À
mon avis, la Coalition avenir Québec (CAQ) n’est pas un parti
politique. La CAQ a tout du catamaran avec ses deux coques; une coque
fédéraliste et une coque nationaliste. C’est en raison de ce caractère
singulier de la CAQ que la démission de Pierre Fitzgibbon mérite de
retenir l’attention bien au-delà; de l’ «ajustement ministériel» qui l’a
suivi! Avec la démission de Pierre Fitzgibbon, démission qui prend tout
son sens lorsque l’on interprète de pair avec les intention du ministre
des Finances Éric Girard. En effet: «On prête à Éric Girard le désir de
se présenter, dans quelques mois, avec les conservateurs de Pierre
Poilievre. ll y serait à sa place. François Legault verrait toutefois
son équipe économique réduite à une peau de chagrin. […] Spéculons un
peu: certaines figures de l’aile fédéraliste de la CAQ seraient-elles
tentées de faire elles aussi le saut à Ottawa, avec les conservateurs,
pour retrouver là-bas un pouvoir qu’elles pourraient bien perdre à
Québec en 2026? Il manque aux conservateurs fédéraux quelques figures
féminines. Est-ce qu’une Geneviève Guilbault pourrait être tentée de les
rejoindre? Elle ne manque ni de talent ni d’ambition, mais son talent
comme son ambition s’exprimeraient mieux dans le cadre canadien que dans
le cadre québécois.» (Mathieu Bock-Côté, Et si Fitzgibbon n’était que
le premier à quitter un navire à la dérive?, Journal de Montréal,
4 septembre) La démission de Pierre Fitzgibbon et le départ annoncé
d’Éric Girard affaiblissent la coque fédéraliste de la CAQ. La
disparition de ces figures de proue fédéralistes annonce-t-elle le
départ de figures fédéralistes moins connues; comme Éric Girard se
trouvera-t-il d’autres députés caquistes pour succomber aux sirènes
conservatrices? Plus grave pour la CAQ les départs de Pierre Fitzgibbon
et Éric Girard annoncent-ils une hémorragie moins spectaculaire, mais
plus grave pour l’existence de la CAQ. Sans ces poids lourds, un certain
nombre de cadres caquistes fédéralistes (présidents d’association,
membres des cabinets ministériels. collecteurs de fonds, etc.) entrés à
la CAQ justement parce qu’elle était une coalition devant permettre de
mettre sous le boisseau la question nationale pendant au moins dix ans,
seront-ils tentés de quitter une CAQ qui serait de moins en moins une
coalition? Est-ce impossible d’envisager un véritable «retour au
bercail» pour ces caquistes fédéralistes; un «retour au bercail» les
ramenant au bercail libéral.
L’ancien
péquiste, François Legault voudra-t-il continuer à présider une CAQ
délestée de sa coque fédéraliste et peut-être séduite par une politique
plus nationaliste surtout devant les succès du Parti québécois(PQ) dans
le sondages? Dans cette perspective, La démission de Pierre Fitzgibbon
est pourrait s’avérer être le premier clou dans le cercueil de la
Coalition avenir Québec.
Autre
conséquence possible et souhaitable de cette éventuelle disparition de
la CAQ, les problèmes du catamaran caquiste libéreront-ils un certain
nombre d’électeurs nationalistes fatigués, électeurs revenant au bercail
péquiste? Pour le plus grand bonheur de Pierre Saint-Paul-Plamondon et
du parti Québécois (PQ).
Nous
sommes à un an des prochaines élections générales. Je crois que nous
assisterons à de «grandes manoeuvres» politiques dignes des meilleures
suspenses, «grandes manoeuvres» qui nous clouerons devant nos petits
écrans.
Les
problèmes de la CAQ ouvrent-ils de nouvelles perspectives pour les
nationalistes identitaires québécois? Le nationalisme identitaire
(finalement, bien soft de la CAQ), refus d’étendre
l’application dela loi 101 aux Cégeps anglophones. L’échec du timide
nationalisme identitaire de la CAQ devrait convaincre le PQ de pratiquer
un nationalisme identitaire plus affirmé en incluant justement les
cégeps anglophones dans le champ d’application de la Charte de la langue
française et en ne reculant pas sur les frais de scolarité des
étudiants canadiens dans les universités québécoises. Devant l’échec de
la CAQ en matière d’immigration, Le PQ doit revenir à ses propositions
de 2022 sur le nombre maximum de travailleurs permanents que le Québec
doit accueillir; c’est à dire 35 000, pas un de plus et faire la sourde
oreille aux appels des diverses Chambres du commerce du Québec.
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