Qu’est-ce
qu’un Québécois? Pour les nationalistes identitaires, la question est
importante sinon essentielle. Le chroniqueur Mathieu Bock-Côté(MBC)
tente une réponse (Qu’est-ce qu’un Québécois? Je tente une réponse…, Journal de Montréal,
janvier). Inspiré par la nomination de Kent Hugues au poste de
directeur général du Canadiens, il se demande:»Certains ont confessé
leur agacement : cette fonction ne devrait-elle pas revenir à un
Québécois francophone, et cela dans une équipe qui n’en compte pas
beaucoup sur le glace? Il ne faut pas se laisser piéger sur cette
mauvaise piste.»
«Nous
n’allons quand même pas passer au détecteur de québécitude tous ceux
qui ne semblent pas appartenir immédiatement aux descendants des 60 000
colons de 1760. Évitons de tomber dans certains pièges.»
MBC
écarte d’abord ce qu’il faut considérer comme la « thèse territoriale»:
«un peuple n’est pas qu’un rassemblement d’individus partageant un
ensemble de règles administratives. Car, ainsi présentée, la culture
devient secondaire,[…].C’est évidemment absurde.
Deuxième
thèse:»Le second consisterait à réduire l’identité québécoise au groupe
canadien-français. Je note, soit dit en passant, que cette tentation
est moins présente chez les francophones de vieille souche , qui ont
depuis longtemps accepté d’ouvrir leur culture à ceux qui veulent
l’embrasser, que chez certains nouveaux arrivants (pas tous
heureusement) qui ne veulent pas porter l’identité québécoise. Pire: il
se sentent insultés quand on les y associe, comme s’il s’agissait d’une
identité dégradée Montréal leur convient, le Canada aussi, mais le
Québec, beaucoup moins.»
« Faisons le choix d’une autre méthode celle de l’histoire. Comment aborder l’identité québécoise, alors?
D’abord
à partir de sa majorité historique francophone. S’il y a un peuple
québécois, c’est d’abord à cause d’elle. Depuis quatre cent ans , elle a
exploré ce pays, elle l’a défriché. construit, imaginé, rêvé, défendu.
Tous ceux qui vivent au Québec sont québécois bien évidemment. Mais s’il
y a un peuple québécois, c’est d’abord à cause de cette majorité qui en
représente le noyau identitaire. On ne saurait la traiter comme une
communauté parmi d’autres. Pour que le Québec demeure le Québec, cette
majorité ne doit pas fondre démographiquement et ne doit pas s’effacer
culturellement. […] Mais l’identité québécoise est inachevée: nous ne
sommes toujours pas un pays indépendant.[…] MBC semble vouloir oublier
qu’il y a une identité écossaise et une identité catalane sans que ces
deux peuples ne soient indépendants.»
Il
est certain que l’»hypothèse territoriale» ne peut être retenue.
L’»hypothèse culturelle» que présente MBC est séduisante, mais
insuffisante; MBC est le premier à en mesurer les limites lorsqu’il
évoque le risque que cette majorité «fonde démographiquement» et le
risque de la voir «s’effacer culturellement». Pour préserver l’identité
québécoise, le temps est peut-être venu de proposer une «hypothèse ethno
culturelle» qui s’appuierait sur les descendants des 60 000 colons de
1760 (pour reprendre les termes de MBC) et ceux des immigrants écossais
et irlandais arrivés ici depuis 1760 et assimilés aux
Canadiens-français. Il faut reconnaître l’importance primordiale des
racines européennes du peuple québécois. Sans ce socle, le risque de
voir l’identité du peuple québécois se transformer en une «identité de
souk» ou une «identité arc-en-ciel». À nos yeux, un Québécois ne saurait
être autre chose qu’un Européen transplanté puis enraciné en sol
américain.
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