Friday, February 28, 2020

Chassé de l'Olympe


Ils ont réussi à le chasser de l'Olympe, Félix Leclerc. a été chassé de l'Olympe des poètes québécois, il y a d'ailleurs lieu de se demander comment on accède à cet Olympe? «Au début du mois , l'oeuvre bien connue du défunt chansonnier Les 100 000 façons de tuer un homme a été mise à l'index à l'école Saint-Enfant-Jésus, située à la limite du Mile-End. Les élèves de 3e et 4e années étudiaient le texte de Félix Leclerc dans le cadre de leurs cours d'art dramatique (??, NDA). Selon nos informations, certains parents n'ont pas apprécié le contenu de cette chanson des années 1970, qui condamne l'oisiveté à laquelle mènerait le filet de sécurité sociale.Devant la pression d'un parent, l'enseignante a changé l'oeuvre à l'étude «pour éviter une controverse». [...] La Commission scolaire de Montréal s'est contentée d'un courriel laconique. «Le texte a été jugé trop aride pour des élèves de ce niveau, a fait valoir le porte-parole Alain Perron. C'est pourquoi l'enseignante a préféré donner un autre texte.» Le relationniste a ajouté «que l'oeuvre de Félix Leclerc est largement étudiée dans nos écoles»(Un texte de Félix Leclerc banni dans une école, Le Journal de Montréal, 26 février).  Parmi les faits notables dans cette information, il faut retenir que c'est sur la plainte d'un seul parent que Les 100 000 façons de tuer un homme a été retiré du programme. Si c'est là, ce qu'entendait Jean-François Roberge, le ministre de l'Éducation, lorsqu'il parlait «des pouvoirs des parents»dans le cadre des débats sur la Loi 40 et l'abolition des commissions scolaires, il faut souhaiter l'adoption d'une loi visant à interdire l'intervention des parents dans la composition de programme. D'autre part, je ne suis pas pédagogue ou enseignant, mais la présence de cours d'art dramatique pour des écoliers de 3e et 4e année est peut-être prématurée, l'heure est peut-être alors plus à la maîtrise de la grammaire et à l'acquisition de vocabulaire. L'article est muet sur les motifs du parent mécontent, s'agit-il comme l'écrit la journaliste(Geneviève Lajoie) de la condamnation de l'oisiveté laquelle mènerait le filet de sécurité sociale(laissons cette interprétation à Mme Lajoie). Le prétexte serait un peu court (le poème ne contient que deux lignes qui vont très imparfaitement dans ce sens, Leclerc écrit; Non je crois, que la façon la plus sûre de tuer un homme c'est de l'empêcher de travailler en lui donnant de l' argent. La plainte portait-elle sur la violence du texte, texte présentant les différentes de tuer un homme (le coup de fusil, le coup de canon, la pendaison, la noyade, le poison, le gaz, le rasoir, la hache, le couteau, la scie, la collision. liste assez détaillée bien susceptible d'inquiéter certains parents bisonours? L'incident soulève d'autres questions, à quel âge, est-il possible de proposer une telle oeuvre aux étudiants. Les élèves du premier cycle du secondaire sont probablement à même de saisir l'ironie dans laquelle baigne le poème de Félix Leclerc. Assez mûrs aussi pour réaliser que l'aide sociale ne constitue pas une carrière et qu'elle ne peut constituer qu'un revenu de subsistance en cas de situation prolongée de non-emploi. Les propos de Leclerc sont à rapprocher de ceux d'un autre chanteur québécois, ceux de Robert Charlebois(sur des paroles de Pierre Bourgault) et de son «entre deux joints, tu pourrais te grouiller l'cul». Même appel à la fierté, à l'action, dans une perspective nationaliste dans les deux cas. Si la mise à l'index tient à la violence du texte, il y a là motif à initier une salutaire réflexion sur la violence dont peuvent être témoins les enfants de 3e et 4e années. Celle des jeux vidéo. Il faudrait aussi s'interroger sur le rôle de la télévision, est-ce que tous les films diffusés sont diffusés à des heures de grande écoute par des chaînes généralistes ont tous reçu le classement général du bureau de surveillance du cinéma. 
La multiplication des écrans complique aussi la tâche des éducateurs (parents et enseignants) pour ceux qui se sentent encore la force de jouer ce rôle.

Pour triste que soit l'incident, il n'en est pas moins intéressant sur l'état de notre classe politique. «L'enjeu n'est pas tellement qu'un parent demande une telle chose, c'est que l'on considère à tel point qu'on prive les élèves d'une oeuvre québécoise majeure (encore l'Olympe pour Félix Leclerc). Cette rectitude politique outrance ne cesse de gagner du terrain dans l'ensemble de notre société et ça suffit»a réagi le chef intérimaire du Parti Québécois, Pascal Bérubé. Bienvenue en 2020, Monsieur Bérubé. Devons-nous conclure que vous vous insurgerez contre la prochaine demande de censure réclamée par un groupe dénonçant le racisme ou le sexisme d'une oeuvre, d'une conférence ou d'un colloque, la rectitude politique loge aussi à cette insigne. 



« La députée solidaire Christine Labrie, elle-même enseignante et historienne, demande aux parents de respecter la liberté pédagogique des profs. «les enseignants, ce sont eux les experts , plaide l'élue de Sherbrooke. On ne peut commencer à arrêter d'étudier des oeuvres parce qu'ils [sic] ne sont pas consensuelles. Madame Labrie signale qu'il y a bien souvent un «deuxième degré» dans les oeuvres et que c'est justement le rôle du système d'éducation d'apprendre aux élèves à le découvrir et à la comprendre. (Texte de Félix Leclerc banni d'une école: la rectitude politique à outrance , ça suffit!, dit l'opposition, Journal de Montréal, 26 février ). Que faire? Remettre immédiatement au programme Les 100 000 façons de tuer un homme, déposer dans la corbeille les prochaines plaintes de ce parent et pour faire bonne mesure faire étudier L'alouette en colère et Bozo les culottes aux étudiants de l'école Saint-Enfant-Jésus.

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