Les
Canadiens croient avoir élu le 20 septembre dernier, le premier
ministre du Canada, les électeurs québécois réalisent maintenant qu'ils
ont élu bien plus que cela.
Alors
que le débat autour de la loi 21 et de la réaffectation de
l'enseignante de Chelsea portant un hidjab bat son plein(voire ce
blogue, Provocation, 13 décembre) les Québécois réalisent qu'en
réélisant Justin Trudeau, ils ont surtout réélu un vigilant gardien de
l'orthodoxie multiculturaliste qui constitue l'essence même du Canada.
Justin
Trudeau est déjà aux barricades pour la défense de ce
multiculturalisme. Justin Trudeau ne défend Fatemeh Anvari,
l'enseignante au hidjab, que parce que, la première, elle lui donne
l'occasion de réaffirmer sa foi multiculturaliste.
Dans
la foulée de l'affaire Anvari, plusieurs Québécois se seront
probablement demandés si tout le battage autour de cette enseignante
vaut la chandelle. Ils seront probablement nombreux à penser comme Bryan
Miles, directeur du Devoir que : «l'inclusion des enseignants
dans le projet de loi 21 demeure le tendon d'Achille de la version
caquiste de la laïcité. Elle ne faisait pas partie des recommandations
du rapport Bouchard-Taylor, qui s'en tenait à l'interdiction des signes
religieux pour les agents de l'État en situation de coercition.» (Les
leçons de Chelsea Le Devoir, 16 décembre). Comme s'il avait lu
l'éditorial de Brian Myles, Justin Trudeau montait aux créneaux trois
jours plus tard:»Dans une entrevue de fin d'année à la Presse
canadienne, Justin Trudeau a livré le fond de sa pensée sur la loi
québécoise sur la laïcité de l'État, et ça ne se limite pas à sa
réaction au sort réservé aux enseignants.»Il s'éloigne résolument du
consensus qu'a signé, à une certaine époque, la Commission
Bouchard-Taylor. Selon lui, les juges et les policiers aussi devraient
pouvoir afficher des signes religieux pendant l'exercice de leurs
fonctions,» (Loi 21: Trudeau s'oppose aussi aux restrictions imposée aux
juges et policiers Le Devoir 17 décembre) Justin Trudeau
pourrait paraphraser Georges Clémenceau et, de son siège aux Communes,
lancer: Le multiculturalisme est un bloc...dont on ne doit rien
retrancher. Dans le Canada post-national de Justin Trudeau, devrons-nous
accueillir à bras ouverts les barbons musulmans désireux d'épouser des
fillettes pré pubères, faudra-t-il ouvrir nos frontières aux Mormons
dissidents demeurés fidèles à la polygamie initiale de l'Église de
Jésus-Christ des Saints des derniers jours. Dans ce Canada qui qui ne
veut reconnaître aucune limite aux religions, le Québec «laïque» est
bien isolé.
D'autant
plus que Justin Trudeau ne se veut pas qu'incorruptible protecteur du
multiculturalisme canadien, il se considère aussi comme le gardien de
l'héritage de son père. «Tout compte fait, Justin Trudeau estime que son
père avait raison de ne pas vouloir d'»une clause dérogatoire» dans la
Charte canadienne des droits et libertés. Le gouvernement de François
Legault a évoqué cette «clause nonobstant» pour prémunir sa Loi sur la
laïcité contre les attaques devant les tribunaux. «Je suis d'accord avec
mon père ce n'est pas une bonne chose à avoir dans la Charte», a-t-il
tiré comme conclusion.» La boucle est bouclée, Justin et Pierre Elliott
sont d'accord.
No comments:
Post a Comment