Sunday, July 26, 2020

Masque et dissidence



Nous sommes les témoins en direct d'une formidable entreprise d'ingénierie sociale. Les historiens du futur, s'ils peuvent encore écrire librement se pencheront sur le curieux épisode que nous vivons actuellement et détailleront comment une population s'est volontairement détournée des règles élémentaires de la vie en société au nom de la lutte à la Covid-19. Les Québécois se sont soumis docilement, pour le dire poliment, aux règles édictées par la Santé publique. Pour le dire plus crûment , nous serions tentés d'écrire que les Québécois se  sont soumis servilement à ces règles édictées par les bonzes de la Santé publique. Des bonzes qui ont font écho à nombre de médecins épidémiologistes devenus grâce aux circonstances autant de gourous de notre santé collective et de notre vie en société (Québec doit rendre le port du masque obligatoire, réclament médecins et expert, Radio Canada, 11 juin, parmi les signataires, Nimâ Machouf, Karl Weiss , Marie-Michelle Bellon, Alain Vadeboncoeur, Caroline Quach et Stanley Vollant, à cette cohorte, il faut ajouter Amir Khadir, régulièrement interviewé dans la presse électronique) leur affirmations trouvent un écho favorable dans les médias écrits et électroniques, des führers au petit pied réclament l'imposition du port obligatoire du masque. Une Josée Legault pour une en a fait un thème récurrent de ses récentes chroniques. Elle écrit « Le cocktail toxique était prévisible:»été, alcool, déconfinement , distanciation non tenue, beaucoup plus de contacts , refus de nombreux Québécois de porter le masque[...] Désolée, mais les récalcitrants visés par son mantra (celui du docteur Arruda se disant «inquiet et évoquant la possibilité de reconfiner)»., Journal de Montréal, 7 juillet). À ce portrait, de Québécois irresponsables, il ne manque que le qualificatif de covidiots (voir ce blogue, covidiots ou héros, 18 mai ) initialement donnés à ceux et celles qui renâclaient devant les directives de la Santé publique, mais il ne faut pas détenir un doctorat en littérature pour conclure qu'aux yeux de Josée Legault, ces récalcitrants sont surtout des irresponsables. Denise Bombardier pour sa part a peut-être jongler avec l'idée de ressortir ce «covidiots», elle écrit en effet 
: «Avec le déconfinement, les habitués des bars, des pubs, voire des saunas ont cru qu'enfin ils auraient du «fun» En général , ces gens sont jeunes, excités et parfois même écervelés. Freud aurait dit que pour ces fêtards le principe du plaisir est primordial. [...]  Hier dans Le Journal, des propriétaires de bar témoignaient de l'incapacité à imposer la distanciation à leurs jeunes clients en manque de contact humain qui, sous l'influence de l'alcool et de la drogue, perdent la mémoire de la COVID-19 omniprésente (Madame Bombardier passe rapidement d'une psychologie à 5 sous à  une colère digne des prophètes d'Israël). [...] la pandémie nous use, nous déprime et, ultimement, nous tue. Physiquement et psychologiquement. Méfions-nous des gens qui persistent à éclater de rire, comme la mairesse de Montréal . qui surfe sur la pandémie pour poursuivre son oeuvre grandiose de déstructuration de la métropole [...] . Les non-rieurs sont actuellement ceux qu'ont doit prendre au sérieux pour retrouver un jour (lointain?) la vie, donc le plaisir. (Le prix du plaisir, Journal de Montréal, 6 juillet).. Il s'agit d'agiter le spectre d'une deuxième vague pour retenir l'attention de ces führers pour pousser ces derniers à réclamer le port obligatoire du masque, la refermeture des bars et des plages à partir de quelques images tournées à la plage des Chutes Rawdon. Ajoutez à cela quelques photographies prises au cours des derniers jours sur des plages américaines et la mesure est comble. Pour sortir du cloître auquel Mesdames Legault et Bombardier semblent vouloir nous condamner, une autre tendance est susceptible de nous inquiéter. La question du port obligatoire du masque semble conduire à une atomisation du politique. 
 
