Sunday, May 12, 2019

C'est ainsi que s'écrit l'histoire


Le Devoir se penche sur l'Afrique du Sud (Les défis de l'Afrique du Sud, Le Devoir, 10 mai), la journaliste Sylvie St-Jacques, nous sert tous les poncifs BCBG sur l'Afrique du Sud post-apartheid.  Elle procède chronologiquement et ouvre donc le ban avec un rappel des élections de 1994: »En 1994, les Sud-Africains ont formé des files d'attente s'étirant sur plusieurs kilomètres devant les bureaux de scrutin des premières démocratiques du pays. Lors de ce jour historique associé au miracle politique sud-africain, ils ont élu à 62, 6% Nelson Mandela .» Les lendemains ont déchanté et la journalistes ne peut s'empêcher de noter que «(Aujourd'hui) le pays de Nelson Mandela vit certes avec d'abyssales disparités sociales et raciales, un taux de chômage de 25%, une croissance stagnante et une jeunesse désillusionnée . Mais c'est aussi un pays qui jouit d'une forte société civile , un pays doté d'une constitutions des plus avant-gardistes et riche d'une vie culturelle en ébullition.»Saisissant l'archet de son violon, elle écrit: «En 40 ans de journalisme, l'investiture de Nelson Mandela demeure le plus grand jour de ma carrière « , affirme la journaliste québécoise Lucie Pagé, qui évoque le souvenir d'avoir assisté au discours inaugural dans la section VIP de l'Union Building :»Ce jour là, nous n'étions ni de droite, ni de gauche , ni des capitalistes, mais plutôt tous des êtres humains.» C'est au prix d'une bonne dose de naïveté ou de mauvaise foi qu'il fallait oublier en cette journée certes historique, le passé de violences que traînait l'African National Congress (ANC )de Mandela,  pas simplement contre le gouvernement et les forces policières sud-africaines ce qui peut se comprendre dans le cadre d'une lutte pour le pouvoir, mais une violence entre Noirs, les agressions répétées contre les Zoulous et la lutte entre l'ANC et l'Inkhata de Mangoshutu Buthelezi (la  BLacks on Blacks violence de l'époque).  Madame St-Jacques ne pipe mot de Winnie Mandela et des exactions du Mandela United Football Club. Toujours au violon, elle cite encore Lucie Pagé au sujet de cette journée historique: »C'était extraordinaire d'être là pour voir celui qui avait passé sa vie en prison tendre la main au chef du parti qui avait détruit sa vie l'inviter à bâtir ensemble un pays, dans un contexte sans violence. La nation arc-en-ciel qu'est aujourd'hui l'Afrique du Sud , on la doit à Nelson Mandela. » L'histoire est écrite, Le Messie est descendu une seconde fois sur Terre, seul hic, il est reparti prématurément.
 
 
 
On appréciera , la discrétion de Madame St-Jacques sur les motifs ayant amené Nelson Mandela (a) passé sa vie en prison, il a tout de même trouvé le temps avant son incarcération de faire ses études de droit et de devenir avocat dans la très raciste Afrique du Sud. Madiba ne s'était pas rendu coupable d'un vol à l'étalage du vol ou du vol d'une voiture. Pas un mot sur le procès de Rivonia (les inculpés sont accusés d'avoir préparés une révolution violente et d'avoir à cette fin envisagé la préparation d'engins explosifs en vue de tenter de réaliser un coup d'État qui aurait conduit à l'instauration d'un régime communiste en Afrique du Sud, nous sommes alors en pleine Guerre froide et l'Afrique du Sud jouait un rôle géopolitique important pour l'Occident et comme fournisseur de métaux précieux). Les activités terroristes de Mandela se sont déroulées dans le cadre des activité du Omkhonto we Sizwe (le fer de lance de la nation) la branche militaire del'ANC, mutisme de Madame St-Jacques sur cette question, pour elle, il semble normal qu'un parti politique dispose d'une branche militaire, c'est le cas des partis révolutionnaires, pas celui des partis démocratiques; parti révolutionnaire, c'était bien ce qu'était alors l'ANC, vocation confirmée par les liens étroits unissant l'ANC et le Parti communiste sud-africain de Joe Slovo. Apprécions aussi le mutisme de Sylvie St-Jacques sur la violence des Sud-Africains à l'égard des travailleurs immigrés zimbabwéens et mozambiquais. Mutisme aussi sur la violence endémique qui règne en Afrique du Sud, rappelons les propos de Lucie Pagé qui déclarait »: la nation arc-en-ciel qu'est aujourd'hui l'Afrique du Sud, on la doit à Nelson Mandela . » Une Afrique du Sud qui est de moins en moins arc-en-ciel à mesure que passe le temps , silence radio sur le « Tue le boer « le chant repris par la Ligue de la Jeunesse de l'ANC et la propagande que fait cette dernière pour une réforme agraire inspirée par celle de Robert Mugabe au Zimbabwe, avec expropriation sans compensation des fermiers blancs et fort probablement exode de ces derniers au risque d'affamer le pays. 
 
 
 
Un article ne fait pas l'histoire d'un pays, mais celui-ci regroupe tout les éléments qui deviendrons le vulgate de l'histoire de l'Afrique du Sud en Occident, innocence de Mandela et incarcération arbitraire de ce dernier, transition harmonieuse grâce à ce dernier, «nation arc-en ciel»voulue par Mandela, trahi par ses successeurs Mbeki et Zuma, plombé par le Poids économique des derniers Blancs .

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