Le Devoir se penche sur l'Afrique du Sud (Les défis de l'Afrique du Sud,
Le Devoir, 10 mai), la journaliste Sylvie St-Jacques, nous sert
tous les poncifs BCBG sur l'Afrique du Sud post-apartheid. Elle procède
chronologiquement et ouvre donc le ban avec un rappel des élections de
1994: »En 1994, les Sud-Africains
ont formé des files d'attente s'étirant sur plusieurs kilomètres devant
les bureaux de scrutin des premières démocratiques du pays. Lors de ce
jour historique associé au miracle politique sud-africain, ils ont élu à
62, 6% Nelson Mandela .» Les lendemains
ont déchanté et la journalistes ne peut s'empêcher de noter que
«(Aujourd'hui) le pays de Nelson Mandela vit certes avec d'abyssales
disparités sociales et raciales, un taux de chômage de 25%, une
croissance stagnante et une jeunesse désillusionnée . Mais
c'est aussi un pays qui jouit d'une forte société civile , un pays doté
d'une constitutions des plus avant-gardistes et riche d'une vie
culturelle en ébullition.»Saisissant l'archet de son violon, elle écrit:
«En 40 ans de journalisme, l'investiture de Nelson
Mandela demeure le plus grand jour de ma carrière « , affirme la
journaliste québécoise Lucie Pagé, qui évoque le souvenir d'avoir
assisté au discours inaugural dans la section VIP de l'Union Building
:»Ce jour là, nous n'étions ni de droite, ni de gauche
, ni des capitalistes, mais plutôt tous des êtres humains.» C'est au
prix d'une bonne dose de naïveté ou de mauvaise foi qu'il fallait
oublier en cette journée certes historique, le passé de violences que
traînait l'African National Congress (ANC )de Mandela,
pas simplement contre le gouvernement et les forces policières
sud-africaines ce qui peut se comprendre dans le cadre d'une lutte pour
le pouvoir, mais une violence entre Noirs, les agressions répétées
contre les Zoulous et la lutte entre l'ANC et l'Inkhata
de Mangoshutu Buthelezi (la BLacks on Blacks violence de
l'époque). Madame St-Jacques ne pipe mot de Winnie Mandela et des
exactions du Mandela United Football Club. Toujours au violon, elle cite
encore Lucie Pagé au sujet de cette journée
historique: »C'était extraordinaire d'être là pour voir celui qui avait
passé sa vie en prison tendre la main au chef du parti qui avait
détruit sa vie l'inviter à bâtir ensemble un pays, dans un contexte sans
violence. La nation arc-en-ciel qu'est aujourd'hui
l'Afrique du Sud , on la doit à Nelson Mandela. » L'histoire est
écrite, Le Messie est descendu une seconde fois sur Terre, seul hic, il
est reparti prématurément.
On appréciera , la discrétion de Madame
St-Jacques sur les motifs ayant amené Nelson Mandela (a) passé sa vie
en prison, il a tout de même trouvé le temps avant son incarcération de
faire ses études de droit et de devenir
avocat dans la très raciste Afrique du Sud. Madiba ne s'était pas rendu
coupable d'un vol à l'étalage du vol ou du vol d'une voiture. Pas un
mot sur le procès de Rivonia (les inculpés sont accusés d'avoir préparés
une révolution violente et d'avoir à cette
fin envisagé la préparation d'engins explosifs en vue de tenter de
réaliser un coup d'État qui aurait conduit à l'instauration d'un régime
communiste en Afrique du Sud, nous sommes alors en pleine Guerre froide
et l'Afrique du Sud jouait un rôle géopolitique
important pour l'Occident et comme fournisseur de métaux précieux). Les
activités terroristes de Mandela se sont déroulées dans le cadre des
activité du Omkhonto we Sizwe (le fer de lance de la nation) la branche
militaire del'ANC, mutisme de Madame St-Jacques
sur cette question, pour elle, il semble normal qu'un parti politique
dispose d'une branche militaire, c'est le cas des partis
révolutionnaires, pas celui des partis démocratiques; parti
révolutionnaire, c'était bien ce qu'était alors l'ANC, vocation
confirmée
par les liens étroits unissant l'ANC et le Parti communiste
sud-africain de Joe Slovo. Apprécions aussi le mutisme de Sylvie
St-Jacques sur la violence des Sud-Africains à l'égard des travailleurs
immigrés zimbabwéens et mozambiquais. Mutisme aussi sur la
violence endémique qui règne en Afrique du Sud, rappelons les propos de
Lucie Pagé qui déclarait »: la nation arc-en-ciel qu'est aujourd'hui
l'Afrique du Sud, on la doit à Nelson Mandela . » Une Afrique du Sud qui
est de moins en moins arc-en-ciel à mesure
que passe le temps , silence radio sur le « Tue le boer « le chant
repris par la Ligue de la Jeunesse de l'ANC et la propagande que fait
cette dernière pour une réforme agraire inspirée par celle de Robert
Mugabe au Zimbabwe, avec expropriation sans compensation
des fermiers blancs et fort probablement exode de ces derniers au
risque d'affamer le pays.
Un article ne fait pas l'histoire d'un
pays, mais celui-ci regroupe tout les éléments qui deviendrons le
vulgate de l'histoire de l'Afrique du Sud en Occident, innocence de
Mandela et incarcération arbitraire de ce
dernier, transition harmonieuse grâce à ce dernier, «nation arc-en
ciel»voulue par Mandela, trahi par ses successeurs Mbeki et Zuma, plombé
par le Poids économique des derniers Blancs .
No comments:
Post a Comment