Le chroniqueur Richard Martineau manque
joyeusement la cible dans sa chronique télévisuelle du 9 mai. L'homme
nous a habitué à écrire des inepties (voir ce blogue « L'homme qui n'a
rien compris», 1er mai, « démocrate
de salon », 27 avril ). Dans sa chronique « Réveillez-vous» diffusée
dans le cadre de l'émission Québec Matin, diffusé par le Réseau LCN, il
déclare au sujet du philosophe Charles Taylor, co-auteur du rapport
Bouchard-Taylor, rapport qu'il a désavoué en commission
parlementaire dans le cadre de l'étude du projet de loi 21 sur la
laïcité, prise de position prévisible depuis l'apparition de Taylor en
février dernier lors des travaux de Québec solidaire dans le cadre de sa
réflexion sur la laïcité, réflexion destinée au
15e Congrès national de la formation. Prétendant synthétiser les
propos de Charles Taylor, il déclare que les propos de ce dernier se
résume en substance à: «on a écrit n'importe quoi, oubliez, le rapport,
ce n'était pas bon pantoute . Pour conclure par
: « Pardon, il a été payé, combien pour cela? Oubliez le rapport , OK
redonne le chèque». Utilisant le ton gouailleur qu'il affecte pour faire
« populaire », Martineau manque la cible. Taylor n'a jamais dit que le
rapport n 'était pas bon, il a plutôt conclu
que les conclusions du rapport n'était peut-être plus appropriées. Si
le Rapport répondait à la situation de 2007, il n'est peut-être plus
pertinent aujourd'hui. Le philosophe reprochait à Jean Charest son
inaction lors de son passage en commission parlementaire.
À Martineau déclarant avec des accents populistes, sinon populaciers,
«redonne le chèque», nous voudrions répondre que Charles Taylor a fait
son travail et qu'il n'a pas à « redonner le chèque», si quelqu'un doit
rembourser, c'est Jean Charest qui est resté
assis inactif et n'a pas fait son travail pendant ces longues années au
pouvoir, la même considération s'applique à Philippe Couillard.
Plus largement, le commentaire du sage
Martineau, devrait nous faire réfléchir sur le travail de l'intellectuel
en société. Le philosophe a été mandaté en 2007 pour étudier un
contexte particulier (celui de la crise
des « accommodements raisonnables », i.e. le Code de conduite
d'Hérouxville), lui et Gérard Bouchard se sont penchés sur la situation
au Québec à ce moment, fait une tournée du Québec, rencontré des
dizaines d'intervenants avant de rédiger leur rapport. Les
deux hommes n'ont jamais prétendu avoir écrit un rapport aux
conclusions universelles et intemporelles, les mêmes hommes écriraient
peut-être un tout autre rapport aujourd'hui, un intellectuel honnête
écrit dans un contexte, pas dans l'absolu. Faut-il rappeler
à Martineau le vieil adage voulant que «Seuls les fous ne changent pas
d'idées», personne n'a prétendu que Charles Taylor est fou, c'est le
droit d'un intellectuel devoir sa pensée évoluée lorsque le contexte
change.
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