Y a-t-il un problème avec les cafetières du Journal de Montréal,
la question se pose à la lecture de certaines chroniques de Richard
Martineau (voir à ce blogue « Le démocrate de salon » et «L'homme
qui n'a rien compris«). La maladie, si maladie il y a, touche
maintenant Normand Lester, il en fournit une belle illustration avec sa
chronique du 1er mai (Québec solidaire et les « idiots utiles » de la
gauche). Il ouvre sa chronique en écrivant :«Les menaces
de violence pour empêcher Mathieu Bock-Côté de s'exprimer sont
révélatrices de la grande conversion de la gauche d'ici qui fait
maintenant siennes les pratiques de la droite d'autrefois ». Normand
Lester ne fournit aucune preuve de ce qu'il avance, Il faut
comprendre que lorsqu'il parle de la « droite d'autrefois», il parle
peut-être de la droite radicale des années 1930.
Épisode bien court et
pas nécessairement représentatif de l'ensemble de l'histoire des droites
occidentales.
Présenté comme un journaliste
d'enquête, Lester n'aurait probablement pas de difficultés à démontrer
la « violence » des partis conservateur britannique et canadien, du
parti républicain américain, de l'Union pour la Démocratie française
deValéry Giscard d'Estaing et de la démocratie
chrétienne italienne. Sur sa lancée , Lester toujours dans son premier
paragraphe écrit: « pour moi, cette affaire a des relents de la fameuse
« loi du cadenas » de Duplessis qui interdisait l'utilisation de locaux
par des organisations communistes. Et des
autodafés nazis de livres d'auteurs qui ne leur plaisaient pas.
Réussir à passer dans le même paragraphe de Maurice Duplessis aux
autodafés nazis, au royaume des confus, Normand Lester est roi. Le Roi
Midas transformait en or tout ce qu'il touchait, Normand
Lester transforme en confusion tout ce qu'il écrit. Sa chronique est
chapeautée par une photographie d'un autodafé nazi. Normand Lester
réussit l'exploit d'atteindre le point Goodwin avant même d'avoir écrit
le premier mot de sa chronique. tout à sa prose,
Lester continue en écrivant « Parallèlement , la gauche québécoise
coagulée autour de Québec solidaire fait une culbute complète et renonce
à la laïcité (Pourtant un de ses crédos) pour encourager le port du
voile. On admirera ici, le passage de la « loi du
cadenas» et des autodafés nazis à Québec solidaire, à la lecture des
Lester, Martineau et Durocher, on pourrait craindre que les Gardes
rouges de Québec solidaire n'envahissent les rues de Montréal, ainsi que
de Val d'Or et Sherbrooke depuis le 1er octobre
dernier, les chroniqueurs du Journal de Montréal devraient se
barricader dans leurs bureaux de la rue Frontenac.
Probablement
convaincu d'avoir fait le tour du jardin Québec solidaire, Lester tient à
nous prouver qu'il a des lectures plus exigeantes que les
chroniques de Richard Martineau, il écrit: Le sociologue Robert Michels
a montré comment les masses italiennes à la fin du XIXe siècle
abandonnèrent l'Église catholique pour le socialisme . Après avoir
pendant des siècles défilé, lors de la fête-Dieu, derrière
des images du Christ et de la Vierge , du jour au lendemain le bon
peuple s'est mis à marcher , le 1er mai, derrière des images de Marx et
d'Engels . La vérité imposée d'en haut et les valeurs de solidarité de
l'Église catholique avaient été reprises par les
organisations marxistes. Pour demeurer en Italie, faut-il conclure que
les masses habituées à défiler derrière les images de Marx et d'Engels
s'habituèrent sans grandes difficultés et sans états d'âme à défiler
derrière les faisceaux, le marxisme et le socialisme
préparent-ils le terrain du fascisme. Si nous demeurons dans la logique
de Lester. Ce sont les mêmes Italiens qui ont voté massivement pendant
des années pour la Démocratie chrétienne. Ils ne faisaient que marcher
derrière les images de Marx et d'Engels,
ils n'en avaient jamais vraiment partagé les idéaux.
