Serons-nous témoins d’un véritable changement de paradigme au Québec?
le
Québec passera-t-il d’un extrême à l’autre dans le dossier de
l’instruction publique? Je suis de la génération des années 1960. Années
qui furent celles du «tout à l’université. dans le Québec effervescent
de la Révolution tranquille; tous pouvaient aller à l’université, mieux,
tous devaient aller à l’université. Cette conviction nous a valu la
création de l’Université du Québec et la multiplication de ces modules
régionaux. Cette démocratisation un peu anarchique, nous a aussi valu la
création de programmes aussi essentiels que le programme d’animation et
recherche culturelle de l’UQAM et du programme en récréologie
(Université du Québec à Trois-Rivières), Qu’importe que ces programmes
se soient avérés de véritables culs de sac pour ceux qui s’étaient
laissés prendre à ses vessies universitaires.
Le
Québec n’était pas seul à vivre à ce rythme débridé; à Montréal et
Québec, comme à Paris; la jeunesse de l’époque voulait ardemment croire
au slogan «sous les pavés, la plage» cette plage enflamma Paris en mai
1968; plus sages, nos étudiants québécois se contentèrent de quelques
débrayages. Il est vrai aussi que les étudiants québécois de l’époque ne
comptaient pas dans leurs rangs des camarades comme le trotskyste Alain
Krivine ou des agitateurs pédo anarchiste comme Daniel Cohn-Bendit. .
Le
Québec de 2024 est définitivement moins effervescent que celui que je
décris plus haut. il vit à l’heure de la crise du logement et de la
pénurie de main d’œuvre, puissants antidotes aux rêveries
professionnelles. Pas plus qu’une hirondelle ne fait le printemps, un
article de journal ne fait un nouveau paradigme. Un article peut
cependant annoncer une tendance en devenir.
Tendance
qui serait celle de l’éventuelle fin du «tout à l’université». C’est
ainsi que je comprend un article que je lit dans l‘édition d’aujourd’hui
(29 août) du Journal de Montréal. Cet article intitulé «Plus besoin
d’aller à l’université pour faire de l’argent si l’on a un bon métier»
s’intéresse au cheminement d’un jeune entrepreneur de 21 ans qui, pour
reprendre les termes de l’article: «s’enlignait pour être avocat au
secondaire». Ce qui ne veut rien dire, combien d’auditeurs d’Indéfendable voudront devenir avocat avant de se heurter aux exigences des facultés de Droit du Québec?
Jacob
Grisé, le jeune entrepreneur en question, a, 21 ans; «Aujourd’hui, le
jeune homme dirige le Groupe Mirage sur la Rive-Sud de Montréal
(entreprise de construction et d’entretien paysager NDA). […] «Or Jacob
ne serait pas le seul à suivre cette voie si l’on se fie à une nouvelle
étude de l’Institut du Québec (IDQ) publiée aujourd’hui, intitulée Étudier, est-ce encore si payant?» (Plus besoin d’aller à l’université pour faire de l’argent si l’on a un bon métier, Journal de Montréal,
29 août). Cet article semble répondre à un autre article paru deux
jours plus tôt allant dans le même sens: article affirmant :
«Construction: des métiers payants et en demande», Journal de Montréal,
27 août). Devons-nous envisager la fin prochaine du «tout à
l’université» et son remplacement par le «Tout au métiers». Entre ses
deux extrêmes, le Québec peut-il souhaiter un juste milieu et
reconnaître l’utilité d’un bon plombier, mais qu’un sociologue comme
Mathieu Bock-Côté n’est pas pour autant inutile. Passant d’un extrême à
l’autre, allons-nous vers une ère caractérisée par le «tout aux
métiers».
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