La colère serait mauvaise
conseillère dit l'adage bien connu. Elle n'est pas la seule. La triste
affaire d'une fillette de 7 ans décédée à Granby nous aura démontré que
l'émotion , vraie ou factice,
peut aussi être mauvaise conseillère. Cette triste affaire aura donné
lieu à des débordements. L'affaire est devant les tribunaux, ce qui n'a
pas empêché François Legault de qualifier probablement sous le coup de
l'émotion les parents de la fillette de « monstres»
en mêlée de presse. Visiblement le Sub Judicie derrière lequel
les politiciens se plaisent si souvent à se réfugier, ne tient plus. À
l'Assemblée nationale, les parlementaires y sont allés d'une minute de
silence, nous pensions cet hommage
réservé à ceux qui avaient combattu pour leur pays ou à ceux qui
avaient apporté une contribution remarquable à l'avancement du pays.
Après la minute de silence (j'ai rarement vu des moments d'émotion comme
ça à l'Assemblée » a confié le ministre Bonnardel
(Enfant martyre : les politiciens unis face au drame « , Le Journal de Montréal,
2 mai), Après la minute de silence, Legault a donné l'accolade à
certains parlementaires (les photographes n'ont pas manqué
d'immortaliser l'accolade François
Legault-Manon Massé). Probablement pour ne pas être en reste et risquer
pour passer pour un homme insensible, François Bonnardel, député de la
circonscription de Granby et ministre responsable de l'Estrie, s'est
fendu d'un « maintenant, c'est tout le Québec
qui voudrait la serrer dans ces bras ». À un Bonnardel qui dote le
Québec de bras, nous voudrions dire que nous souhaitons que quelqu'un
lui colle le « pied du Québec » au cul pour le ramener à la raison. Si
le « pied du Québec » a encore de l'énergie nous
pourrions lui conseiller de botter aussi le cul de Mario Dumont qui lui
se fend d'une mélodramatique « lettre à un ange abandonné » dans
l'édition du 3 mai du
Journal de Montréal. À l'un et l'autre nous voudrions dire
« qu'il faut savoir raison garder», et à Bonnardel qu'il est élu pour
gouverner le Québec et non pour jouer les thérapeutes. Aux uns et aux
autres, il faudrait rappeler qu'il de s'agit
pas d'une affaire d'importance nationale, mais d'un fait divers, triste
certes, mais d'un simple fait divers. Nous finirons par paraphraser
Tayllerand et écrire: « Tout
ce qui est émotif est insignifiant ». Mais voilà, la presse et les
chaînes d'information continue délaissant probablement à regret la
couverture des inondations n'ont cessé de jouer la nouvelle en une et
d'abuser de titres aux accents sensationnalistes
du genre la « fillette martyre » et de répétitives allusions à Aurore
l'enfant martyre. Difficile pour des politiciens de ne pas tenter de
tabler sur la vague d'indignation populaire, une vague nourrie justement
par le matraquage incessant des média. Un matraquage
qui donne lieu à un déballage indécent d'informations qui devrait
d'abord être entendues par le tribunal. Comme cela est de pratique
courante courante pour certains journalistes fouille-merde, les proches
de la famille ont été soumis à la question, la mère
du père a été interviewée pour nous apprendre que son fils souffrait de
problèmes mentaux et que sa nouvelle conjointe, la belle-mère,
surnommée par les média , « La marâtre», des parents inaptes (Aurore
n'est jamais loin elle a fait un retour notamment sous
la plume de Richard Martineau, «Aurore, 100 ans plus tard», Journal de Montréal,
2 mai). Nous avons aussi appris que le père entendait instruire sa
fille à la maison, il aggrave son cas, malgré le fait qu'il n'ait que
son Secondaire IV, dixit
la mère, voilà une mère comme nous aimerions en souhaiter à tous les
Québécois, rien d'étonnant avec une telle mère que le fils ne se soit
pas montré capable de protéger sa fille, sa mère se montrant elle -même
incapable de protéger son fils, Pour ces confidences,
elle a reçu non pas pour un plat de lentilles, mais ses « cinq minutes
de gloire » à la télévision. Des voisins aussi à la recherche de leur
cinq minutes de gloire ont raconté que la fillette venait fouiller dans
leurs poubelles la nuit pour se nourrir. Alors
qu'un autre racontait lui que la fillette était venu frapper à sa porte
en pleine nuit. Que n'ont-ils fait quelque chose de pleurer en choeur
les commères de village.
Au-delà de l'anecdotique, la population
(les média en fait) et l'Assemblée nationale se sont lancées dans le
procès de la Direction de la protection de la jeunesse(DPJ), une tête a
déjà roulé, celle du directeur de
la DPJ Estrie, Alain Trudel, a été relevé de ses fonctions. C'est
Lionel Carmant , ministre de la Santé et des Services sociaux, qui en a
fait l'annonce, le 2 mai, avec son air habituel de chevreuil surpris par
les phares d'une voiture fonçant sur lui. Il
a été fait mention d'une enquête publique et d'une enquête publique de
coroner, Sonia Lebel, ministre de la Justice aura fort à faire pour
concilier ces enquêtes et préserver l'intégrité du processus judiciaire.
Certains députés souhaitent la tenue d'une consultation,
des travaux parlementaires non partisans inspirés par ce qui s'est fait
pour la commission « mourir dans la dignité ». Voilà qui devrait
légitimement inquiéter, car quel pourrait-être l'objet d'une telle
commission? Un indice se trouve peut-être dans une
chronique de Denise Bombardier (La loi du sang, Journal de Montréal,
3 mai). Elle dénonce « la loi du sang » en termes bien
sentis: «L'obsession pour la loi du sang, qui donne aux parents
biologiques , même psychologiquement démunis, la primauté
de la garde de leur enfants , doit donc être remise en question". Dans
le même registre, on trouve, Josée Legault qui dans « L'omerta qui tue »
(Le Journal de Montréal, 3 mai) parle elle de « milieu familial
toxique », voilà l'ennemi, les parents
biologiques et à travers eux, la famille traditionnelle, les «parents
biologiques » cela sous entend un homme et une femme , un père et une
mère en fait. On songe que l'objectif ultime de ces opposantes à la
famille traditionnelle est le kibboutz ou le « ça
prend un village pour élever un enfant ». Dans cette perspective, il
faut craindre une DPJ pourvue de pouvoirs élargis pouvant plus
facilement retirer un enfant à ces parents biologiques. Une fois de plus
, les réactions de la classe politique québécoise confirment
le jugement que portait Wilfrid Laurier sur le Québec au début du
siècle dernier, lorsqu'il déclarait : » La province de Québec n'a pas
d'opinions, elle n'a que des sentiments. »
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