La «job de bras»
Josée
Legault s'était-elle levée du mauvais pied pour s'en prendre,
voulait-elle donner des gages de progressisme à certains de ces amis
s'inquiétant de sa collaboration à ce repère de mauvais sujets qu'est le
Journal de Montréal (Mathieu Bock-Côté, Joseph Facal, Richard
Martineau, Sophie Durocher). Peu importe la raison, Josée Legault s'est
probablement fait plaisir en croyant se «payer» Éric Zemmour dans sa
chronique (Éric Zemmour, un provocateur inquiétant, Journal de Montréal,
2 décembre). Démarrant sur les chapeaux de roue, elle écrit: «Ce mardi
dans une vidéo ronflante, Éric Zemmour annonçait sa candidature à la
présidentielle française. Polémiste d'extrême droite, grossier
personnage et misogyne avéré, l'homme est inquiétant. Sa vidéo en fait
la démonstration spectaculaire. S'autoproclamant «sauveur de la France,
Zemmour y copie même la fameuse pose du Général de Gaulle lors de son
appel du 18 juin 1940 enjoignant les Français à résister à l'ennemi
nazi.». (Sur la vidéo de Zemmour, il est intéressant de comparer
l'opinion de Mme Legault à celle de Natacha Polony, directrice de
l'hebdomadaire de gauche Marianne, Natacha Polony écrit: «La
vidéo par laquelle Éric Zemmour a annoncé sa candidature se veut un
récit, qui parle aux sentiments intimes de ses potentiels électeurs. Le
récit de trente ou quarante ans de déni ou de mensonge des élites.
Le
récit du parcours idéologique de certains Français, passant par le
constat solitaire, la colère, puis l'impression d'être montré du doigt
parce qu'on n'adhère pas aux dogmes de la mondialisation heureuse et de
l'ouverture obligatoire. Sans surprise, Éric Zemmour y raconte ce
«remplacement» de population qui est le coeur de son analyse. Les
commentateurs, aussitôt, ont moqué le style grandiloquent, le pastiche
de De Gaulle, les images nostalgiques qualifiées de «rances» par des
gens pour qui toute nostalgie est suspecte, toute image du passé
entachée de détestation de l'Autre. Et tel est bien ce que l'on peut
reprocher à Éric Zemmour: d'avoir donné raison à tous ceux qui veulent
criminaliser l'amour des Français pour leur patrimoine et l'envie de
perpétuer ce qu'ils sont.» (Portrait de la France en campagne
présidentielle, Marianne, 3 au 9 décembre). En parallèle avec son
propre appel répété aux Français de résister à l'ennemi qu'il désigne:
l'immigration. Dans sa vidéo défilent des images créant l'impression
d'un pays à feu et à sang croulant sous le joug de voyous violents, tous
arabes ou noirs (Dans cette vidéo, Zemmour se plaît surtout à évoquer
Jeanne d'Arc, Louis XIV, Napoléon et le général De Gaulle, il y déclare
aussi; Vous n'avez pas quitté votre pays, c'est votre pays qui vous a
quitté.). Éric Zemmour n'est pas un simple polémiste.»
Revenons
à Mme Legault. «Il est un boutefeu d'extrême-droite-un provocateur
cherchant à nourrir les conflits et les pires préjugés
anti-immigration.» Comme si son intention était de répondre aux
exagérations de Josée Legault sur le boutefeu et et le provocateur,
Natacha Polony écrit: «Non, tout ce que dit Éric Zemmour n'est pas faux
et scandaleux. Non, les Français qui ont pu lui trouver de l'intérêt ne
sont pas tous d'ignobles fascistes, pas plus que ceux qui, depuis des
années, votent Rassemblement national pour crier leur colère ou leur
désespoir.[...]
Lunettes
roses sur le nez, Mme Legault peut affecter de ne pas se souvenir du
Bataclan, de Samuel Paty et d'ignorer le harcèlement de rue qui triomphe
dans certaines villes françaises. Contrairement à ce que pense Mme
Legault ce n'est pas Éric Zemmour qui nourrit les pires préjugés
anti-immigration, c'est l'immigration elle-même qui les suscitent et les
alimentent. L'immigration en France n'a pas besoin d'un Éric Zemmour
pour avoir mauvaise presse.
«Dans
un de ses hasards dont la vie a le secret, le jour même de l'annonce de
Zemmour, à Paris, Joséphine Baker, résistante et artiste légendaire
décédée en 1975 faisaitt son entrée triomphale au Panthéon. Dans une
magnifique cérémonie, la France et Emmanuel Macron ont honoré ainsi une
femme d'origine afro-américaine, devenue profondément amoureuse d'une
France qu'elle aimera, défendra et représentera avec brio. Au moment
même, ou Éric Zemmour, pour qui, une Joséphine Baker passerait pour de
la racaille, se targuait de vouloir sauver la France de ce qui n'est pas
assez « blanc »ou catho à ses yeux L'ironie est puissante, car une
chose est sûre: Zemmour n'entrera jamais au Panthéon». Qu'importe pourvu
qu'il soit à l'Élysée.
Mme
Legault vient de se mettre un doigt dans l'oeil aussi profondément que
vous le souhaiterez. Éric Zemmour, le 30 novembre, sur les ondes de TF1 affirmait, en entrevue au Journal de 20 heures:«Joséphine
Baker, c'est l'exemple même de la réussite du modèle d'assimilation à
l'ancienne que je veux restaurer. Et que nos élites, et en particulier
Emmanuel Macron déteste et rejette. Pour moi, je dis Joséphine Baker
c'est la France.» Et vlan dans les dents du «blanc et catho» de Mme
Legault, qui se garde bien de mentionner qu'au chapitre du «blanc» et
catho, que les parents d'Éric Zemmour sont des Juifs d'origine Berbère
et que son épouse Mylène Cichportich, est issue d'une famille aux
origines juives tunisiennes.
À
61 ans Mme Legault devrait éviter les épanchements de bile et les «jobs
de bras» comme dans sa chronique, cela n'est pas bon pour sa santé.
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