Friday, May 10, 2019

Manquer la cible

Le chroniqueur Richard Martineau manque joyeusement la cible dans sa chronique télévisuelle du 9 mai. L'homme nous a habitué à écrire des inepties (voir ce blogue « L'homme qui n'a rien compris», 1er mai, « démocrate de salon », 27 avril ). Dans sa chronique « Réveillez-vous» diffusée dans le cadre de l'émission Québec Matin, diffusé par le Réseau LCN, il déclare au sujet du philosophe Charles Taylor, co-auteur du rapport Bouchard-Taylor, rapport qu'il a désavoué en commission parlementaire dans le cadre de l'étude du projet de loi 21 sur la laïcité, prise de position prévisible depuis l'apparition de Taylor en février dernier lors des travaux de Québec solidaire dans le cadre de sa réflexion sur la laïcité, réflexion destinée au 15e Congrès national de la formation.  Prétendant synthétiser les propos de Charles Taylor, il déclare que les propos de ce dernier se résume en substance  à: «on a écrit n'importe quoi, oubliez, le rapport, ce n'était pas bon pantoute . Pour conclure par : « Pardon, il a été payé, combien pour cela? Oubliez le rapport , OK redonne le chèque». Utilisant le ton gouailleur qu'il affecte pour faire « populaire », Martineau manque la cible. Taylor n'a jamais dit que le rapport n 'était pas bon, il a plutôt conclu que les conclusions du rapport n'était peut-être plus appropriées. Si le Rapport répondait à la situation de 2007, il n'est peut-être plus pertinent aujourd'hui. Le philosophe reprochait à Jean Charest son inaction lors de son passage en commission parlementaire. À Martineau déclarant avec des accents populistes, sinon populaciers, «redonne le chèque», nous voudrions répondre que Charles Taylor a fait son travail et qu'il n'a pas à « redonner le chèque», si quelqu'un doit rembourser, c'est Jean Charest qui est resté assis inactif et n'a pas fait son travail pendant ces longues années au pouvoir, la même considération s'applique à Philippe Couillard.
 
 
 
Plus largement, le commentaire du sage Martineau, devrait nous faire réfléchir sur le travail de l'intellectuel en société. Le philosophe a été mandaté en 2007 pour étudier un contexte particulier (celui de la crise des « accommodements raisonnables », i.e. le Code de conduite d'Hérouxville), lui et Gérard Bouchard se sont penchés sur la situation au Québec à ce moment, fait une tournée du Québec, rencontré des dizaines d'intervenants avant de rédiger leur rapport.  Les deux hommes n'ont jamais prétendu avoir écrit un rapport aux conclusions universelles et intemporelles, les mêmes hommes écriraient peut-être un tout autre rapport aujourd'hui, un intellectuel honnête écrit dans un contexte, pas dans l'absolu. Faut-il rappeler à Martineau le vieil adage voulant que «Seuls les fous ne changent pas d'idées», personne n'a prétendu que Charles Taylor est fou, c'est le droit d'un intellectuel devoir sa pensée évoluée  lorsque le contexte change.

No comments:

Post a Comment