Friday, November 15, 2019

Les nouvelles vaches sacrées



Le renvoi de Don Cherry a fait les manchettes des quotidiens francophones québécois(Don Cherry congédié par Sportsnet, LeDevoir, 11 novembre, Don Cherry congédié par Sportsnet, La Presse, 11 novembre, Don Cherry renvoyé après des propos controversés sur les immigrants, Journal de Montréal, 11 novembre) . Mis sur les lignes de touche pour des propos tenus samedi soir dernier (7 novembre) dans le cadre de sa chronique Coach's corner dans l'émission Hockey Night in Canada, quel crime a commis Don Cherry pour encourir cette «mort professionnelle», Don Cherry a eu le malheur d'interpeller les immigrants de la région de Toronto en leur disant: »Vous venez ici , vous aimez notre manière de vivre, notre lait, notre miel [...] vous pourriez au moins payer quelques dollars pour acheter des coquelicots ou quelques chose du genre. Ces hommes ont payé pour le mode de vie que vous appréciez au Canada. »( Journal de Montréal, 11 novembre) 
La réplique est rapidement venue de la bouche même du président de Sportsnet, le diffuseur de Hockey Night in Canada, Bart Yabsley qui a déclaré:»Le sport rassemble les gens, il nous unit plutôt que de nous diviser . Après discussion avec, Don Cherry suivant l'émission de samedi, il a été décidé que le moment était venu pour lui de laisser sa place. Sur nos ondes, il a fait des remarques qui divisent et qui ne représentent pas nos valeurs ainsi que ce que nous défendons .» Parions que Bart Yabsley a craint plus pour les revenus de son entreprise que pour «les valeurs qu'elle défend ».  Les réactions québécoises au congédiement de Don Cherry étaient prévisibles, L'homme sévissait depuis des années à Coach's corner manquant rarement une occasion de répandre son fiel sur les joueurs québécois et européens (suédois et russes notamment).
L'affaire a débordé des milieux sportifs et attiré l'attention de chroniqueurs oeuvrant habituellement dans les domaines politique et culturel, ainsi la chroniqueuse Emmanuelle Latraverse (Merci Don Cherry, Journal de Montréal, 12 novembre), Sophie Durocher consacre aussi une chronique à l'affaire(Don Cherry, la cerise sur le sundae, Journal de Montréal, 11 novembre.

L'homme de 85 ans n'a visiblement pas été en mesure de prendre la mesure des changements que le Canada a connu depuis un demi siècle et que le Canada était passé du «boeuf de l'ouest»pour reprendre une expression chère aux journalistes sportifs à de nouvelles vaches sacrées; les immigrants, pour lui, son intervention n'était ni partisane, ni raciste, mais, «patriotique et respectueuse de nos troupes». Des commentateurs ont souligné que Don Cherry faisait régulièrement l'apologie d'un hockey violent et brutal, pour Don Cherry, le hockey demeurait un sport de contact, et des joueurs comme Gordie Howe et Ted Lindsay , déjà réputés joueurs durs, sinon salauds à leur époque doivent encore figurer à son panthéon des grands joueurs de hockey. C'est ce défaut d'avoir pris en compte l' »évolution » du Canada qui a coûté son emploi à Don Cherry. En d'autres termes, le chroniqueur Réjean Tremblay constate le même phénomène:»
 
 
 
 Mais cette fois, Don Cherry a tenu des propos sacrilèges contre la nouvelle religion du Canada. Le ROC. Le multiculturalisme . La religion d'une société que Justin Trudeau a qualifiée de post nationale. »(C'était plus facile de vomir sur les Québécois, Journal de Montréal, 12 novembre).Le patriotisme de Don Cherry n'est pas le notre, mais il nous faut bien constater que les changements qu'a connu le Canada depuis Pierre Elliott Trudeau se sont aussi faits sentir au Québec, les débats autour de la Loi 21 montrent que les « vaches sacrées » ne sont pas installées uniquement dans la région de Toronto-Mississauga.

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