Monsieur
Jacques-Yvan Morin s’est éteint le 26 juillet dernier à l’âge de 92
ans. Jacques-Yvan Morin a été notamment ministre des Affaires
intergouvernementales, après avoir ministre de l’Éducation et du
Développement culturel et scientifique. Il a aussi été vice-premier
ministre sous René Lévesque. il était aussi grand officier de l’Ordre
national du Québec, Professeur de droit international public à la
faculté de droit de l’Université de Montréal. L’homme à l‘allure
patricienne «À l’émission Mémoires de députés en 2010,
Jacques-Yvan Morin dit avoir été atteint par la piqûre politique lors du
débat sur la formule Fulton-Favreau - une formule de modification
constitutionnelle qui ne donnait pas de droit de veto au québec dans
l’éventualité d’un amendement à la Constitution canadienne. «Cette
formule qui bloquait tout développement favorable au Québec,
m’apparaissait invraisemblable en pleine Révolution tranquille alors que
le Québec cherchait à obtenir plus de pouvoir» avait-il confié en
entrevue avec Le Devoir en 2014. C’est la formule
Fulton-Favreau qui lui permettra de rencontrer son futur patron, René
Lévesque, qui était à l’époque ministre libéral. En 1964, Jacques-Yvan a
participé à un débat sur cette question l’opposant à nul autre que M.
Lévesque et Pierre Laporte, qui était également ministre. « J’étais
impressionné, je ne vous le cache pas» a-t-il affirmé avec un large
sourire à l’émission Mémoires de députés. Comme beaucoup
de nationalistes notoires du temps , M. Morin ne se disait pas
indépendantiste.C’était encore l’ère des pionniers de l’indépendantisme;
l’ère des Raymond Barbeau, André d’Allemagne, Marcel Chaput et Pierre
Bourgeault. Ce sont les États généraux du Canada français, qu’ils a
présidés de 1966 à 1969, qui lui feront changer d’idée. Il a conclu à
l’époque que «sans la souveraineté», il n’y aurait pas de négociations
pour accorder plus de pouvoirs au Québec.» (L’ancien ministre péquiste
Jacques-Yvan Morin s’est éteint,La Presse, 12 août).
L’évocation de la Commission Fulton-Favreau et des États généraux du
Canada sont d’utiles rappels de l’effervescence qui régnait alors au
Québec et au Canada, un autre Canada apparaissait possible; c’était
probablement trop pour Pierre-Elliott Trudeau, capitaine Canada jouant
les matamores et mettant un terme à ces tentatives de réforme
constitutionnelle et remettant le Québec à sa place avec son complice le p’tit gars de Shawinigan.
Faut-il
attribuer à la surprise de voir partir dans la plus grande discrétion
ce grand serviteur de l’État québécois, le silence de la plupart des
représentants de la classe politique québécoise. Dans ce silence
assourdissant , notons le gazouillis de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP):
«Je tiens à offrir mes plus sincères condoléances aux proches et à la
famille de Jacques-Yvan Morin», a écrit sur X (anciennement Twitter)
PSPP. Le chef du Parti québécois a salué «un homme qui aura marqué
l’histoire du Québec et l’histoire du mouvement indépendantiste».
Silence
radio pour les autres représentants notre classe politique. Il est vrai
que par sa culture, sa classe et sa prestance Jacques-Yvan Morin
tranche avec l’actuel personnel politique québécois. Comparer
Jacques-Yvan Morin et Pierre Fitzgibbon est non seulement inutile, mais
surtout cruel pour ce dernier.
Il est aussi triste de contester que l’État caquiste
ne fasse rien pour honorer Jacques-Yvan Morin. Pas de drapeau en berne,
pas de funérailles nationales, pas de chapelle ardente alors qu’il
mériterait les trois. Il est vrai que M. Morin n’est pas comédien comme
Michel Côté ou chroniqueur comme Denise Bombardier. François Legault
aura-t-il l’élémentaire élégance d’assister au service funéraire de
Jacques-Yvan Morin. Service funéraire devant être célébré le 30 août
prochain en l’église Saint-Viateur d’Outremont.
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