Ils
ont réussi à le chasser de l'Olympe, Félix Leclerc. a été chassé de
l'Olympe des poètes québécois, il y a d'ailleurs lieu de se demander
comment on accède à cet Olympe? «Au début du mois , l'oeuvre bien connue
du défunt chansonnier Les 100 000 façons de tuer un homme a été
mise à l'index à l'école Saint-Enfant-Jésus, située à la limite du
Mile-End. Les élèves de 3e et 4e années étudiaient le texte de Félix
Leclerc dans le cadre de leurs cours d'art dramatique (??, NDA). Selon
nos informations, certains parents n'ont pas apprécié le contenu de
cette chanson des années 1970, qui condamne l'oisiveté à laquelle
mènerait le filet de sécurité sociale.Devant la pression d'un parent,
l'enseignante a changé l'oeuvre à l'étude «pour éviter une controverse».
[...] La Commission scolaire de Montréal s'est contentée d'un courriel
laconique. «Le texte a été jugé trop aride pour des élèves de ce niveau,
a fait valoir le porte-parole Alain Perron. C'est pourquoi
l'enseignante a préféré donner un autre texte.» Le relationniste a
ajouté «que l'oeuvre de Félix Leclerc est largement étudiée dans nos
écoles»(Un texte de Félix Leclerc banni dans une école, Le Journal de Montréal, 26 février). Parmi les faits notables dans cette information, il faut retenir que c'est sur la plainte d'un seul parent que Les 100 000 façons de tuer un homme a
été retiré du programme. Si c'est là, ce qu'entendait Jean-François
Roberge, le ministre de l'Éducation, lorsqu'il parlait «des pouvoirs des
parents»dans le cadre des débats sur la Loi 40 et l'abolition des
commissions scolaires, il faut souhaiter l'adoption d'une loi visant à
interdire l'intervention des parents dans la composition de programme.
D'autre part, je ne suis pas pédagogue ou enseignant, mais la présence
de cours d'art dramatique pour des écoliers de 3e et 4e année est
peut-être prématurée, l'heure est peut-être alors plus à la maîtrise de
la grammaire et à l'acquisition de vocabulaire. L'article est muet sur
les motifs du parent mécontent, s'agit-il comme l'écrit la
journaliste(Geneviève Lajoie) de la condamnation de l'oisiveté laquelle
mènerait le filet de sécurité sociale(laissons cette interprétation à
Mme Lajoie). Le prétexte serait un peu court (le poème ne contient que
deux lignes qui vont très imparfaitement dans ce sens, Leclerc écrit; Non je crois, que la façon la plus sûre de tuer un homme c'est de l'empêcher de travailler en lui donnant de l' argent. La
plainte portait-elle sur la violence du texte, texte présentant les
différentes de tuer un homme (le coup de fusil, le coup de canon, la
pendaison, la noyade, le poison, le gaz, le rasoir, la hache, le
couteau, la scie, la collision. liste assez détaillée bien susceptible
d'inquiéter certains parents bisonours? L'incident soulève d'autres
questions, à quel âge, est-il possible de proposer une telle oeuvre aux
étudiants. Les élèves du premier cycle du secondaire sont probablement à
même de saisir l'ironie dans laquelle baigne le poème de Félix Leclerc.
Assez mûrs aussi pour réaliser que l'aide sociale ne constitue pas une
carrière et qu'elle ne peut constituer qu'un revenu de subsistance en
cas de situation prolongée de non-emploi. Les propos de Leclerc sont à
rapprocher de ceux d'un autre chanteur québécois, ceux de Robert
Charlebois(sur des paroles de Pierre Bourgault) et de son «entre deux
joints, tu pourrais te grouiller l'cul». Même appel à la fierté, à
l'action, dans une perspective nationaliste dans les deux cas. Si la
mise à l'index tient à la violence du texte, il y a là motif à initier
une salutaire réflexion sur la violence dont peuvent être témoins les
enfants de 3e et 4e années. Celle des jeux vidéo. Il faudrait aussi
s'interroger sur le rôle de la télévision, est-ce que tous les films
diffusés sont diffusés à des heures de grande écoute par des chaînes
généralistes ont tous reçu le classement général du bureau de
surveillance du cinéma.
La
multiplication des écrans complique aussi la tâche des éducateurs
(parents et enseignants) pour ceux qui se sentent encore la force de
jouer ce rôle.
Pour
triste que soit l'incident, il n'en est pas moins intéressant sur
l'état de notre classe politique. «L'enjeu n'est pas tellement qu'un
parent demande une telle chose, c'est que l'on considère à tel point
qu'on prive les élèves d'une oeuvre québécoise majeure (encore l'Olympe
pour Félix Leclerc). Cette rectitude politique outrance ne cesse de
gagner du terrain dans l'ensemble de notre société et ça suffit»a réagi
le chef intérimaire du Parti Québécois, Pascal Bérubé. Bienvenue en
2020, Monsieur Bérubé. Devons-nous conclure que vous vous insurgerez
contre la prochaine demande de censure réclamée par un groupe dénonçant
le racisme ou le sexisme d'une oeuvre, d'une conférence ou d'un
colloque, la rectitude politique loge aussi à cette insigne.
« La
députée solidaire Christine Labrie, elle-même enseignante et
historienne, demande aux parents de respecter la liberté pédagogique des
profs. «les enseignants, ce sont eux les experts , plaide l'élue de
Sherbrooke. On ne peut commencer à arrêter d'étudier des oeuvres parce
qu'ils [sic] ne sont pas consensuelles. Madame Labrie signale qu'il y a
bien souvent un «deuxième degré» dans les oeuvres et que c'est justement
le rôle du système d'éducation d'apprendre aux élèves à le découvrir et
à la comprendre. (Texte de Félix Leclerc banni d'une école: la
rectitude politique à outrance , ça suffit!, dit l'opposition, Journal de Montréal, 26 février ). Que faire? Remettre immédiatement au programme Les 100 000 façons de tuer un homme, déposer dans la corbeille les prochaines plaintes de ce parent et pour faire bonne mesure faire étudier L'alouette en colère et Bozo les culottes aux étudiants de l'école Saint-Enfant-Jésus.
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