Le nom de Mosley apparaîtrait
dans le manifeste de Brenton Taggart celui qui est considéré comme
l'auteur des attaques contre deux mosquées de Christchurch. Selon ce
manifeste, Taggart y affirmerait que Mosley
serait « dans l'histoire la personne la plus proche de mes propres
croyances.» Qui est donc ce Mosley figure mineure et bien oubliée de
l'histoire britannique? personnage méconnu dans le monde francophone.
Sir Oswald Mosley mérite d'être mieux connu, pour
aller à la rencontre de Sir Oswald Mosley, nous ne saurions trop
recommander la lecture du numéro 14 des Cahiers d'histoire du nationalisme, Éditions Synthèse nationale(1), c'est un véritable livre de 178 pages que les lecteurs auront entre
les mains. Rédigé par Rémi Tremblay, c'est un ouvrage d'une
lecture agréable. Les lecteurs francophones découvriront la vie d'Oswald
Mosley et son surprenant trajet politique.
Mosley est un leader fasciste
atypique de l'entre-guerres, atypique
parce qu'il lance un mouvement fasciste au coeur du pays qui a vu
naitre le parlementarisme et le libéralisme économique. Atypique aussi
parce qu'il survit à la deuxième guerre mondiale et reprend ses
activités politiques après 1945. (Léon Degrelle a survécu
à la guerre, mais condamné à un exil espagnol lui interdisant toute
reprise d'activités politiques dans sa Belgique natale, Adrien Arcand,
chez nous, a aussi survécu à la guerre, mais il est difficile de parler
d'activités politiques dans son cas, voyant son
influence décroitre dans un Québec de plus en plus plus étranger à son
catholicisme antisémite, il dut s'en tenir à des activités finalement
confidentielles).
Mosley est un homme qui
appartient à la « génération du front. Toute sa vie et ses combats
politiques demeureront marqués par cette expérience. Rémi
Tremblay résume ainsi ce que seront les objectifs
de Mosley, le vétéran ayant survécu aux tranchées:»1- servir l'homme
ordinaire , celui qui a tout sacrifié dans la guerre; servir l'Empire,
qui a si bien défendu l'Angleterre; servir la paix contre l'absurdité de
la guerre.»
Il fera tout plus tard pour éviter la répétition de la boucherie de 1914-18, en 1939, il déclare Britain First, sous le slogan Mind Britain's business, il
animera une vaste
campagne anti-belliciste afin d'empêcher l'entrée de la Grande-Bretagne
dans la guerre dont l'ombre s'étend sur l'Europe. Rémi Tremblay
s'intéresse à Mosley député conservateur puis au flirt de celui-ci avec
le Labour. Il demeurera quelques
années dans cette position de « compagnon de route du Labour. Véritable
météorite de la scène politique britannique, il traversera ainsi le
ciel politique britannique. À partir de 1930, devant l'incurie des
conservateurs et des travaillistes face à la Crise,
Mosley évolue vers le fascisme. Début 1932, Mosley part pour Rome et y
rencontre Mussolini. Mosley revient séduit et convaincu de l'intérêt
d'implanter le fascisme en Grande-Bretagne. Pour Mosley:» Le fascisme
devient le seul véhicule possible pour parvenir
à changer la donne au niveau économique et permettre aux ouvriers de
vivre décemment. Le fascisme, par son rejet du parlementarisme stérile,
n'a pas comme fin d'asseoir le pouvoir d'un parti, mais bien d'éviter
les querelles et le « sur place » qui sont intrinsèquement
liés à la démocratie libérale et de faire changer in fine les choses pour le bien commun. (page 61)vision un peu idyllique, mais le fascisme italien est encore jeune, Le British Union of Fascists est officiellement constitué
en octobre 1932, le mouvement adopte d'abord comme insigne, le faisceau apposé sur l'Union jack. C'est le deuxième insigne adopté par Mosley qui demeurera associé au British Union of Fascists, Il s'agit d'un éclair dans un cercle,
pour Mosley, c'est the flash of Action within the circle of unity. Dans son ouvrage manifeste, The Greater Britain,Mosley
détaille son programme et parle beaucoup de valeurs, mais aussi de la
science en laquelle il a une foi
inébranlable. il considère d'ailleurs le corporatisme comme le modèle
rationnel par excellence pouvant s'ajuster au gré des nouvelles
découvertes. plutôt que de devoir s'orienter en fonction d'idéologies
quelconques. Le progrès passe par la science et la technique. »(page
67).
