Saturday, December 18, 2021

Sur demande, avant peu

 


L'évolution du langage est un phénomène passionnant à observer, passionnant et révélateur. Nous somme ainsi passés progressivement d'euthanasie à «suicide assisté», pour nous retrouver aujourd'hui à «l'aide médicale à mourir», sans que cela semble provoquer beaucoup de réactions L'église catholique s'est montrée plutôt discrète et les médecins se sont surtout préoccupés de se prémunir contre d'éventuelles poursuites. La voie était ouverte. 

Sous le délicat euphémisme d'»aide médicale à mourir» qui s'est imposé dans les médias, Ottawa et Québec ont vraisemblablement ouvert, sans état d'âme la porte à l'euthanasie des personnes âgées, des handicapés, etc. Dans ce mutisme de nos médias, la récente chronique de Mathieu Bock-Côté (MBC) doit être notée et saluée. «Au moment de voter la loi encadrant «le droit à mourir dans la dignité», ses promoteurs ont voulu rassurer ceux qui confessaient  quelques réserves: ce droit serait très balisé, et il serait exercé de manière limitée, pour éviter qu'il ne se banalise. Il y avait néanmoins dans l'air un inquiétant parfum d'enthousiasme.» (Mourir dans la dignité: la dérive Journal de Montréal 16 décembre).
« Comme s'il s'agissait d'une merveilleuse journée, et qu'on ne touchait pas à quelque chose de sacré «en faisant d'une forme d'euthanasie un geste médical parmi d'autres, peut-être le plus noble qui soit, puisqu'il consacrerait le droit de chacun à la maîtrise ultime de sa propre vie». Il faudrait demander aux historiens si le jour du verdict du dernier arrêt Morgentaler (le 26 janvier 1988)fut aussi vécu à l'époque comme «une merveilleuse journée» Revenons à MBC, «Il ne fallait pas être devin pour savoir, toutefois que les balises entourant ce droit tomberaient rapidement. Dès lors qu'un principe s'impose dans une société, il a tendance à se radicaliser, à aller jusqu'au bout de lui-même. Le droit de mourir dans la dignité s'appliquait aux malades en phase terminale victimes de terribles souffrances. On a voulu l'étendre. Puis l'étendre encore. L'argument est le suivant:qui souffre de problèmes mentaux graves souffre autant que celui qui souffre physiquement. [...] Mais telle n'était pas la fonction initiale de cette loi. Elle devait, redisons-le, abréger les souffrances atroces d'une personne en fin de vie.» « Chose certaine, nous nous en rapprochons. Car on trouve derrière l'extension du droit au suicide assisté une tendance lourde de notre temps, soit un individualisme qui tend à sacraliser et absolutiser le désir de chaque personne , quelqu'il soit. Et on en arrivera , tôt ou tard, à un monde ou chacun pourra réclamer soit à l'État, soit aux entreprises qui s »'en feront une spécialité, le droit de l'aider à mettre fin à ses jours.» 
 

 
 
Certains répondront à MBC que nous n'en sommes pas encore là et que, pour l'heure, au Canada et au Québec; le droit de mourir dans la dignité demeure l'apanage de la profession médicale.  Seuls les médecins peuvent agir comme exécutants, nous n'osons écrire comme exécuteurs.Pas d'entreprises, pour l'heure, mais c'est oublier bien vite l'histoire de Manon Brunelle et de sa mort dans la dignité en Suisse, en 2004, grâce au bons offices de la clinique Dignitas. l'affaire avait à l'époque, l'objet d'une documentaire intitulé Manon qui avait suscité de vifs débats ici en son temps.

Combien de temps avant que des entrepreneurs ne veuillent prendre le relais de médecins que l'on nous présentera comme débordés et indisponibles.
 

 

Les «valeurs» de notre société «avancée» se rapprochent de plus en plus de celles des régimes totalitaires ayant existé au milieu du siècle précédent.
Comparaison qui choquera, mais qui est plus juste que nous voudrions le reconnaître. Afin de demeurer dans notre siècle , il serait intéressant de connaître la situation de l'»aide médicale à mourir» dans des pays comme la République populaire de Chine et la République démocratique de Corée du Nord.

L' "aide médicale à mourir" s'inscrit aussi sans difficultés dans un contexte capitaliste avec son souci de larguer les «bouches inutiles» n'étant plus ou pas en mesure de contribuer à l'économie, comme producteurs ou comme consommateurs.


L'intention est louable, mais l'efficacité de l'initiative n'est pas garantie.Au rythme ou vont les choses et les balises sautant les unes après les autres, combien de temps avant que l'injection «libératrice» ne puisse être obtenue sur simple demande. Les individus pourront mourir dans la dignité, mais notre société pourra elle mourir dans l'indignité!

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