Thursday, May 2, 2019

Au royaume de la Confusion



Y a-t-il un problème avec les cafetières du Journal de Montréal, la question se pose à la lecture de certaines chroniques de Richard Martineau (voir à ce blogue « Le démocrate de salon » et «L'homme qui n'a rien compris«). La maladie, si maladie il y a, touche maintenant Normand Lester, il en fournit une belle illustration avec sa chronique du 1er mai (Québec solidaire et les « idiots utiles » de la gauche).  Il ouvre sa chronique en écrivant :«Les menaces de violence pour empêcher Mathieu Bock-Côté  de s'exprimer sont révélatrices de la grande conversion de la gauche d'ici qui fait maintenant siennes les pratiques de la droite d'autrefois ». Normand Lester ne fournit aucune preuve de ce qu'il avance, Il faut comprendre que lorsqu'il parle de la « droite d'autrefois», il parle peut-être de la droite radicale des années 1930. 
 Épisode bien court et pas nécessairement représentatif de l'ensemble de l'histoire des droites occidentales.  


Présenté comme un journaliste d'enquête, Lester n'aurait probablement pas de difficultés à démontrer la « violence » des  partis conservateur britannique et canadien, du parti républicain américain, de l'Union pour la Démocratie française deValéry Giscard d'Estaing et de la démocratie chrétienne italienne. Sur sa lancée , Lester toujours dans son premier paragraphe écrit: « pour moi, cette affaire a des relents de la fameuse « loi du cadenas » de Duplessis qui interdisait l'utilisation de locaux par des organisations communistes. Et des autodafés nazis de livres d'auteurs qui ne leur plaisaient pas.  Réussir à passer dans le même paragraphe de Maurice Duplessis aux autodafés nazis, au royaume des confus, Normand Lester est roi. Le Roi Midas transformait en or tout ce qu'il touchait, Normand Lester transforme en confusion tout ce qu'il écrit. Sa chronique est chapeautée par une photographie d'un autodafé nazi. Normand Lester réussit l'exploit d'atteindre le point Goodwin avant même d'avoir écrit le premier mot de sa chronique. tout à sa prose, Lester continue en écrivant « Parallèlement , la gauche québécoise coagulée autour de Québec solidaire fait une culbute complète et renonce à la laïcité (Pourtant un de ses crédos) pour encourager le port du voile. On admirera ici, le passage de la « loi du cadenas» et des autodafés nazis à Québec solidaire, à la lecture des Lester, Martineau et Durocher, on pourrait craindre que les Gardes rouges de Québec solidaire n'envahissent les rues de Montréal, ainsi que de Val d'Or et Sherbrooke depuis le 1er octobre dernier, les chroniqueurs du Journal de Montréal devraient se barricader dans leurs bureaux de la rue Frontenac. 

Probablement convaincu d'avoir fait le tour du jardin Québec solidaire, Lester tient à nous prouver qu'il a des lectures plus exigeantes que les chroniques de Richard Martineau, il écrit: Le sociologue Robert Michels a montré comment les masses italiennes à la fin du XIXe siècle abandonnèrent l'Église catholique pour le socialisme . Après avoir pendant des siècles défilé, lors de la fête-Dieu, derrière des images du Christ et de la Vierge , du jour au lendemain le bon peuple s'est mis à marcher , le 1er mai, derrière des images de Marx et d'Engels . La vérité imposée d'en haut et les valeurs de solidarité de l'Église catholique avaient été reprises par les organisations marxistes.  Pour demeurer en Italie, faut-il conclure que les masses habituées à défiler derrière les images de Marx et d'Engels s'habituèrent sans grandes difficultés et sans états d'âme à défiler derrière les faisceaux, le marxisme et le socialisme préparent-ils le terrain du fascisme. Si nous demeurons dans la logique de Lester. Ce sont les mêmes Italiens qui ont voté massivement pendant des années pour la Démocratie chrétienne.  Ils ne faisaient que marcher derrière les images de Marx et d'Engels, ils n'en avaient jamais vraiment partagé les idéaux.  
Toujours à sa « sociologie à 5 sous », celle de Lester, pas celle de Michels qui est un sociologue plus sérieux que le chroniqueur, Lester ajoute, si ses lecteurs n'avaient pas compris,: « Ce que les masses européennes ont compris dans les années 1880-1890, nous au Québec , nous l'avons vécu entre entre 1960 et 1980. Le même transfert s'est effectué de l'Église vers l'idéologie socialo-communautariste, qui proposait une version laïque de la solidarité catholique et un paradis sur Terre plutôt qu'au-delà des nuages.  Mais la mentalité restait la même . Québec solidaire et ses partisans s'inscrivent  dans cette continuité(...). Pourquoi se fendre de néologismes (« L'idéologie socialo-communautariste ») et ne pas parler simplement de sociale-démocratie, une sociale-démocratie mise sur pied par les libéraux de Jean Lesage et Robert Bourassa et le Parti Québécois de René Lévesque, les uns et l'autre à des années lumière de Québec solidaire. 

