D’emblée, je dois convenir que je suis pas un fan de Jasmine Abelfadel, chroniqueuse au Journal deMontréal. Mais,
même une montre arrêtée, donne l’heure juste deux fois par jour. C’est
pour cette raison qu’il faut lire, la chronique de Mme Abdelfadel, du 23
mai. Elle y écrit:«L’idée de faire du Québec un pays revient
graduellement à l’ordre du jour. Pleinement assumée par le PQ de Paul
St-Pierre Plamondon, la souveraineté redevient un sujet politique comme
incontournable durant les prochaines années.» (la souveraineté est de
retour: bonne nouvelle pour Paul Saint-Pierre Plamondon, mauvaise
nouvelle pour François Legault, Journal de Montréal, 2 mai)
«Qu’il
s’agisse de l’initiative du siècle, cette volonté fédérale d’accroître
de manière massive les volumes d’immigration au niveau fédéral, des
congrès du PQ et du Bloc, des contestations des lois 21 et 96, de la
gestion des frontières, des transferts en santé et des relations entre
le Québec et le fédéral[…] l’indépendance du Québec est souvent présentée
comme la solution ultime.
Si ce phénomène persiste dans le temps, ce qui est fort à parier, cela risque d’ébranler le paysage politique actuel.
En
effet, le clivage souverainisme versus fédéralisme change les
paradigmes à partir desquels on analyse la politique et fait ,
inexorablement, l’affaire de certains plus que d’autres.
Qui gagnerait à déterrer ce débat de société? tout d’abord, les indépendantistes.
Évidemment,
en parler leur permet d’assumer pleinement leur leitmotiv politique
sans détour, sans nuance et sans gants blancs ,Plus on en parle, plus
ils peuvent affirmer qu’il s’agit d’une option encore possible ,
envisageable et atteignable.
Les
partis souverainistes, particulièrement le Parti québécois, n’auront
plus à chercher à faire oublier la raison même de leur existence, mis
plutôt à démontrer que c’est la seule option possible pour les indécis.
Les
libéraux pourraient rapidement reprendre du poil de la bête et tirer
leur épingle du jeu. Ils pourraient devenir la seule valeur refuge pour
ceux qui rejettent cette idée de se séparer.
Seul
parti ouvertement fédéraliste à l’Assemblée nationale , le PLQ pourrait
rapidement rassembler et accroître son influence, sans nécessairement
avoir à achever sa longue traversée du désert.
Un cadeau en or pour une formation en décrépitude qui cherche encore à se définir au-delà du fédéralisme, sans trop de succès.
Lorsqu’une
question aussi importante que l’avenir d’un pays s’impose , être assis
sur la clôture peut devenir très inconfortable.
La
CAQ risque d’être la première victime de ce débat. cette dernière
n’étant ni souverainiste ni ouvertement fédéraliste, la notion de
nationalisme risque de convaincre que peu d’électeurs tout en créant
une fissure qui ne peut être colmatée au sein des troupes. Comment
peut-on exister dans un débat aussi clivant lorsqu’on a au sein de ses
troupes, des souverainistes convaincus aux côtés de fédéralistes
assumés? Toute tentative d’avoir une position mènerait vers
l »,implosion. La CAQ de François Legault devra tôt ou tard s’aligner.
Québec
solidaire se retrouvera dans la même position inconfortable que celle
de aCAQ. Officiellement souverainiste, la formation politique est avant
tout de gauche, voire d’extrême gauche. Les derniers sondages au sein
des électeurs de QS nous apprenaient que la moitié de leurs électeurs
seraient nan moins contre l’idée de faire du Québec un pays. Un beau
casse-tête vue!»
La
réflexion de Mme Abdelfadel est intéressante, mais incomplète. Le
«retour» de la souveraineté marque le retour du clivage
fédéralisme-indépendance. Un clivage auxquels certains souhaitaient
substituer un clivage droite-gauche. Clivage qui n’a pas pris chez le
quidam québécois, trop absorbé et habitué au clivage
fédéralisme-indépendance, clivage ayant l’avantage de la simplicité
Le
«retour» de la souveraineté annonce aussi des mouvements politiques que
Mme Abdelfadel aborde rapidement, des mouvements politiques qui
pourraient mener à une reconfiguration du paysage politique québécois.
il n’y a pas que Paul St-Pierre Plamondon pour se réjouir de ce
«retour», c’est aussi une excellente nouvelle, mieux un cadeau du ciel,
pour Marc Tanguay ou celui ou celle qui lui succédera. La menace du
retour de la souveraineté dans les débats politiques québécois simplifie
les choses pour le Parti libéral du Québec (PLQ). il lui suffira de
relancer le terme référendum dans le débat pour retrouver sans peine
son électorat. Pour la CAQ, constituée autour d’une volonté de faire le
vide sur la question nationale pendant au moins une décennie et sortir
le Québec de la polarisation indépendance-fédéralisme, c’est moins
l’implosion qui la guette, comme le croit Mme Abdelfadel. À mon avis ,
ce qui guette une CAQ, placée au pied du mur et devant choisir, c’est
moins l’implosion qu’un effritement lent et pénible. Les militants
fédéralistes quitteront le parti sur la pointe des pieds et rejoindront
discrètement le PLQ. Les ministres eux feront connaître leur défection
et se «magasineront.» d’avantageuses positions au sein du PLQ. nous
retrouveront éventuellement ces ex-caquistes réalistes et ambitieux,
ministres libéraux à la première occasion. Les souverainistes de la CAQ,
regagneront le Parti Québécois.
Resterons
à la CAQ, les autonomistes «mi chair, mi poisson» incapable de se
brancher. Rèvant d’être une nouvelle Union nationale. Au terme de tous
ces mouvements ou retrouverons-nous François Legault, les paris sont
ouverts.
Autre
formation que le retour de la souveraineté mettra à rude épreuve,
Québec solidaire aussi devrait faire face
aux affres de l’effritement. Les plus à gauche des solidaires devraient en toute bonne logique constituer un vrai parti de gauche; quelque chose comme Québec insoumis. Les solidaires souverainistes se résoudront-ils à rejoindre le PQ, voudront-ils, même au nom du pays, entrer dans un parti bourgeois et tenu par eux comme étant «de droite». Le PQ acceptera-t-il de«glisser» un peu à gauche afin d’accueillir ces solidaires souverainistes.Un PQ simplement social-démocrate saura-t-il contenter ces solidaires souverainistes?Le PQ acceptera-t-il de«glisser» un peu plus à gauche afin d’accueillir ces solidaires prétendument souverainistes?
aux affres de l’effritement. Les plus à gauche des solidaires devraient en toute bonne logique constituer un vrai parti de gauche; quelque chose comme Québec insoumis. Les solidaires souverainistes se résoudront-ils à rejoindre le PQ, voudront-ils, même au nom du pays, entrer dans un parti bourgeois et tenu par eux comme étant «de droite». Le PQ acceptera-t-il de«glisser» un peu à gauche afin d’accueillir ces solidaires souverainistes.Un PQ simplement social-démocrate saura-t-il contenter ces solidaires souverainistes?Le PQ acceptera-t-il de«glisser» un peu plus à gauche afin d’accueillir ces solidaires prétendument souverainistes?
Un nouveau virage à gauche au PQ? |
Vos
hypothèses valent les miennes à ce jeu de politique fiction; nous
pouvons, je crois nous accorder sur le fait que les années à venir
pourraient s’avérer politiquement parlant passionnantes.
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