est
insignifiant. Difficile de ne pas songer à cette citation attribuée à
Tayllerand en observant les réactions au décès du chanteur Michel
Louvain. Concert d'éloges prévisible, concert d'éloges d'ou l'emphase
n'est pas absente. «Une page d'histoire se tourne pour la culture
québécoise. «Je perds un ami, un grand frère. Et le Québec perd l'une de
ses plus grandes idoles, de la trempe de Maurice Richard, Jean
Béliveau, René Lévesque» a confié Martin Leclerc (producteur de disques
et de spectacles) à La Presse. mercredi soir.» (La belle vie d'un
chanteur de charme, La Presse, 14 avril) L'émotion et le fait que
Martin Leclerc ait peut-être perdu l'une de ces vaches à lait n'excuse
pas l'exagération évidente qui caractérise ses propos. Nous aimerions
que Martin Leclerc nous explique la contribution de Michel Louvain a la
culture québécoise? Michel Louvain était d'abord et avant un interprète,
ni auteur, ni compositeur, La Presse le présente justement comme un
chanteur de charme (outre 45e parallèle ,Michel Louvain serait présenté
comme un crooner et un entertainer, Michel Louvain n'aura
été que cela. Il faut que le Québec manque de véritables héros, pour que
le premier ministre Legault déclare «Le peuple québécois perd une idole
qui a marqué plusieurs décennies. Un homme professionnel, gentil ,
respectueux, modeste. Mes sympathies à tous les proches de ce grand
artiste» Il ne s'agit pas de contester les qualités humaines et
professionnelles de Michel Louvain. Mais faut-il considérer Buenas noches mi amor, Pour un certain sourire, Louise, Lison, Linda et Sylvie
comme des contributions majeures à la culture québécoise. Si c'est le
cas, sur piédestal, faudrait-il élever Félix Leclerc et Gilles
Vigneault? À moins que ce ne soit La dame en bleu qui permette à Michel Louvain d'accéder au rang de Maurice Richard, Jean Béliveau et surtout René Lévesque. Comparez le plus beau voyage et Le grand six pieds de Claude Gauthier à La dame en bleu et vous réaliserez rapidement la différence entre un crooner et un poète. Le plus beau voyage et Le grand six pieds devrait «tourner»tous les jours sur les ondes de station de radio du Québec. Rappelons
que cette adulation ne date pas d'hier; Michel Louvain recevait en
2009, une médaille de l'Assemblée nationale et que depuis, 2015, il
était membre de l'Ordre du Canada. Il ne manque à Michel Louvain que la
béatification, cela viendra probablement pour les Jeannette Bertrand et
Ginette Reno que notre faune journalistique s'empressera de canoniser.
un peu de mesure honorerait cette faune. Les proches de Michel Louvain
méritent certes nos condoléances, ce n'est pas de cela dont nous parlons
ici, ce dont nous parlons ici, c'est l'unanimisme dans lequel baigne la
presse québécoise, écrite ou électronique, il suffit qu'un journaliste
écrive Géant ou gentleman pour que le terme soit repris ad nauseam dans les journaux et les bulletins de nouvelles. Nous n'avons pas de journalistes au Québec, mais une volière de perroquets.
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