Thursday, December 10, 2020

Latinité, s'il le dit

 

«Depuis le début de la pandémie , on se demande pourquoi le Québec est affecté aussi durement par rapport au ROC (rest of Canada). [...]. Fin septembre, le ministre de la Santé Christian Dubé, à la télévision, émettait une hypothèse devenue célèbre: «Je pense qu'on a un côté latin. On aime faire le party». Notre latinité? Non coupable!, Journal de Montréal, 8 décembre). Aucune originalité dans cette affirmation de Christian Dubé, c'est même un lieu commun des sociologues à la petite semaine, comme Christian Dubé  qui tentent d'expliquer le caractère québécois. Le ministre serait probablement bien en peine de nous expliquer la provenance de ce «côté latin». la réponse serait probablement le recours éculé à nos origines françaises. Certes le «côté latin» a joué un rôle dans la synthèse de l'identité française. Cette contribution a-t-elle été pour autant plus importante que la contribution gauloise dans notre goût pour le party. Christian Dubé nous servira peut-être un exemple tiré des dernières planches des albums d'Astérix pour expliquer notre mauvaise performance face à la COVID-19. Certes, l'apport latin a participé à la synthèse de l'identité française; ils s'en trouvent plusieurs pour considérer, aujourd'hui encore que le caractère français est déjà en germe dans la synthèse gallo-romaine.  

 

La France située à l'extrême Ouest du continent européen est une synthèse, elle a réussi à fondre en son sein des éléments latins, celtes (les Gaulois et les Bretons) et germains. À cette France européenne ne manque que des apports slaves significatifs. La France n'est pas que ce mélange des sangs, c'est aussi et surtout, une histoire et une culture communes sur un même territoire occupé depuis des générations. À cette synthèse, il faut ajouter l'apport de la culture gréco-latine et l'inlassable travail de l'Église catholique depuis le baptême de Clovis. La part de la latinité dans la personnalité québécoise est existante, mais elle n'est pas nécessairement dominante, elle n'est pas suffisante pour expliquer un soi-disant goût pour le party.  Il semble d'ailleurs s'agir moins d'un goût pour le party que d'un penchant rebelle face aux directives gouvernementales. Le recours à l'explication «latine» par le ministre, ne tient pas compte de cette synthèse que nous venons d'évoquer, encore faudrait-il que les colons français installés ici soient demeurés identiques à ceux descendus des bateaux les ayant amené ici. L'américanité des Canadiens-français et l'influence du nouveau Continent sur le caractère des colons appelés à devenir les Canadiens-français n'est pas prise en charge par le ministre, peut-être en creusant la psyché des anti masques découvrions-nous des coureurs des bois prêts à entendre l'appel des forêts et de la traite des fourrures. 

 

Puisque le ministre de la Santé et des Services sociaux s'improvise historien et ethnologue, je prend comme lui le droit de m'improviser historien; si le ministre cherche des raisons à notre goût de «faire le party», je lui propose mon explication. Et si notre goût de «faire la fête», nous venait non pas de lointaines racines latines, mais de nos racines celtes; des racines déjà présentes dans la synthèse française et renforcées par l'arrivée de centaines d'immigrants irlandais au cours du XIXe siècle. explication pas plus fantaisiste que l'explication «latine» du ministre.

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