Monday, May 6, 2019

Mauvaise conseillère


La colère serait mauvaise conseillère dit l'adage bien connu. Elle n'est pas la seule. La triste affaire d'une fillette de 7 ans décédée à Granby nous aura démontré que l'émotion , vraie ou factice, peut aussi être mauvaise conseillère. Cette triste affaire aura donné lieu à des débordements.  L'affaire est devant les tribunaux, ce qui n'a pas empêché François Legault de qualifier probablement sous le coup de l'émotion les parents de la fillette de « monstres» en mêlée de presse. Visiblement le Sub Judicie derrière lequel les politiciens se plaisent si souvent à se réfugier, ne tient plus. À l'Assemblée nationale, les parlementaires y sont allés d'une minute de silence,  nous pensions cet hommage réservé à ceux qui avaient combattu pour leur pays ou à ceux qui avaient apporté une contribution remarquable à l'avancement du pays. Après la minute de silence (j'ai rarement vu des moments d'émotion comme ça à l'Assemblée » a confié le ministre Bonnardel (Enfant martyre : les politiciens unis face au drame « , Le Journal de Montréal, 2 mai), Après la minute de silence, Legault a donné l'accolade à certains parlementaires (les photographes n'ont pas manqué d'immortaliser l'accolade François Legault-Manon Massé). Probablement pour ne pas être en reste et risquer pour passer pour un homme insensible, François Bonnardel, député de la circonscription de Granby et ministre responsable de l'Estrie, s'est fendu d'un « maintenant, c'est tout le Québec qui voudrait la serrer dans ces bras ». À un Bonnardel qui dote le Québec de bras, nous voudrions dire que nous souhaitons que quelqu'un lui colle le « pied du Québec » au cul pour le ramener à la raison.  Si le « pied du Québec » a encore de l'énergie nous pourrions lui conseiller de botter aussi le cul de Mario Dumont qui lui se fend d'une mélodramatique « lettre à un ange abandonné »  dans l'édition du 3 mai du Journal de Montréal. À l'un et l'autre nous voudrions dire « qu'il faut savoir raison garder», et à Bonnardel qu'il est élu pour gouverner le Québec et non pour jouer les thérapeutes. Aux uns et aux autres, il faudrait rappeler qu'il de s'agit pas d'une affaire d'importance nationale, mais d'un fait divers, triste certes, mais d'un simple fait divers. Nous finirons par paraphraser Tayllerand et écrire: « Tout ce qui est émotif est insignifiant ». Mais voilà, la presse et les chaînes d'information continue délaissant probablement à regret la couverture des inondations n'ont cessé de jouer la nouvelle en une et d'abuser de titres aux accents sensationnalistes du genre la « fillette martyre » et de répétitives allusions à Aurore l'enfant martyre. Difficile pour des politiciens de ne pas tenter de tabler sur la vague d'indignation populaire, une vague nourrie justement par le matraquage incessant des média. Un matraquage qui donne lieu à un déballage indécent d'informations qui devrait d'abord être entendues par le tribunal. Comme cela est de pratique courante courante pour certains journalistes fouille-merde, les proches de la famille ont été soumis à la question, la mère du père a été interviewée pour nous apprendre que son fils souffrait de problèmes mentaux et que sa nouvelle conjointe, la belle-mère, surnommée par les média , « La marâtre», des parents inaptes (Aurore n'est jamais loin elle a fait un retour notamment sous la plume de Richard Martineau,  «Aurore, 100 ans plus tard», Journal de Montréal, 2 mai). Nous avons aussi appris que le père entendait instruire sa fille à la maison, il aggrave son cas, malgré le fait qu'il n'ait que son Secondaire IV, dixit la mère, voilà une mère comme nous aimerions en souhaiter à tous les Québécois, rien d'étonnant avec une telle mère que le fils ne se soit pas montré capable de protéger sa fille, sa mère se montrant elle -même incapable de protéger son fils, Pour ces confidences, elle a reçu non pas pour un plat de lentilles, mais ses « cinq minutes de gloire » à la télévision. Des voisins aussi à la recherche de leur cinq minutes de gloire ont raconté que la fillette venait fouiller dans leurs poubelles la nuit pour se nourrir. Alors qu'un autre racontait lui que la fillette était venu frapper à sa porte en pleine nuit.  Que n'ont-ils fait quelque chose de pleurer en choeur les commères de village.



Au-delà de l'anecdotique, la population (les média en fait) et l'Assemblée nationale se sont lancées dans le procès de la Direction de la protection de la jeunesse(DPJ), une tête a déjà roulé, celle du directeur de la DPJ Estrie, Alain Trudel, a été relevé de ses fonctions. C'est Lionel Carmant , ministre de la Santé et des Services sociaux, qui en a fait l'annonce, le 2 mai, avec son air habituel de chevreuil surpris par les phares d'une voiture fonçant sur lui. Il a été fait mention d'une enquête publique et d'une enquête publique de coroner, Sonia Lebel, ministre de la Justice aura fort à faire pour concilier ces enquêtes et préserver l'intégrité du processus judiciaire. Certains députés souhaitent la tenue d'une consultation, des travaux parlementaires non partisans inspirés par ce qui s'est fait pour la commission « mourir dans la dignité ».  Voilà qui devrait légitimement inquiéter, car quel pourrait-être  l'objet d'une telle commission? Un indice se trouve peut-être dans une chronique de Denise Bombardier (La loi du sang, Journal de Montréal, 3 mai). Elle dénonce « la loi du sang » en termes bien sentis: «L'obsession pour la loi du sang, qui donne aux parents biologiques , même psychologiquement démunis, la primauté de la garde de leur enfants , doit donc être remise en question". Dans le même registre, on trouve, Josée Legault qui dans « L'omerta qui tue » (Le Journal de Montréal, 3 mai) parle elle de « milieu familial toxique », voilà l'ennemi, les parents biologiques et à travers eux, la famille traditionnelle, les «parents biologiques » cela sous entend un homme et une femme , un père et une mère en fait. On songe que l'objectif ultime de ces opposantes à la famille traditionnelle est le kibboutz ou le « ça prend un village pour élever un enfant ». Dans cette perspective, il faut craindre une DPJ pourvue de pouvoirs élargis pouvant plus facilement retirer un enfant à ces parents biologiques. Une fois de plus , les réactions de la classe politique québécoise confirment le jugement que portait Wilfrid Laurier sur le Québec au début du siècle dernier, lorsqu'il déclarait : » La province de Québec n'a pas d'opinions, elle n'a que des sentiments. »

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