Sunday, March 31, 2019

Les crépusculaires


Les problèmes du Parti Québécois (PQ) sont une source d'inspiration pour les chroniqueurs, chroniqueuses et blogueurs, pas nécessairement pour le mieux, malheureusement, je m'inclus dans le nombre. À trop travailler sur le même sujet, ils et elles finissent pas donner l'impression de se plagier.  Josée Legault se penche ainsi sur les conséquences du départ de Catherine Fournier de PQ. Nous avons déjà parlé dans ce blogue du texte de Francine Pelletier (La lente agonie dans Le Devoir (voir, À gauche toute avec Francine Pelletier.).  Toujours sur un ton crépusculaire, Josée Legault préfère elle parler de traversée du désert, Journal de Montréal, 19 mars) Elle débute sa chronique en parlant certes de Catherine Fournier, mais aussi de Jean-Martin Aussant, autre réformateur ayant lui aussi quitté la Vieille maison. Après une flèche à Jean-François Lisée, elle poursuit en parlant de l'implosion du PQ. et écrit : » Ma conclusion : au fil des ans , la confiance de nombreux souverainistes envers le PQ s'est effritée. Elle s'est effritée parce qu'à de rares exceptions près et au gré des sondages , il a miné sa propre crédibilité en mettant de côté ses trois principaux piliers : souveraineté, défense de la langue française et sociale-démocratie.  (...) Son refus de renforcer la loi 101 lorsque nécessaire a beaucoup déçu. Son appui à l'obsession du déficit zéro a fait fuir ses alliés traditionnels, dont de puissants syndicats. Pourtant en dépit du fait de ce qu'elle vient d'écrire, ce n'est pas là que le bât blesse vraiment pour elle.  « Puis vint la division déchirante au sein même du mouvement souverainiste par la charte des valeurs, un énième substitut occupationnel d'une indépendance oubliée. Alors que faire? » Il est amusant de constater que Josée Legault pose le même diagnostic que Francine Pelletier, mais cette fois pour un lectorat populaire. Alors que faire? «À neuf députés seulement et un parti en déclin, les voies de passage s'annoncent rarissimes. 
 
 

 
 Pour survivre à leur hécatombe, les progressistes-conservateurs ont dû se fondre dans l'Alliance canadienne et les adéquistes dans la nouvelle CAQ. Ni les conservateurs ni les adéquistes n'ont pu s'en sortir seuls.» Faut-il rappeler ici à Josée Legault que les progressistes-conservateurs et les adéquistes ne s'en sont pas sortis, les deux ayant purement et simplement disparus de la scène politique suite à ces étreintes fatales. La solution à laquelle pense Josée Legault a des airs de déjà vu, elle écrit en effet: « Pour le PQ, c'est une leçon à méditer. Peut-être bien que l'idée de bâtir une nouvelle « tente » souverainiste, si tant est que ce soit possible, mérite au moins réflexion. L' idée d'indépendance mérite qu'aucune pierre ne soit laissée non retournée.» Madame Legault oublie un peu rapidement qu'il y a déjà un autre occupant dans sa « tente souverainiste » et que cet occupant a déjà opposé une fin de non-recevoir assez sèche au Parti Québécois. Lu avec son évocation des destins des progressistes-conservateurs et des adéquistes, il faut comprendre que le salut du PQ passerait par un véritable rapprochement avec Québec solidaire (QS), sous la nouvelle « tente » souverainiste. Nous sommes encore dans le « à gauche toute » de Francine Pelletier. Dans son souci de ne laisser aucune pierre non retournée, Josée Legault aux fins de son analyse pourrait retourner la pierre des électeurs « moins à gauche » ce qui n'est pas la même chose que des électeurs de droite. Ces électeurs « moins à gauche »sont peut-être aujourd'hui les gros bataillons de la Coalition Avenir Québec? comme les nationalistes mous, clientèle toujours ignorée lorsqu'elle n'est pas carrément méprisée par les analystes,  ce sont eux qui décident du résultats des élections au Québec et non les « purs et les durs » de chacun des camps. C'est pour avoir su les comprendre que Maurice Duplessis a gouverné le Québec pendant trois décennies. Ces nationalistes mous ne sont pas nécessairement réfractaires à la souveraineté, mais ils sont peut-être réfractaires aux projets de société post-souveraineté. Refuser de considérer leur existence comme le fond Mesdames Legault et Pelletier trahit un préjugé grave à l'égard de tout ce qui n'est pas gauche solidaire. Laissés ces électeurs dans un angle mort de l'analyse politique marque moins la volonté de ces deux chroniqueuses de ne pas participez à la refondation ou à la renaissance du PQ que de voir sa disparition au profit de Québec solidaire. Pour ces deux dames, le PQ semble surtout coupable de faire de l'ombre à QS.

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