Il semble difficile d'échapper à
l'histoire lorsqu'une version unique de celle-ci s'impose. Le
chroniqueur Christian Rioux en donne la preuve (Dreyfus aujourd'hui,
Le Devoir, 22 novembre). il se penche sur le récent film de Roman Polanski,
Dreyfus, pour traiter de l'antisémitisme en France »[...]ce film
aujourd'hui en tête du box-office est, il faut le dire, un film
essentiel. [...]Cela est évidemment dû au sujet qui relate l'un des
procès les plus dramatiques de l'histoire de France
de l'antisémitisme moderne . Celui du capitaine Dreyfus démis de ces
fonctions en 1895et emprisonné à l'Île du Diable pour espionnage. Il
faudra dix ans pour démonter cette machination destinée à conforter
l'antisémitisme qui déchirait alors l'Europe et conduira
aux horreurs que lion sait. (Ayant passé le point Goodwin, il faut
souhaiter que Christian Rioux nous explique dans une prochaine
chronique, le ou les liens entre l'Affaire Dreyfus et « les horreurs que
l'on sait ».)
Tout à la version officielle de
l'affaire, Christian Rioux omet simplement de mentionner que le
capitaine ne gut pas jugé et condamné dans une France antisémite, parce
que Juif. Christian Rioux aurait été plus avisé
d'expliquer que c'est bien plus que de d'espionnage dont il est ici
question. Albert Dreyfus fut inculpé et condamné parce qu'il aurait
livré des secrets militaires aux Allemands (notamment des secrets
relatifs au fameux canon de 75), accusation gravissime
dans le contexte de la Revanche, cette volonté pour la France de
prendre sa revanche sur l'Allemagne qui l'avait vaincu lors de la guerre
franco-prussienne de 1870 et avait profité de sa victoire pour lui
arracher l'Alsace et la Lorraine et les annexer à l'Allemagne
impériale. Il faut rappeler la raison de la condamnation de Dreyfus,
car depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui « l'Affaire » est
régulièrement utilisée pour décrire la France comme une société
antisémite(curieuse société qui aura conduit à la fonction
suprême des hommes comme Léon Blum, Pierre Mendès-France et plus près
de nous, Nicolas Sarkozy, une société dans laquelle une extrême-droite
agirait comme un puissant levain antisémite. Vision fausse qui encore
aujourd'hui conditionne la réflexion de nombreux
journalistes hommes politiques; au point que la filière
d'extrême-droite a fait oublier la progression d'un nouvel
antisémitisme, celui des jeunes musulmans des «banlieues». Antisémitisme
encore nié par plusieurs afin de ne pas stigmatiser ces jeunes des
«banlieues»
et entraîner le risque pour les journalistes et la classe politique
d'être tenus à leur tour pour «racistes», silence complice qui conduit
plus sûrement le Français dans les bras du Rassemblement national que le
meilleur des discours de Marine Le Pen.
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