Saturday, November 2, 2019

Marque de commerce et patrimoine intangible


La plus récente publicité de McDonald soulève des questions qui devraient intéresser les lecteurs de ce blogue.
Elle met en scène l'actuel directeur-général du club de hockey Canadien, Marc Bergevin, et l'ancien capitaine du club, Guy Carbonneau. Les deux hommes se rencontrent dans le bureau du premier Une petite plaque devant l'ordinateur de celui-ci nous fait savoir que nous sommes bien dans le bureau de Marc Bergevin (qui sur cette plaque se baptise lui-même Big Marc, rien de moins). Marc Bergevin évoque une publicité à venir pour le sandwich emblématique de la chaîne de restauration rapide, le Big Mac, Présenté comme un classique et une légende , entendant le mot légende, Guy Carbonneau semble tenir pour acquis qu'on lui demandera d'être le porte-parole de McDonald. Marc Bergevin le détrompe rapidement en lui faisant savoir que c'est lui, Big Marc, qui jouera le rôle de porte-parole pour cette campagne publicitaire. Cette campagne n'a guère d'importance en soi, mais elle soulève la question des marques de commerce et du patrimoine intangible, alors que le Québec découvre tardivement le délabrement de son patrimoine religieux.  Peut-être devrait-il prendre conscience de son patrimoine intangible. Macdonald et le Canadien de Montréal sont des entreprises privées qui peuvent théoriquement agir à leur guise, dans un univers capitaliste. Va pour McDonald et ses sandwichs et frites, mais le club de hockey Canadien, lui, peut-il faire à sa guise comme McDonald? Nous croyons que non, Le club de hockey Canadien est un élément important des patrimoines montréalais et québécois. 



Depuis sa création les Flying Frenchmen sont plus qu'un simple club de hockey.  Ils représentent Montréal.
À sa façon le club témoigne d'un Montréal disparu avec ses propriétaires anglophones (La famille Molson) et sa direction anglophone Les directeurs généraux, Frank Selke et Sam Pollock, et sa main d'oeuvre francophone, on n'ose ici parler de son cheap labor francophone. L'émeute du Forum le 17 mars 1955 annonce pour certains historiens la Révolution tranquille avec son bon peuple canadien français défiant le président anglophone de la ligue nationale de hockey, Clarence Campbell. Malgré ses imperfections, le club a fait vibrer des millions de Montréalais et de Québécois, combien d'entre nous sommes encore en mesure de reconnaître les premières mesures de la musique-thème de La Soirée du hockey. Ces quelques notes et le souvenir des exploits de Jacques Plante, Maurice Richard, Jean Béliveau, Bernard Geoffrion appartiennent au patrimoine intangible de la nation française d'Amérique. Que l'équipe vivote dans la médiocrité depuis plusieurs années n'enlève rien à la valeur des grandes équipes des années 1950 et 1960. Il n'y a pas que l'émeute du Forum qui se prête à une lecture politique; les affrontements entre le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto représente probablement plus qu'une simple rivalité de nature sportive (il suffit pour s'en convaincre de relire le récit de Roch Carrier, Le chandail de hockey écrit en 1979). Difficile de ne pas voir dans la «série du siècle»de 1972, un épisode très local et anecdotique de la Guerre froide. Pour de nombreux Québécois, le dernier match de cette série, c'est un peu l'assassinat de John F. Kennedy pour le Américains, de nombreux Québécois doivent encore aujourd'hui se souvenir ou ils se trouvaient lors du célèbre but de Paul Henderson, le 27 septembre 1972. 
Comment protéger ce patrimoine intangible des «Vendeurs du temple», le premier geste est probablement de boycotter les initiatives des « Vendeurs du temple»., geste peut-être inutile, mais qu'il faut néanmoins poser? En entretenant le souvenir des glorieuses années du club et de ses porte-couleurs et nous rappelant que Le Rocket  (Maurice Richard et le Grand Bill (Jean Béliveau) les historiens soulignerons que même les surnoms des vedettes de l'époque étaient des surnoms anglophones, preuve de ce Montréal disparu depuis la Révolution tranquille) . J'écris « disparu » peut-être un peu rapidement, en dépit des apparences, les choses ont-elles changées tant que cela, la direction du club demeure anglophone avec Geoff Molson dans le fauteuil de président et chef de la direction du club de hockey Canadien et si la main d'oeuvre francophone a disparu, c'est pour être remplacée par une main d'oeuvre ou les anglophones ne sont pas disparus (les Price, Gallagher et Domi),  russe, suédoise, tchèque ou slovaque.  Le talent québécois qui n'est pas disparu doit trouver à s'exprimer sous d'autres latitudes.

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