Lester saute du coq à l'âne , preuve qu'il a épuisé ses munitions sociologiques et passe sans avertissement à un autre éclairage , il écrit : «Pour Québec solidaire et le Plateau, être de gauche est un brevet d'honnêteté et de compassion. Comment peut-on être aussi crédules et naïfs ?En Occident des grands partis socialistes et sociaux-démocrates ont été les plus corrompus et incompétents de l'après-guerre (affirmation un peu gratuite qui devrait être soutenue par la mention d'au moins une affaire en France en Italie ou en Allemagne de l'Ouest). Le parti socialiste et sa figure emblématique François Mitterand en sont de bons exemples. Première mystification , ce parti n'a jamais représenté la classe ouvrière. C'était la job du PC. Depuis sa refondation en 1971, le Parti socialiste constituait  un parti inter classes). Dans la phrase suivante, Lester rappelle qu'il a été correspondant à Paris. L'ancien correspondant de Radio-Canada à Paris pourrait-nous rappeler que tout corrompu et incompétent qu'il fut, Mitterand réussit à rouler dans la farine le Parti communiste qui entama une lente descente aux enfers dont il n'est pas revenu après le septennat de Mitterand, levant l'hypothèque communiste sur la vie politique française. 
Jouant les historiens, mais aussi malhonnête comme historien que comme sociologue, il écrit: « si on a la mémoire longue et qu'on remonte encore plus loin dans le temps , on se rappelle qu'en 1940, le groupe socialiste a la chambre des députés à voté à l'unanimité les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Le jeune François Mitterand a d'ailleurs été décoré de l'ordre de la Francisque pour services rendus à l'État collabo de Vichy. La longue mémoire à défaut d'honnêteté intellectuelle devrait commander à Lester de rappeler à ces lecteurs,  que la France qui était sortie exsangue mais triomphante de la Première guerre mondiale, venait de connaître la plus grande défaite militaire de son histoire et qu'une partie importante de son territoire était occupée par l'Allemagne (pour s'informer sur le contexte de cette défaite, nous recommandons la lecture de l'ouvrage de Jacques Benoist-Méchin, Les soixante jours qui ébranlèrent l'Occident), le Maréchal dans ce contexte difficile sut éviter la polonisation de la France (i.e. une occupation beaucoup plus dure) et préserver l'Empire .  Le « vainqueur de Verdun» apparaissait comme une alternative crédible au personnel politique largement discrédité  de la IIIe République.



 Normand Lester conclut en écrivant: "C'est Charles de Gaulle, un homme de droite, un général de surcroit , qui a sauvé l'honneur de la France et qui a été son plus grand président.  Oublié le fait que de Gaulle a quitté le territoire national lorsque les combats se poursuivaient encore, oublié le fait qu'il passa la guerre la guerre à l'abri à Londres, oublié le fait qu'il prêta la main à des opérations anti-françaises à Dakar, en Syrie et à Diego-Suarez, moins soucieux de l'honneur de la France que de son alliance avec Churchill et de son éventuel retour en France dans les bagages de Anglo-Américains. Oublié l'abandon de l'Algérie française, le rapatriement forcé de milliers de Pieds-noirs er l'abandon de milliers de harkis en dépit des promesses faites. Il faut plaindre les lecteurs de Norman Lester qui a défaut d'être informés sont proprement enfumés par le chroniqueur.

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