Au
nombre des victimes de la Covid-19, il faudra compter le politique, pas
la politique qui reprendra bien assez vite ses droits, mais le
politique, de quoi voulons nous parler en semblant ainsi opposer le
politique et la politique, Le sociologue et philosophe français, Julien
Freund (très inspiré par le juriste allemand Carl Schmitt) en a donné
une définition classique dans son maître livre L'Essence du politique(1965):«Elle est l'activité sociale qui se propose d'assurer par la force, généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde intérieure
d'une unité politiques particulière en garantissant l'ordre au milieu
de luttes qui naissent de la diversité de la divergence des opinions et
des intérêts.» Définition que certains ont synthétisé dans la formule
«Le politique, c'est désigner l'ennemi».Ici, il n'était pas nécessaire
désigner l'ennemi, il se désignait suffisamment lui-même. A contrario, la politique relève plus de la gestion administrative, proche du management d'une
grande entreprise avec des stratégies comme les stratégies électorales
avec sa conquêtes de part de marchés et la gestion des différents
ministères qui peuvent apparaître comme autant de services. Ceux qui
parlent de «faire de la politique» parlent généralement de cet aspect du
politique. La politique et sa quincaillerie, c'est la cuisine du
politique! En défense de François Legault, il faut dire que cette
définition est utilisable pour les États souverains, elle n'est pas
nécessairement opérationnelle pour les États fédérés.
Les
conférences de presse quotidiennes de François Legault et Justin
Trudeau auront servi de rubrique nécrologique au politique. Mise sur
pause assez évidente à Québec ou le véritable maître du jeu de ces
conférences de presses quotidiennes a été le directeur de la Santé
publique du Québec, le docteur Horacio Arruda, il ne nous apparaît pas
exagéré de dire que François Legault a semblé à la remorque du bon
docteur tout au long de ces journées. À Ottawa, probablement peu
désireux de partager les feux de la rampe avec quelqu'un d'autre, Justin
Trudeau n'a pas voulu partager le lutrin avec la peu charismatique et
contestée Theresa Tam. L'abdication de Justin s'est effectuée plus
discrètement, il a abdiqué en plaçant à chaque fois ses initiatives sous
le signe de la «science». La cité en crise était en droit d'attendre
plus de ces dirigeants. Les présences répétées de l'un et de l'autre ne
doivent pas faire illusion. Motif supplémentaire de conclure a cette
pause du politique. Gardons en mémoire que les décisions de François
Legault et Justin Trudeau se sont prises sans débats à l'Assemblée
nationale ou à la Chambre des communes. Cette discrétion du politique a
été constaté par d'autres: « Des données compilées par Le Devoir à
partir des transcriptions du rendez-vous de 13h montrent ainsi
clairement que plus la crise dure, moins M Arruda prend de place par
rapport au Premier ministre Legault ou à la ministre de la Santé,
Danielle McCann. «En filigrane, les données permettent de voir que la
crise s'est déplacée, et que le politique a pris le pas sur la santé
publique. «C'est sûr que le débat a dévié», reconnaît d'ailleurs une
source dans l'entourage proche du premier ministre Legault, qui a
demandé de rester anonyme pour pouvoir parler plus
librement.»(L'effacement d'Horacio Arruda, Le Devoir, 29 avril
Explication de l'entourage de François Legault, l'importance du rôle
joué par le docteur Arruda s'expliquerait par le fait que les sujets
dominants étaient le confinement, les problèmes de pénurie de personnel
et d'équipement, puis dans les semaines suivantes les problèmes des
CHSLD. Nous sommes maintenant confrontés aux problèmes du déconfinement
et du redémarrage l'économie , mais surtout de la société québécoise.
François Legault devrait reprendre la main et nous voyons surtout Pierre
Fitzgibbon refaire surface. Retour «à la normale» n'est pas pour
demain, après la science, place à l'économie. Bientôt la politique
reprendra ses droits.
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