Thursday, June 1, 2023

Politique Fiction

 

D’emblée, je dois convenir que je suis pas un fan de Jasmine Abelfadel, chroniqueuse au Journal deMontréal. Mais, même une montre arrêtée, donne l’heure juste deux fois par jour. C’est pour cette raison qu’il faut lire, la chronique de Mme Abdelfadel, du 23 mai. Elle y écrit:«L’idée de faire du Québec un pays revient graduellement à l’ordre du jour. Pleinement assumée par le PQ de Paul St-Pierre Plamondon, la souveraineté redevient un sujet politique comme incontournable durant les prochaines années.» (la souveraineté est de retour: bonne nouvelle pour Paul Saint-Pierre Plamondon, mauvaise nouvelle pour François Legault, Journal de Montréal, 2 mai)
 

 
 
«Qu’il s’agisse de l’initiative du siècle, cette volonté fédérale d’accroître de manière massive les volumes d’immigration au niveau fédéral, des congrès du PQ et du Bloc, des contestations des lois 21 et 96, de la gestion des frontières, des transferts en santé et des relations entre le Québec et le fédéral[…] l’indépendance du Québec est souvent présentée comme la solution ultime.
Si ce phénomène persiste dans le temps, ce qui est fort à parier, cela risque d’ébranler le paysage politique actuel.
En effet, le clivage souverainisme versus fédéralisme change les paradigmes à partir desquels on analyse la politique et fait , inexorablement, l’affaire de certains plus que d’autres. 
Qui gagnerait à déterrer ce débat de société? tout d’abord, les indépendantistes.
Évidemment, en parler leur permet d’assumer pleinement leur leitmotiv politique sans détour, sans nuance et sans gants blancs ,Plus on en parle, plus ils peuvent affirmer qu’il s’agit d’une option encore possible , envisageable et atteignable.
Les partis souverainistes, particulièrement le Parti québécois, n’auront plus à chercher à faire oublier la raison même de leur existence, mis plutôt à démontrer que c’est la seule option possible pour les indécis. 
 

 
 
Les libéraux pourraient rapidement reprendre du poil de la bête et tirer leur épingle du jeu. Ils pourraient devenir la seule valeur refuge pour ceux qui rejettent cette idée de se séparer. 
Seul parti ouvertement fédéraliste à l’Assemblée nationale , le PLQ pourrait rapidement rassembler et accroître son influence, sans nécessairement avoir à achever sa longue traversée du désert. 
Un cadeau en or pour une formation en décrépitude qui cherche encore à se définir au-delà du fédéralisme, sans trop de succès. 
Lorsqu’une question aussi importante que l’avenir d’un pays s’impose , être assis sur la clôture peut devenir très inconfortable. 
La CAQ risque d’être la première victime de ce débat. cette dernière n’étant ni souverainiste ni ouvertement fédéraliste, la notion de nationalisme risque de  convaincre que peu d’électeurs tout en créant une fissure qui ne peut être colmatée au sein des troupes. Comment peut-on exister dans un débat aussi clivant lorsqu’on a au sein de ses troupes, des souverainistes convaincus aux côtés de fédéralistes assumés? Toute tentative d’avoir une position mènerait vers l »,implosion. La CAQ de François Legault devra tôt ou tard s’aligner.
Québec solidaire se retrouvera dans la même position inconfortable que celle de aCAQ. Officiellement souverainiste, la formation politique est avant tout de gauche, voire d’extrême gauche. Les derniers sondages au sein des électeurs de QS nous apprenaient que la moitié de leurs électeurs seraient nan moins contre l’idée de faire du Québec un pays. Un beau casse-tête vue!»
La réflexion de Mme Abdelfadel est intéressante, mais incomplète. Le «retour» de la souveraineté marque le retour du clivage fédéralisme-indépendance. Un clivage auxquels certains souhaitaient substituer un clivage droite-gauche. Clivage qui n’a pas pris chez le quidam québécois, trop absorbé et habitué au clivage fédéralisme-indépendance, clivage ayant l’avantage de la simplicité  
 
Vers un regain péquiste?

 
 
Le «retour» de la souveraineté annonce aussi des mouvements politiques que Mme Abdelfadel aborde rapidement, des mouvements politiques qui pourraient mener à une reconfiguration du paysage politique québécois. il n’y a pas que Paul St-Pierre Plamondon pour se réjouir de ce «retour», c’est aussi une excellente nouvelle, mieux un cadeau du ciel, pour Marc Tanguay ou celui ou celle qui lui succédera. La menace du retour de la souveraineté dans les débats politiques québécois simplifie les choses pour le Parti libéral du Québec (PLQ). il lui suffira de relancer le terme référendum dans le débat  pour retrouver sans peine son électorat. Pour la CAQ, constituée autour d’une volonté de faire le vide sur la question nationale pendant au moins une décennie et sortir le Québec de la polarisation indépendance-fédéralisme, c’est moins l’implosion qui la guette, comme le croit Mme Abdelfadel. À mon avis , ce qui guette une CAQ, placée au pied du mur et devant choisir, c’est moins l’implosion qu’un effritement lent et pénible. Les militants fédéralistes quitteront le parti sur la pointe des pieds et rejoindront discrètement le PLQ. Les ministres eux feront connaître leur défection et se «magasineront.» d’avantageuses positions au sein du PLQ.  nous retrouveront éventuellement ces ex-caquistes réalistes et ambitieux, ministres libéraux à la première occasion. Les souverainistes de la CAQ, regagneront le Parti Québécois.
Resterons à la CAQ, les autonomistes «mi chair, mi poisson» incapable de se brancher. Rèvant d’être une nouvelle Union nationale. Au terme de tous ces mouvements ou retrouverons-nous François Legault, les paris sont ouverts. 


Autre formation que le retour de la souveraineté mettra à rude épreuve, Québec solidaire aussi devrait faire face
aux affres de l’effritement. Les plus à gauche des solidaires devraient en toute bonne logique constituer un vrai parti de gauche; quelque chose comme Québec insoumis. Les solidaires souverainistes se résoudront-ils à rejoindre le PQ, voudront-ils, même au nom du pays, entrer dans un parti bourgeois et tenu par eux comme étant «de droite».  Le PQ acceptera-t-il de«glisser» un peu à gauche afin d’accueillir ces solidaires souverainistes.Un PQ simplement social-démocrate saura-t-il contenter ces solidaires souverainistes?Le PQ acceptera-t-il de«glisser» un peu plus à gauche afin d’accueillir ces solidaires prétendument souverainistes?
Un nouveau virage à gauche au PQ?
 
Vos hypothèses valent les miennes à ce jeu de politique fiction; nous pouvons, je crois nous accorder sur le fait que les années à venir pourraient s’avérer politiquement parlant passionnantes.

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