Fasciste atypique aussi parce qu'il anime un mouvement fasciste
dans l'un des pays vainqueurs de la première guerre mondiale, rien dans
le fascisme britannique qui puisse être assimilé au fascismes
« révisionnistes » des vaincus de la Grande guerre (Allemagne,
Autriche, Hongrie) ou d'un négligé des traités ayant suivi la Grande
guerre (Italie). Ce fascisme de vainqueur est aussi un fascisme de
gauche, deuxième raison pour s'intéresser à Mosley. Mosley est tout le
contraire d'un islamophobe, position indéfendable
pour un défenseur de l'Empire. Mosley n'est pas non plus un raciste au
sein contemporain du terme. Il souhaite que l'Empire demeure administré
par des Blancs, mais il s'agit probablement plus des préjugé d'un homme
de sa classe sociale et de son époque . Après
1945, il se préoccupe surtout d'éviter la répétitions des deux guerres
mondiales, si gourmandes en vie européennes. Il développera l'idée d'un
Nation Europe, cette Nation Europe se substitue dans l'univers politique
de Mosley à l'Empire autarcique dont il
faisait la promotion avant la guerre. Unissant les peuples européens
contre la menace du communisme soviétique et de l'hégémonie américaine
sur l'Europe occidentale Attentif à ce qui se déroule dans son arrière
cour, il se montrera préoccupé par l'arrivée
importante de nombreux Jamaïcains au cours des années 1950. Pour
l'histoire, s'il faut chercher un responsable de l'éveil des
nationalistes britanniques aux changements que cette immigration (anciennes colonies:
Afrique, Antilles, Sous Continent indien)représente pour le Royaume-Uni
c'est vers le conservateur Enoch Powell et son célèbre discours Rivers of blood qu'il faut se tourner et non vers Oswald Mosley, ce
dernier n'est pas à l'origine des groupes anti-immigration britanniques et n'a pas participé à la création du National Front (NF) en
1967, le nationalisme anti Union européenne du NF est d'ailleurs aux antipodes de sa Nation Europe. Étranger aux activités du NF. Orateur
puissant, il reprend ses activités politiques après sa libération de la
prison dans laquelle le gouvernement britannique l'a maintenu pendant
la guerre. À la demande d'anciens partisans du BUF et
il constitue avec eux l'Union Movement. Aventure qui ne lèvera pas, Il renouera avec un peu de son lustre d'antan avec le lancement
de son autobiographie, My life en 1968. L'époque
des chevauchées politiques est terminée et Rémi Tremblay souligne que
Mosley consacre cette période de sa vie à la réflexion politique et
économique.
Il faut un esprit tordu comme
Brenton Taggart ou influencé par d'autres sources d'informations ou
lectures mal assimilées pour présenter Oswald Mosley comme une source
d'inspiration aux attaques de Christchurch.
Parmi les nombreuses vies de Mosley, laquelle a servi d'inspiration
Brenton Taggart. Grâce au travail d'un historien, découvrez le visage du
vrai Sir Oswald Mosley. Pour les lecteurs francophones, cette
biographie présente un intérêt historique, à la même
époque, certains socialistes français cherchent à sortir des dilemmes
qui déchirent la sociale-démocratie entrent dans le « champ magnétique
des fascismes » pour reprendre l'expression de l'historien Philippe
Burrin, , ils seront quelques socialistes français
à regarder aussi vers Rome, ces néo-socialistes formeront le Parti
socialiste de France s'avançant derrière le slogan, Ordre, Autorité,
Nation, arrachant à Léon Blum un : »je suis épouvanté », marquant sa
surprise et sa désapprobation devant cette mue possible
de la vieille Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO).
Les néo socialistes contrairement à Mosley, ne se revendiqueront pas du
fascisme avant 1939, mais le plus connu de ces néo socialistes, Marcel
Déat, qui finira collaborateur ouvertement fasciste
sous l'occupation allemande et décèdera en exil en 1955. Dans ce
mouvement qui affecte le socialisme démocratique d'Europe occidentale au
cours des années 1930, il faut aussi compter le Belge Henri de man et
son planisme. Pour la petite histoire, Max Mosley,
ancien président de la Fédération Internationale de l'Automobile est le
fils cadet d'Oswald Mosley.
http://synthese-editions.com/home/151-cahier-d-histoire-du-nationalisme-n14.html
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