 
 
Insatisfaites du refus du gouvernement québécois d'imposer le port obligatoire du masque , certaines municipalités se comportent en petits fiefs, des fiefs qui à l'instar de ce qui se passait au Moyen Âge croient probablement se mettre à l'abri en relevant le pont-levis; la municipalité de Côte Saint-Luc a montré l'exemple en décrétant le port obligatoire du masque dans les commerces et les édifices municipaux à compter de 1er juillet; Valérie Plante a elle décrété unilatéralement que le port du masque serait obligatoire dans les installations de la ville (arénas, bibliothèques) ainsi que dans les restaurants et bars à compter du 27 juillet, dernier édile à vouloir jouer à l'épidémiologiste, le maire de Mascouche, Guillaume Tremblay souhaite que le port du masque devienne obligatoire dans la Communauté métropolitaine de Montréal (Mascouche veut le masque soit obligatoire dans tout le grand Montréal, Journal de Montréal, 7 juillet) 
Souhaitons que les ambitions des édiles fassent l'objet dune révision par les tribunaux et qu'elles soient considérées comme inconstitutionnelles, il serait douteux que les chartes municipales prévoient des dispositions sur le port obligatoire du masque, si des considérations de santé publique le prévoient, ces municipalités empiètent carrément  sur l'autorité de la Direction de la santé publique du Québec. il n'y a rien là pour nous surprendre pour Côte Saint-Luc, élus et électeurs considèrent probablement qu'ils ne vivent pas au Québec, pour Montréal, il ne s'agit peut-être que d'une manifestation supplémentaire de séparatisme municipal comme pour l'application de la Loi 21. Pour le maire de Mascouche ce n'est peut-être que la manifestation d'un syndrome de la grenouille qui se prend pour le boeuf.
Lorsque nous serons sortis de cette période d'expérimentation sociale, il faudra se souvenir que nos libertés sont fragiles et que beaucoup de nos contemporains étaient visiblement prêts à déposer docilement tranche par tranche ses libertés sur l'autel  créé par les ukases de la Direction de la santé publique. Les Québécois ont acceptée le confinement, certains appellent de leurs voeux le port obligatoire du masque. Pensons à Benjamin Franklin pour qui «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux. «Covidiots de tous les pays, unissez-vous» et résistez aux sirènes totalitaires de la Santé publique et des modernes rongeuses de balustre qu'indisposent vos tentations de »plaisir».
Notre liberté ne commence pas ou celle des Josée Legault et Denise Bombardier prend fin, elle commence dans nos têtes. Le corollaire de la liberté, ce n'est pas d'abord la responsabilité, mais la vigilance. Vigilance , mais aussi dans les circonstances particulières que nous connaissons depuis quelques mois, une vigilance assortie d'un peu de délinquance.
Les covidiots grisés par leur liberté retrouvée, suite au déconfinement, nous condamnent-ils à un reconfinement, difficile devant cette réaction instinctive , de ne pas penser au premier film de James Dean, Rebel without a cause(La fureur de vivre), il faut comprendre la fureur de vivre qui anime les fêtards de Denise Bombardier et les récalcitrants de Josée Legault. Tout à leur «fun», ces rebelles sans cause agissent objectivement comme les alliés de l'État répressif et nous ferons peut-être retourner en résidence surveillée. Il n'y a pas de réponse simple et facile à cette crise. 
Les rebelles sans cause vont peut-être nous conduire tête première dans le mur du reconfinement.  Leur attitude tenue pour irresponsable par certains, n'est-elle pas la seule possible dans le contexte d'expérimentation sociale que nous vivons.  Confrontés aujourd'hui au port du masque, nous le serons demain au traçage, pour ne pas dire au pistage électronique. Contre cet dystopie que certains nous préparent, l'attitude «irresponsable» des rebelles sans cause, n'est-elle pas la meilleure attitude à adopter. Accepter le masque et le traçage électronique aujourd'hui, c'est ouvrir la porte non pas à une État policier, mais à un état médico policier, pire qu'un état policier, car si ce dernier repose sur la crainte et la contrainte, le second lui tire sa légitimité de l'adhésion des citoyens, convaincus par les diktats des médecins et épidémiologistes qu'il faut se masquer ou accepter de se faire suivre électriquement et se plier au chantage voulant qu'en étant masqués, nous «sauverions des vies». En se rebellant aujourd'hui contre le port obligatoire du masque, ces dissidents disent alors qu'ils le peuvent encore «sauvez nos libertés», je crois qu'ils ont le droit de refuser la dystopie que nous préparent les Josée Legault de ce monde  Une dystopie que mêmes les auteurs de science fiction les plus pessimistes n'ont pas réussi à imaginé. Autre aspect à craindre de cet état médico-policier, c'est que, puisque port obligatoire du masque et traçage résultent de la volonté des médecins, toute forme de dissidence ne soit rapidement assimilée une forme de folie et que cette folie ne conduisent manu militari les dissidents dans des hôpitaux psychiatriques comme dans l'ancienne URSS.

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