Les problèmes du Parti Québécois (PQ)
sont une source d'inspiration pour les chroniqueurs, chroniqueuses et
blogueurs, pas nécessairement pour le mieux, malheureusement, je
m'inclus dans le nombre. À trop travailler
sur le même sujet, ils et elles finissent pas donner l'impression de se
plagier. Josée Legault se penche ainsi sur les conséquences du départ
de Catherine Fournier de PQ. Nous avons déjà parlé dans ce blogue du
texte de Francine Pelletier (La lente agonie
dans Le Devoir (voir, À gauche toute avec Francine Pelletier.).
Toujours sur un ton crépusculaire, Josée Legault préfère elle parler de
traversée du désert,
Journal de Montréal, 19 mars) Elle débute sa chronique en parlant
certes de Catherine Fournier, mais aussi de Jean-Martin Aussant, autre
réformateur ayant lui aussi quitté la Vieille maison. Après une flèche à
Jean-François Lisée, elle poursuit
en parlant de l'implosion du PQ. et écrit : » Ma conclusion : au fil
des ans , la confiance de nombreux souverainistes envers le PQ s'est
effritée. Elle s'est effritée parce qu'à de rares exceptions près et au
gré des sondages , il a miné sa propre crédibilité
en mettant de côté ses trois principaux piliers : souveraineté, défense
de la langue française et sociale-démocratie. (...) Son refus de
renforcer la loi 101 lorsque nécessaire a beaucoup déçu. Son appui à
l'obsession du déficit zéro a fait fuir ses alliés
traditionnels, dont de puissants syndicats. Pourtant en dépit du fait
de ce qu'elle vient d'écrire, ce n'est pas là que le bât blesse vraiment
pour elle. « Puis vint la division déchirante au sein même du
mouvement souverainiste par la charte des valeurs,
un énième substitut occupationnel d'une indépendance oubliée. Alors que
faire? » Il est amusant de constater que Josée Legault pose le même
diagnostic que Francine Pelletier, mais cette fois pour un lectorat
populaire. Alors que faire? «À neuf députés seulement
et un parti en déclin, les voies de passage s'annoncent rarissimes.
Pour survivre à leur hécatombe, les progressistes-conservateurs ont dû
se fondre dans l'Alliance canadienne et les adéquistes dans la nouvelle
CAQ. Ni les conservateurs ni les adéquistes n'ont
pu s'en sortir seuls.» Faut-il rappeler ici à Josée Legault que les
progressistes-conservateurs et les adéquistes ne s'en sont pas sortis,
les deux ayant purement et simplement disparus de la scène politique
suite à ces étreintes fatales. La solution à laquelle
pense Josée Legault a des airs de déjà vu, elle écrit en effet: « Pour
le PQ, c'est une leçon à méditer. Peut-être bien que l'idée de bâtir une
nouvelle « tente » souverainiste, si tant est que ce soit possible,
mérite au moins réflexion. L' idée d'indépendance
mérite qu'aucune pierre ne soit laissée non retournée.» Madame Legault
oublie un peu rapidement qu'il y a déjà un autre occupant dans sa
« tente souverainiste » et que cet occupant a déjà opposé une fin de
non-recevoir assez sèche au Parti Québécois. Lu avec
son évocation des destins des progressistes-conservateurs et des
adéquistes, il faut comprendre que le salut du PQ passerait par un
véritable rapprochement avec Québec solidaire (QS), sous la nouvelle
« tente » souverainiste. Nous sommes encore dans le « à
gauche toute » de Francine Pelletier. Dans son souci de ne laisser
aucune pierre non retournée, Josée Legault aux fins de son analyse
pourrait retourner la pierre des électeurs « moins à gauche » ce qui
n'est pas la même chose que des électeurs de droite.
Ces électeurs « moins à gauche »sont peut-être aujourd'hui les gros
bataillons de la Coalition Avenir Québec? comme les nationalistes mous,
clientèle toujours ignorée lorsqu'elle n'est pas carrément méprisée par
les analystes, ce sont eux qui décident du
résultats des élections au Québec et non les « purs et les durs » de
chacun des camps. C'est pour avoir su les comprendre que Maurice
Duplessis a gouverné le Québec pendant trois décennies. Ces
nationalistes mous ne sont pas nécessairement réfractaires à la
souveraineté, mais ils sont peut-être réfractaires aux projets de
société post-souveraineté. Refuser de considérer leur existence comme le
fond Mesdames Legault et Pelletier trahit un préjugé grave à l'égard de
tout ce qui n'est pas gauche solidaire. Laissés
ces électeurs dans un angle mort de l'analyse politique marque moins la
volonté de ces deux chroniqueuses de ne pas participez à la refondation
ou à la renaissance du PQ que de voir sa disparition au profit de
Québec solidaire. Pour ces deux dames, le PQ semble
surtout coupable de faire de l'ombre à QS.
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