Toujours à sa « sociologie à 5 sous »,
celle de Lester, pas celle de Michels qui est un sociologue plus sérieux
que le chroniqueur, Lester ajoute, si ses lecteurs n'avaient pas
compris,: « Ce que les masses européennes
ont compris dans les années 1880-1890, nous au Québec , nous l'avons
vécu entre entre 1960 et 1980. Le même transfert s'est effectué de
l'Église vers l'idéologie socialo-communautariste, qui proposait une
version laïque de la solidarité catholique et un paradis
sur Terre plutôt qu'au-delà des nuages. Mais la mentalité restait la
même . Québec solidaire et ses partisans s'inscrivent dans cette
continuité(...). Pourquoi se fendre de néologismes (« L'idéologie
socialo-communautariste ») et ne pas parler simplement de
sociale-démocratie, une sociale-démocratie mise sur pied par les
libéraux de Jean Lesage et Robert Bourassa et le Parti Québécois de René
Lévesque, les uns et l'autre à des années lumière de Québec solidaire.
Lester saute du coq à l'âne , preuve
qu'il a épuisé ses munitions sociologiques et passe sans avertissement à
un autre éclairage , il écrit : «Pour Québec solidaire et le Plateau,
être de gauche est un brevet d'honnêteté
et de compassion. Comment peut-on être aussi crédules et naïfs ?En
Occident des grands partis socialistes et sociaux-démocrates ont été les
plus corrompus et incompétents de l'après-guerre (affirmation un peu
gratuite qui devrait être soutenue par la mention
d'au moins une affaire en France en Italie ou en Allemagne de l'Ouest).
Le parti socialiste et sa figure emblématique François Mitterand en
sont de bons exemples. Première mystification , ce parti n'a jamais
représenté la classe ouvrière. C'était la job du
PC. Depuis sa refondation en 1971, le Parti socialiste constituait un
parti inter classes). Dans la phrase suivante, Lester rappelle qu'il a
été correspondant à Paris. L'ancien correspondant de Radio-Canada à
Paris pourrait-nous rappeler que tout
corrompu et incompétent qu'il fut, Mitterand réussit à rouler dans la
farine le Parti communiste qui entama une lente descente aux enfers dont
il n'est pas revenu après le septennat
de Mitterand, levant l'hypothèque communiste sur la vie politique
française.
Jouant les historiens, mais aussi
malhonnête comme historien que comme sociologue, il écrit: « si on a la
mémoire longue et qu'on remonte encore plus loin dans le temps , on se
rappelle qu'en 1940, le groupe socialiste
a la chambre des députés à voté à l'unanimité les pleins pouvoirs au
Maréchal Pétain. Le jeune François Mitterand a d'ailleurs été décoré de
l'ordre de la Francisque pour services rendus à l'État collabo de Vichy.
La longue mémoire à défaut d'honnêteté intellectuelle
devrait commander à Lester de rappeler à ces lecteurs, que la France
qui était sortie exsangue mais triomphante de la Première guerre
mondiale, venait de connaître la plus grande défaite militaire de son
histoire et qu'une partie importante de son territoire
était occupée par l'Allemagne (pour s'informer sur le contexte de cette
défaite, nous recommandons la lecture de l'ouvrage de Jacques
Benoist-Méchin,
Les soixante jours qui ébranlèrent l'Occident), le Maréchal dans
ce contexte difficile sut éviter la polonisation de la France (i.e. une
occupation beaucoup plus dure) et préserver l'Empire . Le « vainqueur
de Verdun» apparaissait comme une
alternative crédible au personnel politique largement discrédité de la
IIIe République.
Normand Lester conclut en écrivant: "C'est Charles de
Gaulle, un homme de droite, un général de surcroit , qui a sauvé
l'honneur de la France et qui a été son plus grand
président. Oublié le fait que de Gaulle a quitté le territoire
national lorsque les combats se poursuivaient encore, oublié le fait
qu'il passa la guerre la guerre à l'abri à Londres, oublié le fait qu'il
prêta la main à des opérations anti-françaises à Dakar,
en Syrie et à Diego-Suarez, moins soucieux de l'honneur de la France
que de son alliance avec Churchill et de son éventuel retour en France
dans les bagages de Anglo-Américains. Oublié l'abandon de l'Algérie
française, le rapatriement forcé de milliers de
Pieds-noirs er l'abandon de milliers de harkis en dépit des promesses
faites. Il faut plaindre les lecteurs de Norman Lester qui a défaut
d'être informés sont proprement enfumés par le chroniqueur.
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