L'Université
laurentienne, la seule université ontarienne bilingue éprouve des
difficultés financières, au point ou elle s'est placée sous la
protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des
compagnies, procédure surprenante et peu fréquente pour une institution
de haut savoir. «Le couperet est tombé lundi: pas moins de 69 programmes
, dont 28 en français ont été fermés avant la fin de la session
universitaire. Et une centaine de professeurs ont été congédiés.»
(Ottawa et Québec inquiets de la disparition de programmes en français, La Presse,
13 avril).Faisant jouer une solidarité franco canadienne qui voudrait
que le Québec vole au secours des minorités francophones hors-Québec.,
nous devrions accourir au secours des Franco-ontariens, mais voilà,
comment. à Québec, le député André Fortin (député libéral de Pontiac) a
livré un vibrant plaidoyer pour que élus dénoncent «ce jour noir pour
les francophones de l'Ontario.»
Cette
solidarité est un piège, le Québec ne doit pas baisser sa garde et se
méfier de ce combat qui n'a rien à voir avec son destin. Si le Québec
participe à cette manoeuvre , comment pourrait-il, demain s'opposer à
une manoeuvre similaire pouvant prendre forme au Canada anglais et
visant à «protéger» l'université MacGill, si cette dernière devait pour
des raisons budgétaires renoncer à certains programmes, suite à
l'application d'une loi 101 «musclée». L'éducation supérieure est un
champ de juridiction provinciale et il importe qu'il le demeure pour
protéger le Québec.
De
tout cela, il n'est sortie qu'une proposition intéressante, celle de
Paul Saint-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, voulant que l'on
offre aux étudiants francophones hors-Québec, la possibilité de
s'inscrire dans les universités françaises du Québec: «Le gouvernement
québécois Parti québécois[...] tendrait la main aux minorités
francophones [...]notamment par exemple en les invitant à venir faire
leurs études au Québec dans des paramètres financiers qui sont
abordables et accessibles pour eux a suggéré Paul St-Pierre Plamondon».
Les plus réalistes parmi nous diront qu'il y a loin de la coupe aux
lèvres et que le Parti québécois n'est pas le gouvernement québécois. Il
faut néanmoins saluer cette proposition et y voir une timide esquisse
d'une Loi du retour annonçant un retour de la diaspora
canadienne-française dans la vallée du Saint-Laurent et le berceau de la
nation française d'Amérique. Il ne s'agit pas de fermer les yeux sur
les difficultés d'adaptation de ces éventuels étudiants scolarisés
jusqu'à l'adolescence en anglais et le déchirement que cette brutale
transplantation au Québec. À un projet global et cohérent, il faudrait
ajouter un réseau de centres de formation à la vie québécoise avec cours
de langue, initiation à la culture québécoise, etc. (l'équivalent des
instituts Goethe pour les germanophiles, pourquoi pas des Instituts
Groulx pour les candidats au retour). De sorte que ces nouveaux
Québécois ne soient pas complètement dépaysés.Ce projet devrait d'abord
se demander si ces étudiants ont vocation à demeurer au Québec après
leurs études, question essentielle car il pourrait s'agir dans le
meilleur des mondes, de centaines de jeunes anglicisés venant s'ajouter à
la minorité anglo-québécoise. Retourneront-ils dans leur province
anglophone d'origine, auquel cas, quelques années d'étude au Québec ne
seront qu'un coup d'épée dans l'eau.L'histoire nous enseigne que de tels
retours peuvent s'avérer fructueux pour le Québec, qu'il suffise de
mentionner la romancière Gabrielle Roy (manitobaine de naissance), Henri
Bergeron l'animateur des Beaux Dimanches pendant plusieurs
années, lui aussi originaire du Manitoba et le critique littéraire et
essayiste Franco-ontarien, Jean Éthier-Blais.
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