Faut-il
que les nationalistes québécois, ceux de la variété identitaire du
moins, se prenne à souhaiter longue vie à François Legault et Simon
Jolin-Barrette? Il faut le croire, car la relève caquiste a tout pour
inquiéter. Dans une formation politique encore jeune et visiblement peu
porté sur la réflexion, quelques slogans semblent contenter députés et
ministres caquistes (les maternelles quatre ans, les maisons des aînés,
En prendre moins et en prendre soin), Dans un tel vide intellectuel, les
caquistes sont susceptibles d'aller dans toutes les directions et
toutes les dérives. Les prises de position récentes de l'aile jeunesse
de la Coalition Avenir Québec (CAQ) illustre bien ce propos. «Au lieu
d'un enseignement des religions qui suscite «la division», le futur
cours remplaçant Éthique et culture religieuse (ECR) doit porter sur les
valeurs communes du Québec et son modèle d'intégration des immigrants,
soutient l'aile jeunesse de la Coalition avenir Québec(CAQ). L'éducation
à la citoyenneté et le développement de l'esprit critique doivent
également faire partie du nouveau programme, selon elle.»(Les jeunes
caquistes veulent un cours sur les «valeurs québécoises», La Presse, 27 février).
« Plutôt
que d'enseigner le vivre-ensemble de manière clivante comme cela
pouvait être le cas depuis 2008, l'aile jeunesse de la CAQ «appuie la
mise en avant des valeurs québécoises de l'interculturalisme comme
modèle d'intégration, des éléments qui rassemblent la vaste majorité des
Québécois». Toujours selon son mémoire, l'interculturalisme «reconnaît
le pluralisme qui compose la société québécoise , tout en valorisant les
échanges et l'appartenance à une culture partagée , caractérisée par
une langue, des institutions et une histoire commune. Ce modèle, qui
permet à tous de trouver leur place au sein d'une culture nationale
unique, rassemble les Québécois et doit servir de base à l'enseignement
du vivre-ensemble. [...] Le nouveau cours doit également porter sur
l'éducation à la sexualité. Le consentement sexuel et le harcèlement
doivent être abordés dans les écoles, surtout «après la vague de #moi
aussi» font valoir les jeunes caquistes». Faudra-t-il aussi parler de se
laver les mains avant les repas, de manger la bouche fermée, etc. À la
lecture de ces quelques lignes, difficile de ne pas conclure: Jeunes
caquistes, Jeunes libéraux, Péquistes même combat (un petit rappel; Le
candidat à la direction du parti Québécois, Guy Nantel ne déclarait-il
pas lors de son entrée en lice: » qu'il compte aussi prôner des valeurs
telles que l'égalité hommes-femmes, la séparation entre le religieux et
l'État, l'intégration des personnes issues des communautés culturelles
et la protection de l'environnement». Le paysage québécois devient de
plus en plus plat et il faut prévoir que nos prochaines campagnes
électorales seront des batailles de marketing politiques opposant, à
défaut d'idées et de principes, les «gueules», les sourires et les
cravates des chefs. Même adhésion au conformisme ambiant, adhésion qui
se traduit notamment par l'utilisation des mots «valeurs québécoises»
probablement réduite à la prépondérance du français (il faudra un jour
sortir de cette croyance facile et dangereuse que la langue française
représente et incarne la culture québécoise, la culture québécoise pour
avoir un sens doit être et demeurer une culture fondamentalement
européenne, n'en déplaise à toutes les «chances pour le Québec» qui
débarque chez nous), au-delà de la langue française, l'égalité
homme-femme, la protection de l'environnement, l'intégration des
personnes issues de l'immigration et des communautés culturelles (de là,
le recours à cette notion de «vivre-ensemble»). Les partis politiques
québécois se dirigent vers une homogénéisation qui rend difficile de les
distinguer les uns des autres. Personne pour rappeler aux jeunes
caquistes que l'interculturalisme n'est toujours qu'un multiculturalisme
à la sauce Taylor-Bouchard, il sera intéressant de voir comment il vont
réussir à concilier cet interculturalisme avec leur souhait d'une
«culture nationale unique». Nous nous dirigeons vers une standardisation
de nos partis politiques que ne distinguerons plus bientôt que la tête
de leurs chefs, la tête au sens de visage, mais pas d'idées. Il nous
faut former avec nos faibles moyens, le camp des anti conformistes et
des esprits libres. Le Québec des jeunes caquistes sera-t-il le deuxième
état post-national après le Canada de Justin Trudeau ?
No comments:
Post a Comment