Saturday, March 16, 2019

À gauche toute avec Francine Pelletier

La démission surprise de Catherine Fournier (députée péquiste de Marie-Victorin) a suscité de nombreuses réactions allant de la surprise à la désapprobation. La réaction de la chroniqueuse Francine Pelletier du Devoir,( La lente agonie, Le Devoir, 13 mars) va plus loin. Elle se penche sur ce qui a son avis , est en train de «tuer le PQ». Profitant de l'occasion pour prendre ses distances avec le PQ, elle écrit: »En attendant, pour avoir cru, moi aussi, en René Lévesque , et applaudi à sa capacité  de nous relever collectivement le menton, voici ma propre liste de ce qui est en train « de tuer le PQ ». « L'histoire (avec un H). né dans la foulée de la Révolution tranquille et béni par la présence de grands esprits(Lévesque, Bourgault, Parizeau...) le parti avait à ses débuts quelque chose de proprement révolutionnaire dans sa vision émancipatrice du Québec.Cinquante ans plus tard, rongé de l'intérieur par son obsession du « bon gouvernement », dénué d'un idéal qui lui soit propre , contemplant un Québec qui n'a vraiment plus rien à voir avec celui des années des années 1960, le PQ souffre affreusement de la comparaison entre hier et aujourd'hui.  Le contraste entre ce qu'il représentait à l'époque et ce qu'il représente aujourd'hui est, comme les photos de votre tendre jeunesse, insupportable.  Francine Pelletier ne s'adresse pas aux jeunes qui seraient sensés faire aujourd'hui (c'est nous qui soulignons),  mais à sa génération de baby-boomers. Il y a des phases dans la vie d'un parti politique et le PQ comme elle le note est sorti de sa jeunesse en affirmant un jour être en mesure de prendre en mains les rênes du gouvernement, maturité oblige. La question qui se pose est, est-ce que Francine Pelletier est sortie de la sienne, quelqu'un veut-il la prévenir que le pot est légal et que si elle n'a a brulé ses soutien-gorges, le temps est passé. Le peace and love est derrière nous depuis belle lurette. Les boys sont revenus du Vietnam, le retour à 2019 de Madame Pelletier s'accompagne d'un peu de lyrisme, elle écrit :»On a beaucoup dit que René Lévesque nous avait donné l'indépendance sans pourtant la réaliser. C'est vrai , mais c'est aussi ce qui tue, en partie, le PQ, aujourd'hui. il a participé à sa propre obsolescence tout en étant incapable de conquérir de nouvelles frontières ». Le héros prométhéen n'a pas réussi à entrainer son peuple au delà de cette frontière, n'est pas Moïse qui veut.




Le plat principal de la chronique de Madame Pelletier ne réside pas dans cette critique du «bon gouvernement », mais dans une critique de la tentation identitaire à laquelle le PQ aurait succombé le 30 octobre 1995: »la défaite de 1995 a été bien plus dévastatrice encore  Le poison dont parle Jean-François Lisée a très peu voir avec le penchant des médias pour les mauvaises nouvelles. Ce qui empoisonne le PQ aujourd'hui remonte aux paroles prononcées par Jacques parizeau le 30 octobre.  Sa malheureuse allusion aux «votes ethniques » a non seulement planté la graine de la division, elle a sonné le début d'un nationalisme frileux et du débat identitaire. La charte des valeurs proposée par le gouvernement Marois, des années plus tard. n'est rien d'autre que la pousse issue de cette même semence, une tentative là encore combien maladroite , de planter son drapeau en reprochant aux Autres de ne pas être suffisamment comme « nous autres ». À notre avis l'adoption de la Charte des valeurs aurait peut-être permis la réélection du gouvernement Marois en et rendu impossible l'élection du gouvernement Legault en 2018, Le PQ évoquant lui aussi un réduction significative du nombres d'émigrants. La CAQ aurait été incapable de constituer le fonds de commerce (signes religieux ostentatoires, égalité homme-femme, accommodements raisonnables) qui lui a permis de remporter l'élection du 1er octobre. 
Nous sommes tentés de dire poliment à Madame Pelletier qu'elle a tout faux. Elle peut juger « malheureuse» l'allusion de Jacques Parizeau au soir du 30 octobre 1995, mais elle ne peut la présenter comme mensongère, le «grand esprit» de années 1960, devient au terme de cette allusion, un pelé et un galeux de la cause souverainiste, pour un peu son « argent et ses votes ethniques » expliquerait Viktor Orban, Matteo Salvini, Marine Le pen  et tous ces politiciens populistes européens soucieux de voir leurs pays conserver leur traditions et leurs modes de vie et voir les nouveaux arrivants se comporter comme « nous autres» en vertu du principe voulant « qu'à Rome... ». ce n'est pas la seule pierre qu'elle lance à Jacques Parizeau: «Cet étonnant repli sur soi -tout le contraire de ce qu'était Jacques Parizeau ou de ce qu'annoncait le PQ au départ - a fait fuir d'abord les communautés culturelles (qui a vu les fameuses « communautés culturelles se ranger derrière les couleurs de la souveraine du Québec, elles ne le feront probablement jamais trop à l'aise qu'elles sont dans les rangs des troupes multiculturalistes) , ensuite les jeunes, et finalement, la charte faisant déborder le vase, les progressistes de tout acabit. Ce que l'on devine en en creux sans trop de problèmes dans les propos de Francine Pelletier c'est un appel à se ranger derrière Québec Solidaire et à solder le Parti Québécois.
Francine Pelletier conclut en écrivant: «  À force de détourner le regard, le ver s'est non seulement infiltré dans la pomme, il a fini par en manger les trois quarts.» Il faut comprendre que le ver est le nationalisme identitaire et qu'il ne reste qu'un quatre de PQ, ce quart sera-t-il suffisant pour rebâtir le vaisseau-amiral du souverainiste avant que QS ne reprenne le flambeau, à moins qu'il ne faille espérer la construction d'un véritable mouvement identitaire en dehors du PQ et une radicalisation de la CAQ.

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