Friday, April 16, 2021

Le piège


L'Université laurentienne, la seule université ontarienne bilingue éprouve des difficultés financières, au point ou elle s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, procédure surprenante et peu fréquente pour une institution de haut savoir. «Le couperet est tombé lundi: pas moins de 69 programmes , dont 28 en français ont été fermés avant la fin de la session universitaire. Et une centaine de professeurs ont été congédiés.» (Ottawa et Québec inquiets de la disparition de programmes en français, La Presse, 13 avril).Faisant jouer une solidarité franco canadienne qui voudrait que le Québec vole au secours des minorités francophones hors-Québec., nous devrions accourir au secours des Franco-ontariens, mais voilà, comment. à Québec, le député André Fortin (député libéral de Pontiac) a livré un vibrant plaidoyer pour que élus dénoncent «ce jour noir pour les francophones de l'Ontario.»
 
 

 
 

Cette solidarité est un piège, le Québec ne doit pas baisser sa garde et se méfier de ce combat qui n'a rien à voir avec son destin. Si le Québec participe à cette manoeuvre , comment pourrait-il, demain s'opposer à une manoeuvre similaire pouvant prendre forme au Canada anglais et visant à «protéger» l'université MacGill, si cette dernière devait pour des raisons budgétaires renoncer à certains programmes, suite à l'application d'une loi 101 «musclée». L'éducation supérieure est un champ de juridiction provinciale et il importe qu'il le demeure pour protéger le Québec.

De tout cela, il n'est sortie qu'une proposition intéressante, celle de Paul Saint-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, voulant que l'on offre aux étudiants francophones hors-Québec, la possibilité de s'inscrire dans les universités françaises du Québec: «Le gouvernement québécois  Parti québécois[...] tendrait la main aux minorités francophones [...]notamment par exemple en les invitant à venir faire leurs études au Québec dans des paramètres financiers qui sont abordables et accessibles pour eux a suggéré Paul St-Pierre Plamondon». Les plus réalistes parmi nous diront qu'il y a loin de la coupe aux lèvres et que le Parti québécois n'est pas le gouvernement québécois. Il faut néanmoins saluer cette proposition et y voir une timide esquisse d'une Loi du retour annonçant un retour de la diaspora canadienne-française dans la vallée du Saint-Laurent et le berceau de la nation française d'Amérique. Il ne s'agit pas de fermer les yeux sur les difficultés d'adaptation de ces éventuels étudiants scolarisés jusqu'à l'adolescence en anglais et le déchirement que cette brutale transplantation au Québec. À un projet global et cohérent, il faudrait ajouter un réseau de centres de formation à la vie québécoise avec cours de langue, initiation à la culture québécoise, etc. (l'équivalent des instituts Goethe pour les germanophiles, pourquoi pas des Instituts Groulx pour les candidats au retour). De sorte que ces nouveaux Québécois ne soient pas complètement dépaysés.Ce projet devrait d'abord se demander si ces étudiants ont vocation à demeurer au Québec après leurs études, question essentielle car il pourrait s'agir dans le meilleur des mondes, de centaines de jeunes anglicisés venant s'ajouter à la minorité anglo-québécoise. Retourneront-ils dans leur province anglophone d'origine, auquel cas, quelques années d'étude au Québec ne seront qu'un coup d'épée dans l'eau.L'histoire nous enseigne que de tels retours peuvent s'avérer fructueux pour le Québec, qu'il suffise de mentionner la romancière Gabrielle Roy (manitobaine de naissance), Henri Bergeron l'animateur des Beaux Dimanches pendant plusieurs années, lui aussi originaire du Manitoba et le critique littéraire et essayiste Franco-ontarien, Jean Éthier-Blais.

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