours de la conversation, il lui propose un marché sous forme de question: « Préférez-vous qu’une Allemagne réunifiée soit liée à l’OTAN, avec l’assurance que le territoire l’OTAN ne sera jamais déplacé, neserait-ce que d’un piucevers l’Est par rapport à sa position actuelle? » À quoi Gorbatchev répond: « Toute expansion dela zone de l’OTAN n’est pas acceptable. »Baker acquiesce: » Nous sommes d’accord là-dessus.»Rien de ceci n’est écrit, mais de ces déclarations , il faut tirer l’esprit. Va pour l’esprit, mais les Gorbatchev et Baker auraient dû se souvenir que les paroles s’envolent et que les écrits restent.
« Pas pouce» vers l’Est a dit Baker. Et pourtant , l’OTAN s’est élargie en 1999 puis en 2004. Pourquoi?Mary Elise Sarotte avance plusieurs explications dont une résume toute la situation: les Occidentaux ont profité de la faiblesse de la Russie sous Gorbatchev et Eltsine.




L’histoire de l’élargissement  de l’OTAN démontre comment lejeudesgrandes puissancesest une arène ou seulela défense des intérêts compte. Les Occidentaux n’onttenu aucun compte des intérêts de la sécurité de la Russie. L’Ouest avait gagné la guerre froide, la Russie devait se soumettre. Poutine a retenu la leçon. Depuis son accession au pouvoir il y a 20ans, il renforce son pays, redresse son armée, établi ses lignes rouges. ilets maintenant prêt pour la bataille. Dans ses échanges avec le président Biden et les États-Unis Vladimir Poutine peut se remémorer à chaque jour le dicton volant que: si tu me trompes une fois honte à toi, si tu me trompes deux fois, honte à moi. Il serait surprenant qu’avec un Vladimir Poutine sur ses gardes, il y ait une deuxième fois. Plutôt que de se laisser absorber par la «crise» ukrainienne, n’y aurait-il pas lieu de se consacrer à compter d’aujourd’hui à la constitution d’un bloc eurasiatique en mesure de faire dace à la montée en puissance de la Chine et d’entrer finalement dans le XXIe siècle.

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