Wednesday, August 16, 2023

Monsieur Morin

 



Monsieur Jacques-Yvan Morin s’est éteint le 26 juillet dernier à l’âge de 92 ans. Jacques-Yvan Morin a été notamment ministre des Affaires intergouvernementales, après avoir ministre de l’Éducation et du Développement culturel et scientifique. Il a aussi été vice-premier ministre sous René Lévesque. il était aussi grand officier de l’Ordre national du Québec,  Professeur de droit international public à la faculté de droit de l’Université de Montréal. L’homme à l‘allure patricienne «À l’émission Mémoires de députés en 2010, Jacques-Yvan Morin dit avoir été atteint par la piqûre politique lors du débat sur la formule Fulton-Favreau - une formule de modification constitutionnelle qui ne donnait pas de droit de veto au québec dans l’éventualité d’un amendement à la Constitution canadienne. «Cette formule qui bloquait tout développement favorable au Québec, m’apparaissait invraisemblable en pleine Révolution tranquille alors que le Québec cherchait à obtenir plus de pouvoir» avait-il confié en entrevue avec Le Devoir en 2014. C’est la formule Fulton-Favreau qui lui permettra de rencontrer son futur patron, René Lévesque, qui était à l’époque ministre libéral. En 1964, Jacques-Yvan a participé à un débat sur cette question l’opposant à nul autre que M. Lévesque et Pierre Laporte, qui était également ministre. « J’étais impressionné, je ne vous le cache pas» a-t-il affirmé avec un large sourire à l’émission Mémoires de députés. Comme beaucoup de nationalistes notoires du temps , M. Morin ne se disait pas indépendantiste.C’était encore l’ère des pionniers de l’indépendantisme; l’ère des Raymond Barbeau, André d’Allemagne, Marcel Chaput et Pierre Bourgeault. Ce sont les États généraux du Canada français, qu’ils a présidés de 1966 à 1969, qui lui feront changer d’idée. Il a conclu à l’époque que «sans la souveraineté», il n’y aurait pas de négociations pour accorder plus de pouvoirs au Québec.» (L’ancien ministre péquiste Jacques-Yvan Morin s’est éteint,La Presse, 12 août).  L’évocation de la  Commission Fulton-Favreau et des États généraux du Canada sont d’utiles rappels de l’effervescence qui régnait alors au Québec et au Canada, un autre Canada apparaissait possible; c’était probablement trop pour Pierre-Elliott Trudeau, capitaine Canada jouant les matamores  et mettant un terme à ces tentatives de réforme constitutionnelle et remettant le Québec à sa place avec son complice le p’tit gars de Shawinigan.
 
 

 

Faut-il attribuer à la surprise de voir partir dans la plus grande discrétion ce grand serviteur de l’État québécois, le silence de la plupart des représentants de la classe politique québécoise. Dans ce silence assourdissant , notons le gazouillis de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP): «Je tiens à offrir mes plus sincères condoléances aux proches et à la famille de Jacques-Yvan Morin», a écrit sur X (anciennement Twitter) PSPP. Le chef du Parti québécois a salué «un homme qui aura marqué l’histoire du Québec et l’histoire du mouvement indépendantiste». 
Silence radio pour les autres représentants notre classe politique. Il est vrai que par sa culture, sa classe et sa prestance Jacques-Yvan Morin tranche avec l’actuel personnel politique québécois. Comparer Jacques-Yvan Morin et Pierre Fitzgibbon est non seulement inutile, mais surtout cruel pour ce dernier. 
 

 

Il est aussi triste de contester que l’État caquiste ne fasse rien pour honorer Jacques-Yvan Morin. Pas de drapeau en berne, pas de funérailles nationales, pas de chapelle ardente alors qu’il mériterait les trois. Il est vrai que M. Morin n’est pas comédien comme Michel Côté ou chroniqueur comme Denise Bombardier. François Legault aura-t-il l’élémentaire élégance d’assister au service funéraire de Jacques-Yvan Morin. Service funéraire devant être célébré le 30 août prochain en l’église Saint-Viateur d’Outremont. 



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